Allah n'est pas obligé (Ahmadou Kourouma)

un léger décalage...

Billet

Le narrateur, Birahima, est un enfant pauvre de côte d'Ivoire qui a la mort de sa mère part à la recherche de sa tante. En compagnie d'un oncle, sorcier faiseur de miracles et surtout multiplicateur de billets, il va en Sierra Léone et au Liberia où sévit ce qu'il appelle la guerre tribale, des pays dévastés par des bandes rivales manipulées par les pays voisins et les anciennes puissances coloniales, qui rackettent les populations et pillent les richesses naturelles, et accessoirement cherchent à prendre le pouvoir...

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Pour survivre, l'enfant deviendra guerrier et son oncle, marabout des maîtres de guerre qu'ils croiseront...

Et quand on n'a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu'on est petit, un petit mignon dans un pays foutu et barbare où tout le monde s'égorge, que fait-on ?

Bien-sûr on devient un enfant-soldat, un small-soldier, un child-soldier pour manger et pour égorger aussi à son tour.

Allah n'est pas obligé témoigne du règne de l'injustice, de l'ignorance, du racisme, des superstitions, de la misère, de la famine, de la barbarie et de la loi du plus fort. Autant d'éléments qui sont symbolisés par ces enfants-soldats, à la fois victimes et bourreaux...

Ce grand roman d'Ahmadou Kourouma brosse un tableau très sombre de l'Afrique des années 90 qui complète la lecture de Ébène, aventures africaines de Ryszard Kapuscinski.

Une lecture passionnante dont on ne ressort pas indemne tant les faits décrits, sans jugement ni hiérarchie ni pathos, sont particulièrement révoltants.

Commentaires

1. Le mardi 26 juillet 2011, 14:54 par Romain / Variae

On va lire ça alors :-)

2. Le mardi 26 juillet 2011, 15:42 par bembelly

Je vais le relire...
Merci.

3. Le mardi 26 juillet 2011, 19:34 par des pas perdus

Romain, le style peut surprendre, mais c'est un roman qui dévoile de l'intérieur et sans concession une réalité africaine...

bembelly : et moi, je vais emprunter un autre roman de cet auteur..

4. Le mardi 26 juillet 2011, 21:13 par Marco

Je vais me laisser tenter...

5. Le mercredi 27 juillet 2011, 10:43 par Chouyo

Cela fait partie de ces rares livres où l'horreur dépeinte rend impossible la posture simple et facile que l'on a parfois face à de tels romans ou de telles histoires, dire "oh comme c'est horrible"... Le mot est tranchant, il perce, il agrippe et oblige à se confronter à ce que le lecteur comprend être la réalité. Faite comme tu le dis de choses révoltantes, sans qu'on ne sache plus très bien au final ce qui l'est le plus et ce qui l'est le moins. Le réel donc.
L'effet que ce roman m'a fait, c'est celui des récits de déportation de certains auteurs. L'impossibilité absolue de se retrancher derrière quoi que ce soit, derrière une fausse compassion ou derrière le voyeurisme. Comme si le lecteur, en acceptant de lire, d'aller jusqu'au bout, se devait de devenir acteur, de s'impliquer, de prendre une décision.
A relire encore et encore.

6. Le mercredi 27 juillet 2011, 10:45 par Chouyo

"En attendant le vote des bêtes sauvages" pourrait être le suivant ? Je l'ai mais ne l'ai pas encore lu. Le premier qui l'a lu, HIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!
Nan, je rigole.
Mais il fallait bien que je fasse ma blogueuse mode ;)

7. Le mercredi 27 juillet 2011, 14:18 par des pas perdus

Marco : c'est un livre qui vaut vraiment le coup.

Chouyo : hu hu zut alors une modeuse qui lit, ça existe ? Les faits décrits sont terribles. On ne devient pas acteur mais forcément à un moment ou à un autre, on s'identifie au narrateur.

8. Le mercredi 27 juillet 2011, 14:25 par albin

Vais le lire aussi dès que possible.

9. Le mercredi 27 juillet 2011, 18:25 par des pas perdus

Albin, le style peut dérouter au début.

10. Le mercredi 27 juillet 2011, 21:54 par Marco

Je suis rodé, je sors des "bienveillantes"...

11. Le jeudi 28 juillet 2011, 08:09 par des pas perdus

tu es comme moi, tu aimes lire les nouveautés...