le paradoxe de la dette

un léger décalage...

Billet

Nos pas perdus viennent de lire l'intéressant billet de Liêm Hoang-Ngoc, économiste, maître de conférences à l'université Paris-I intitulé : Trop de rigueur tuera la rigueur dans Le Monde.

Il s'applique à démontrer que la politique de restriction rigueur budgétaire initiée par le gouvernement est une grossière erreur. Compter seulement sur des économies réalisées dans les secteurs sensibles de la fonction publique comme l'éducation et la santé, d'une part ne suffira pas à financer la "flexisécurité" et son revenu de solidarité, d'autre part ralentira d'autant plus l'économie. La rigueur creusera les déficits.

danslemur.jpg Il remet en cause un certain nombre d'idées stéréotypées diffusées par le gouvernement, le medef et les médias complaisants :

La France n'est aucunement en faillite. Comme tout compte de patrimoine, le compte de l'Etat comporte un passif, la dette, mais il inclut également les actifs qu'il détient. La différence, positive, représente 38 % du PIB. Chaque nouveau-né voit en vérité le jour avec un crédit de 11 000 euros.

Il convient aussi de prendre en compte la dette des ménages. La France a tendance à s'en sortir beaucoup mieux que les autres pays riches :

(...) Nos marges de manœuvre sont en particulier plus grandes qu'outre-Atlantique. Il existe une abondante épargne intérieure qui fait cruellement défaut aux Etats-Unis. Dans l'Hexagone, elle deviendrait excédentaire si l'Etat ne la mobilisait pas pour compenser le déficit d'investissements privés qui pénalise la croissance française. Parce que cette épargne est friande d'obligations d'Etat, réputées extrêmement sûres, l'agence France Trésor peut émettre des titres à très bas taux d'intérêt pour financer une relance budgétaire. Il n'y a donc aucun problème pour financer la politique publique

De ce constat budgétaire plutôt positif, Liêm Hoang-Ngoc estime que l'Etat devrait lutter contre la récession économique par des dépenses budgétaires qui auraient un impact direct sur l'économie. Ainsi :

Entre 1999 et 2006, la Grande-Bretagne a ainsi réduit sa dette malgré un accroissement de 5 points de ses dépenses publiques, notamment destiné à créer 560 000 emplois publics, dont 150 000 dans l'éducation et 280 000 dans la santé.

Il en profite également pour réaffirmer l'inutilité de la TEPA sur la croissance. L'argent de la TEPA, utilisé intelligemment, aurait permis de financer des investissements publics d'avenir. Alléger le coût des heures sup en période de récession économique est stupide. Il crée juste un effet d'aubaine mais ne permet ni de relancer l'économie, ni de gagner plus.

Dans le paragraphe qui suit, il dénonce les choix idéologiques du couple Sarkozy-Fillon :

Le plan de rigueur n'est justifié à l'aune d'aucun argument macroéconomique sérieux. Il n'est indispensable que dans la perspective d'un respect dogmatique du pacte de stabilité, dont Romano Prodi disait qu'il est une stupidité. L'application du pacte de stabilité est en effet à l'origine du "paradoxe de la dette" : la dette publique s'est accrue au cours de ces quinze dernières années au cours desquelles les gouvernements ont appliqué des politiques censées réduire le poids de l'interventionnisme public. Contrairement à une idée reçue, la montée inexorable des déficits n'est aucunement due à une explosion des dépenses de l'Etat et de ses dépenses de fonctionnement. La part des dépenses publiques dans le PIB est restée inchangée depuis vingt-cinq ans, autour de 53 % du revenu national.

La dette proviendrait donc de la faiblesse des ressources fiscales (baisses d'impôts successives ; rentrées fiscales moins importantes que prévues à cause d'une croissance économique ralentie par les politiques néo-libérales).

Dans cet article, Liêm Hoang-Ngoc démontre, données irréfutables à l'appui, que les politiques néo-libérales de rigueur budgétaire ont amplifié le ralentissement économique et accéléré l'importance de la dette publique...

Commentaires

1. Le vendredi 11 avril 2008, 18:17 par Rébus

Pinketty tientt à peu près le même raisonnement mais faire admettre ça à des gardiens du temple néo libéral, c'est pâs gagné

2. Le samedi 12 avril 2008, 10:30 par pas perdus

c'est même impossible, le pire c'est qu'ils ont tellement répété leurs idées que les citoyens les croient aveuglément.