ce qui se cache derrière les maisons à 15 euros...

un léger décalage...

Billet

Juste avant la trêve des confiseurs, notre sémillante ministre de la communication au logement va remettre les clés aux propriétaires de maisons à 15 euros par jour à Ambérieu-en-Bugey.

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L'objectif du dispositif des maisons à 15 euros par jours est de permettre à 5000 ménages par an, aux revenus compris entre 1500 et 2000 euros par mois, de devenir propriétaires. Dans un entretien, la ministre espère étendre ce dispositif aux appartements pour passer de 5000 à 30 000 logements construits par an.

Cette communication gouvernementale se télescope avec l'application de la loi DALO et le problème récurrent des SDF.

Ce télescopage n'est pas innocent.

Il insinue que le problème du logement en France réside essentiellement dans la difficulté à devenir propriétaire.

  • D'où ce dispositif des maisons à 15 euros par jour.
  • D'où cette volonté de vendre le parc HLM.
  • D'où la tentation de vider la loi SRU de sa substance, pour éviter de pénaliser les villes qui ne respectent pas aujourd'hui le quota de 20 %, en y incluant les logements en « accession sociale à la propriété.

Christine Boutin applique scrupuleusement le programme du candidat Nicolas Sarkozy dont l'une des promesses est de faire une France à 70 % de propriétaires.

La droite laisse entendre qu'un pays de propriétaires est un pays qui a, au moins, résolu ses problèmes en matière de logements.

L'exemple espagnol prouve qu'une telle affirmation est erronée.

L'accession à un logement est culturellement synonyme de l'accession à la propriété : l'Espagne compte plus de 84 % de propriétaires.

Depuis des années, le taux de logements vides en Espagne est l'un des plus élevé en Europe, la jeunesse et les classes populaires ont d'énormes difficultés à se loger. De plus, le poids de l'endettement immobilier représente plus de 70 % du PIB.

L'article du Figaro, organe de presse peu suspect de sympathies bolchéviques, est à ce titre révélateur :

« Un foyer sur quatre en Espagne doit rembourser un prêt immobilier, dont certains courent sur quarante ans, même si la moyenne est de vingt-huit ans. Or 98 % de ces prêts ont été contractés à taux variable, ce qui est très préoccupant. »

Cela ne vous rappelle pas un autre pays ?

On lit plus loin :

"En deux ans, les mensualités des familles endettées ont augmenté de 23 % en moyenne. Résultat, 80 000 ménages espagnols seraient dans l'incapacité d'honorer leur dette."

Ajoutons que cet article a été publié en septembre dernier, bien avant que les premiers soubresauts du krach se répandent dans l'économie...

L'exemple de l'Espagne rappelle que la politique qui favorise l'accession à la propriété ne résout pas les problèmes de logement. Elle a même tendance à en créer d'autres.

Ici, on peut affirmer que Nicolas Sarkozy et son équipe n'ont tiré aucun enseignement de l'actuelle crise économique mondiale.

Une des causes de cette crise est justement due à cette politique néo-libérale, qui au lieu de construire des logements HLM, incitait les gens à devenir propriétaires, coûte que coûte, même s'ils n'en avaient pas les moyens.

On connait la suite...

Aujourd'hui, sous-couvert de réalisme et de pragmatisme, avec les maisons à 15 euros par jours, Christine Boutin se transforme en VRP d'une idéologie néo-libérale qui a conduit l'économie mondiale dans le mur...

Ceci est particulièrement inquiétant, car dans les autres secteurs d'activité, les réformes néo-libérales appartiennent toujours au présent...

Commentaires

1. Le lundi 22 décembre 2008, 17:46 par Rébus

Ils ne cherchent pas à tirer la moindre leçon des exemples espagnols où autres pour une raison simple, ce gouvernement est dans l'idéologie totale. Ça ne marche pas, pas grave, on continue

2. Le mardi 23 décembre 2008, 19:24 par pas perdus

Ils foncent dans le mur...