Shoah : émotion ou leçon d'Histoire ?

un léger décalage...

Billet

annefrank.jpgLes derniers propos de notre omniprésident au diner du CRIF nous laissent dubitatifs :

"J'ai demandé au gouvernement, et plus particulièrement au ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, de faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d'un des 11.000 enfants français victimes de la Shoah".

A la limite, pourquoi pas ?

La Shoah a laquelle a participé la France fut une entreprise monstrueuse. Comme le furent d'ailleurs d'autres génocides, avant ou après.

On peut comprendre le choix de ce génocide :

  • la proximité : un génocide commis dans une Europe, berceau de la culture occidentale, qui interroge forcément sur les Hommes, capables du meilleur comme des pires horreurs.
  • les génocidaires élus démocratiquement : gagner une élection ne justifie pas tout, du plus petit excès de pouvoir aux pires horreurs;
  • l'idéologie portée par les nazis qui annonçait bien avant qu'ils soient au pouvoir, ce crime contre l'Humanité;
  • la collaboration de la France : Vichy a plus que tout autre gouvernement participé activement à la Shoah;
  • l'industrie de la mort : l'application des techniques industrielles pour éliminer le plus efficacement les juifs mais aussi les noirs, les tsiganes, les gays et les opposants politiques caractérise et rend unique ce génocide.
  • le négationnisme : prétextant établir ou rétablir une vérité historique, certains pseudos historiens pour des raisons politiques (extrémisme de droite, antisionisme , intégrisme religieux) remettent en cause l'importance ou carrément la véracité de la Shoah...

"Les enfants de CM2 devront connaître le nom et l'existence d'un enfant mort dans la Shoah. Rien n'est plus intime que le nom et le prénom d'une personne. Rien n'est plus émouvant pour un enfant que l'histoire d'un enfant de son âge, qui avait les mêmes jeux, les mêmes joies et les mêmes espérances que lui"

Ne serait-il pas préférable d'évoquer le contexte politique, économique, social et idéologique de cet épisode historique. Par exemple, le traité de Versailles, le krach de 29, la montée du nazisme en Allemagne, l'idéologie antisémite, le régime de Vichy, la Collaboration ? D'étudier également un bouquin comme le Journal d'Anne Frank, L'Espèce Humaine, Si c'est un homme, Les jours de notre mort... ? Et de regarder des documentaires comme Shoah ou Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures ?

Sarkozy nous inquiète en imposant aux instits d'enseigner la Shoah en jouant avec l'émotion... Traiter un moment de l'Histoire en manipulant l'émotion d'autrui n'est pas satisfaisant. Que retiendra un gosse qui aura juste les nom, prénoms et photos d'une petite victime de la Shoah, sachant qu'une émotion en chasse une autre ?

Commentaires

1. Le samedi 16 février 2008, 12:30 par Garcon

bonjour, j'ai trouvé cebbillet fort intéressant :)je me demandais pourquoi cett précision : extremisme de droite, antisionisme , integrisme religieux ... ;) je te souhaite une bonne continnuation !

2. Le samedi 16 février 2008, 18:44 par pas perdus

Merci.

J'essaie d'être précis. Dans ces trois cas, le fait d'être extrémiste de droite ou/et antisioniste radical ou/et intégriste religieux débouche sur le négationnisme.

Pour l'antisionisme, j'aurais dû être plus précis dans ce billet en ajoutant le terme "radical" pour ne pas englober les personnes favorables à l'Etat d'Israel qui ne cautionnent pas sa politique.

3. Le mardi 19 février 2008, 11:07 par Obstinée

Hello,

Je trouve cette idée complètement à côté de la plaque !!

Je ne rien à dire de plus que Simone Veil !

A bientôt