puisqu'il faut un coupable au drame d'Allinges...

un léger décalage...

Billet

Aujourd'hui, le 1er ministre participera aux obsèques des collégiens tués dans la collision entre leur bus scolaire et un train régional.

Cette tragédie qui touche des mineurs, leurs parents et leurs proches et bien au-delà, semble être devenue une affaire nationale. La perte d'un être cher est douloureuse. Elle l'est plus encore quand les victimes sont des enfants : un sentiment d'injustice prédomine.

Dans ce contexte si sensible, l'Etat tient à afficher sa solidarité, sa compassion. Faute de mieux...

Hier soir, le chauffeur de bus a été mis en examen pour homicides et blessures involontaires. Il a été incarcéré comme s'il représentait un danger pour la société et l'ordre public, tel un terroriste ou un dangereux criminel.

Les témoignages sont contradictoires pour affirmer si oui ou non, le conducteur a engagé son véhicule sur le passage à niveau avant le clignotement des feux de signalisation. A notre connaissance, aucune preuve matérielle à ce jour n'étaye telle ou telle thèse. Le doute sur la responsabilité du chauffeur est entier.

Régulièrement, un drame se produit sur ces passages à niveau automatisés. Les éliminer coûtent très chers, parait-il, au point que la puissance publique tarde à agir. Autrefois, existaient des garde-barrières (spéciale dédicace à ma grand-mère). Ces emplois contractuels à temps partiel devaient également trop peser sur le budget de l'Etat... même si une présence humaine sécurisait ces passages si dangereux.

Dans un contexte de désengagement général de la puissance publique, de paquet fiscal et de maigres ressources fiscales, l'Etat réduit ses dépenses, même aux dépends de la sécurité de ses habitants. Dans cette tragédie, l'Etat ne joue-t-il pas une comédie machiavélique ? N'y-a-t-il pas de sa part la volonté de masquer ses propres turpitudes à l'opinion publique en désignant un coupable idéal ?

C'est ce que laissent à penser les dernières déclarations de François Fillon. Alors que l'enquête est toujours en cours et que les analyses matérielles ne sont pas terminées , le 1er ministre s'est empressé de déclarer :

Incontestablement, il y a un problème de responsabilité du conducteur.

Le chauffeur de bus représente le coupable idéal pour le gouvernement. L'Etat a ses raisons qui parfois nous dépassent...

PS : ce drame nous rappelle la lecture d'une œuvre de Russel Banks, De beaux lendemains. Un livre passionnant et émouvant sur une tragédie similaire à celle d'Allinges.

Commentaires

1. Le jeudi 5 juin 2008, 11:14 par Didier B

...N'y-a-t-il pas de sa part la volonté de masquer ses propres turpitudes à l'opinion publique en désignant un coupable idéal ?

Ne réponds tu pas à ta propre question? :-)
Mais l'état procède souvent ainsi, pour cacher ou tenter de cacher son inaction passée. Francis Haulmes est un bon exemple de la méthode : pour cacher le fait que rien en France n'est fait pour repérer et traquer les éventuels criminels en série, on lui a attribué des dizaines de crimes dès qu'on l'a eu attrapé, même si aucun élément ne le reliait à ceux ci.

2. Le jeudi 5 juin 2008, 14:43 par pas perdus

Le point d'interrogation signifie que ma réponse est une supposition...

3. Le lundi 9 juin 2008, 13:29 par alf

Ah, mon message de l'autre jour ne s'est pas affiché. En gros, je disais que "l'empathie business" avait de beaux jours devant elle, avedc le gvt Sarko; et cela va de pair avec la recherche de "coupables idéaux" évidemment... ;-/...

4. Le vendredi 20 juin 2008, 19:15 par pas perdus

je suis d'accord avec toi