la décaFrance de Sarkozy

un léger décalage...

Billet

la.chute.jpgEn cette fin juin, nos pas perdus ont l'impression d'assister à un spectacle déjà vu, une litanie déjà entendue, un show politique avec un omniprésident qui occupe le devant de la scène pendant qu'une bande de stakhanovistes néo-libéraux œuvrent dans son ombre...

L'intervention d'hier soir sur France 3 a montré un président de la République qui vit dans sa bulle. A chaque question posée par les journalistes, Sarkozy répondait :

" la réforme, réforme, réforme"...

Vous avez oublié vos clés ? Votre réveil ne fonctionne plus ? Vous n'arrivez plus à payer vos médicaments à cause de la franchise médicale ? Vous avez des difficultés à remplir le réservoir de votre véhicule ?

Appelez donc le président et sa réforme, tout ira bien après !

Chez Sarkozy, la réforme relève de la formule miracle pour résoudre n'importe quelle situation.

Trêve de plaisanterie. La France de Sarkozy a déjà plus d'un an. En ce laps de temps, les choses ont bougé, bien préparées d'ailleurs par le précédent quinquennat où il occupa les ministères de l'intérieur et de l'économie.

La France de Sarkozy va mal :

1. l'insécurité sur les personnes et les biens règne dans certains lieux :

Il a suffi d'une nuit à Vitry-le-François, le mois dernier, pour rappeler cette évidence malgré les discours de la droite, les nouvelles panoplies de cowboy des policiers, et les actions de police médiatisées. D'ailleurs, depuis le printemps, la droite envisage de remettre en place une police de proximité que le ministre de l'Intérieur, en 2002, s'était empressé de supprimer...

La politique du chiffre et des statistiques, les bus bourrés de CRS en mission la nuit dans certaines cités et la répression médiatique permettent de gagner une élection... mais pas de résoudre des problèmes complexes.

2. l'intégration en panne, communautarisme en hausse :

L'absence d'idéal et de dessein communs, l'individualisme et l'atomisation de la société, la persistance de la précarité sociale, l'accroissement des inégalités et de la reproduction sociale, et surtout le travail de sape de Sarkozy contre la laïcité, dans un contexte général d'insécurité, entrainent certaines personnes à se réfugier, faute d'espérance sociale, dans le communautarisme et sa croyance en un au-delà...

Aussi, voyons-nous dans la rue de plus en plus de femmes portant une serpillère le voile, d'hommes avec une crêpe kippa, de personnes exhibant au bout d'un collier un homme à poil sur une croix...

Toutes les croyances religieuses sont des choix d'ordre privé. Leur banalisation dans l'espace public révèle que l'intégration de tous dans une seule communauté est en panne. Sur ce terreau, il n'est pas étonnant de constater le développement de bandes de barbares qui se caractérisent par leur bêtise, leur intolérance et leur intégrisme.

3. l'agonie de la sécurité sociale :

Tous les ans, le fameux trou de la sécu fait la une des médias. C'est vendeur, ça fait peur et surtout c'est extrêmement simple à expliquer... Trop d'ailleurs... ? A coup sûr, le gouvernement présente alors une nouvelle réforme. C'est toujours la dernière, celle qui doit sauver la sécu. En fait, on assiste à une privatisation larvée de la sécurité sociale.

En ce mois de juin, par l'intermédiaire du directeur de l'assurance maladie, le pouvoir teste l'opinion, du style :

Vous ne trouvez pas scandaleux que 60 % des dépenses de l'assurance maladie sont dues à 16 % des assurés sociaux ?

L'opinion publique n'est pas tombée dans le piège, sachant que la santé est un état très précaire et qu'une maladie de longue durée peut frapper n'importe qui, n'importe quand...

Une telle réforme signerait la fin de la solidarité nationale... Chacun serait remboursé et... soigné selon ses revenus... Le secteur privé des assurances rêve de ce nouveau marché.

4. le grand retour de l'ORTF :

La réforme initiée par Sarkozy débouche sur la fin des spots de pub et du financement de la télévision publique mais surtout par une reprise en main du pouvoir politique sur les chaines publiques, avec notamment la nomination du président de France télévision lors du conseil des ministres.

Pâle copie de TF1, l'information proposée actuellement par France télévision ne devrait ni s'améliorer par un éclairage nouveau, des angles de vue différents ou de nouveaux sujets, ni gagner en indépendance par rapport au pouvoir politique.

Cette réforme nous ramène aux temps anciens quand la télévision était un des organes de propagande du pouvoir... Chaque soir, un clone de Sarkozy présentera le 20 heures.

>

Dans ce contexte, il n'est franchement pas étonnant que le moral de nos concitoyen-ne-s soit à son niveau le plus bas depuis 1987. A l'instar de la réforme de la télévision publique, toutes les réformes lancées depuis un an par Sarkozy représentent de formidables régressions.

Il y a quelques mois, Sarkozy mobilisait les médias en reprenant une expression du philosophe Edgar Morin. On ne l'entend plus depuis le printemps qualifier son action de politique de civilisation.

Sans évoquer l'œuvre du ministère de l'immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, ou l'immobilisme du ministère de l'environnement, on peut affirmer que sa présidence est synonyme de recul de civilisation.

C'est la décadence dance France...

Commentaires

1. Le mardi 1 juillet 2008, 21:04 par Rébus

La réforme comme mantra, mieux que l'imposition des mains et autres, bien vu

2. Le mardi 1 juillet 2008, 22:40 par pas perdus

Oui, on va demander à Gérard Majax s'il y a un truc !

3. Le mercredi 2 juillet 2008, 12:09 par Lpv

Salut Stef,
A la place de parler de "politique de civilisation", Naboléon serait mieux inspiré en se civilisant lui-même... a+Lpv

4. Le mercredi 2 juillet 2008, 12:09 par Lpv

Salut Stef,
A la place de parler de "politique de civilisation", Naboléon serait mieux inspiré en se civilisant lui-même... a+Lpv