Mon témoignage devant le monde (Jan Karski)

un léger décalage...

Billet

A l'issue de la victoire éclair de l'armée allemande, Jan Karski comme bien des soldats polonais errent dans le pays avant d'être emprisonné par l'armée soviétique. Après un échange de prisonniers entre puissances occupantes, il intègre l'armée de résistance de la Pologne qui fut le seul pays occupé dont l'État n'a pas collaboré avec l'Allemagne nazie.

«J'ai lu que les Médicis et les Borgia employaient ces expédients, mais je ne pensais voir cela à Varsovie. (...) Cela prouve seulement que les hommes ne changent pas. Des besoins semblables suscitent des moyens semblables. Il y a toujours le gibier et les chasseurs - ceux qui haïssent l'Humanité et veulent gouverner le monde.»

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Karski narre les épreuves endurées dans la clandestinité, l'organisation des réseaux, le travail de propagande, les journaux clandestins, la permanence de l'État polonais, la résistance passive du peuple polonais, les représailles nazies, son arrestation par la Gestapo, sa tentative de suicide et son évasion :

«Les gens qui n'ont pas vécu sous la domination nazie ne seront jamais capables de mesurer la force de cette haine et auront du mal à comprendre comment toutes les lois morales, toutes les conventions, tous les instincts refoulés disparaissaient simplement. Il ne nous restait plus que le désespoir de l'animal pris au piège.»

Missionné par la résistance pour remettre un rapport sur la situation en Pologne au gouvernement polonais en exil, et pour témoigner des atrocités commises par les nazis, Karski écrit sans doute les plus passionnantes pages en narrant minutieusement ce qu'il a vu et entendu dans le ghetto de Varsovie. Car, il est lui-même entré dans le ghetto pour rencontrer les responsables des mouvements sionistes et du Bund, unis dans la tragédie, et pour transmettre leurs messages au monde libre. Il se rendra également à l'intérieur d'un camp nazi.

«Pour nous, Polonais, c'était la guerre et l'occupation. Pour eux, Juifs polonais, c'était la fin du monde. Il n'y avait pas d'évasion possible, ni pour eux ni pour leurs compagnons. Et cela n'était qu'un côté de la tragédie, qu'une des causes de leur désespoir et de leur agonie. Ils n'avaient pas peur de la mort en soit et l'acceptaient comme quelque chose de presque inévitable, mais s'y ajoutait l'amère certitude que, dans cette guerre ils ne pouvaient espérer à aucune victoire, aucune des satisfactions qui, parfois, adoucissent la perspective de la mort.»

Ce récit est un document exceptionnel. Passionnant.

Commentaires

1. Le vendredi 13 mai 2011, 13:32 par Annie

d'autant que les Polonais ont acquis et gardé une piètre opinion du fait de leur antisémitisme viscérale

2. Le vendredi 13 mai 2011, 17:36 par des pas perdus

Je pense qu'ils ne sont pas plus antisémites que les autres peuples...

3. Le vendredi 13 mai 2011, 17:37 par des pas perdus

Je pense qu'ils ne sont pas plus antisémites que les autres peuples...