l'ouverture est inconcevable

un léger décalage...

Billet

A l'issue d'un fort intéressant billet dont nous partageons l'analyse, Romain de variae demande à quelques blogueurs zinfluents ou pas notre opinion sur l'ouverture.

A titre liminaire, nous apporterons quelques compléments à son analyse.

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Hors circonstances urgentes, celles-là mêmes définies par l'actuelle Constitution en son fameux article 16, un gouvernement d'union nationale n'a aucune légitimité ni justification.

C'est exclusivement dans ce cadre - mettant exceptionnellement entre parenthèses le débat politique et le fonctionnement normal des institutions - pour chasser un danger commun, par exemple des hordes fascistes et esclavagistes, que nous concevons l'ouverture.

Par conséquent, en dehors dudit cadre, l'ouverture n'est que débauchage politicien, tentative hégémonique d'un parti et finalement la négation même du débat politique, et du clivage gauche - droite, donc de la démocratie, qu'elle soit pratiquée par Sarkozy ou Mitterrand, ou rêvée par Chevênement, Bayrou, Valls, Royal ou De Villepin.

L'ouverture peut également révéler des proximités idéologiques. Que des Besson, Amara, Jouyet, Kouchner et Bockel, issus de la social-démocratie, n'aient pas hésité à franchir le rubicond, démontre que les idées qu'ils défendaient et incarnaient au PS n'étaient fondamentalement pas différentes des idées portées par l'UMP sur la majeure partie des sujets, en particulier l'Union européenne et l'économie...

Sinon, la politique, c'est faire des choix politiques : les assumer, les expliquer, les faire partager et les traduire dans la réalité.

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Cette lapalissade rappelle que la question de la compétence - cette fameuse idée fumeuse d'un gouvernement rassemblant les plus compétents de gauche, de droite et du centre - est un leurre.

Jamais, nous n'avons contesté les compétences de Nadine Morano, de Eric Woerth, de Patrick Balkani, de Charles Pasqua, de François Fillon, de Christian Estrosi, de Rachida Dati, de NKM, de Jean-Louis Borloo, de Alain Juppé, de Jean Tibéri, des fils à papa Debré, de Jean et Nicolas Sarkozy, de Jacques Delors et sa fille, de François Bayrou, de Marielle de Sarnez, de jacques Chirac, de François Hollande, de Manuel Valls, de la fille à papa Le Pen, de Michel Rocard, de Valérie Pécresse, d'un Eric Raoult, de Julien Dray, de Gérard Filoche, de Jean-Paul Huchon, de Laurent Fabius, de Edith Cresson, de Jean-Christophe Cambadelis, de Roselyne Bachelot, de Jean-Pierre Raffarin, de Christine Lagarde, de Marie-Georges Buffet, de Dominique Voynet, de Daniel Cohn Bendit, de Jacques Généreux, de DSK, de Ségolène Royal, de Cécile Duflot, de Jean-Luc Mélenchon, de Vincent Peillon, de Jean-Michel Baylet, de Olivier Besancenot, de Arlette Laguillier, de Benoît Hamon, etc.

Toutes les formations politiques ont des militants et des responsables compétents. Toutes défendent des projets de société opposés, voire incompatibles, selon qu'elles soient de gauche ou de droite, avec un "nuancier" suivant les thèmes.

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Nier ces différences en espérant - comme Valls ou Royal - incarner l'union de la gauche jusqu'à De Villepin est la négation même du débat politique. C'est même une forme d'irrespect pour ceux qui défendent des idées différentes.

Aussi, par quels truchements peuvent-ils oublier les décisions et les parcours des uns et des autres ? Le CPE, le CNE, les privatisations des autoroutes, la gestion des émeutes, la fin des DDE, et en fin de compte leurs différences politiques?

De plus, comment pourrait-on faire alliance avec des forces politiques qui voteront la fameuse règle d'or du sarkozisme ? Une disposition qui grave dans le marbre l'un des dogmes du néo-libéralisme et de l'Union européenne ? Une règle qui limitera la démocratie ? Qui exclura la question budgétaire du débat ? Qui favorisera les desseins de l'oligarchie ?

Enfin, l'ouverture reviendrait à trahir sa propre histoire, et à oublier les insurgés de juin 48, les communards, Jaurès, la lutte des classes, cette volonté de transformer la société, de construire un monde meilleur ?

Aussi, en dehors des circonstances précitées, l'ouverture à des forces politiques de droite ne se conçoit même pas pour un citoyen proche du Front de gauche.

Commentaires

1. Le vendredi 12 août 2011, 12:14 par Annie

évidemment, que dire d'autre ?

2. Le vendredi 12 août 2011, 12:23 par des pas perdus

A toi de voir...

3. Le samedi 13 août 2011, 08:22 par blebas7

Malheureusement, quand on quémande quelques places de sénateurs éligibles, comme en ce moment, on a une dette/PS, qui se traduira par un ralliement forcé.........voilà pourquoi, quoique très proche idéologiquement du FdG, j'exprime également ma défiance stratégiquement!!

4. Le samedi 13 août 2011, 11:15 par des pas perdus

les discussions se déroulent entre le PCF et les autres foces du FDG...

5. Le dimanche 14 août 2011, 22:44 par FrédéricLN

Tout à fait d'accord avec "la politique, c'est faire des choix politiques : les assumer, les expliquer, les faire partager et les traduire dans la réalité."

Pas du tout d'accord avec la conclusion. D'ailleurs, l'ouverture reviendrait-elle aussi à trahir la Terreur, Lénine et Staline, l'empêchement de toute majorité de gauche par le PCF sous la IVème à partir de 1946, les organisateurs du Goulag, les polpotistes et les défenseurs de l'invasion de l'Afghanistan ? Tous ceux-là, à n'en pas douter, étaient de fervents opposants de l'ouverture.

Oui je sais, vous en auriez autant à mettre au compte de la droite (et moi aussi). Mais regarder l'Histoire de façon borgne ou tronquée, c'est … se condamner à une fermeture durable.

Que l'ouverture pour l'ouverture soit une petite entourloupe à petit effet politicien, d'accord.

Mais que les frontières des partis et des blocs tels que nous les percevons à un instant donné, héritées d'une histoire aussi glorieuse que criminelle, soient éternelles et soient éternellement les bonnes pour résoudre les défis actuels … et futurs, j'espère bien que non.

Les deux majorités de droite et de gauche au pouvoir depuis 1981 ont plongé la France dans la faillite, en organisant le pillage des ressources publiques au profit de divers intérêts. Aujourd'hui la politique de la France se fait à la corbeille. Je n'ai confiance dans aucun des camps responsables de cette situation, pour apporter des solutions. Mais j'espère que certains de leurs militants et responsables feront preuve d'assez d'ouverture pour imaginer autre chose que de répéter leurs échecs passés !

6. Le lundi 15 août 2011, 10:20 par des pas perdus

N'ayant jamais appartenu ni même été un sympathisant du PCF, mais plutôt un opposant avant la disparition du bloc soviétique, je n'ai aucun problème pour revenir sur l'Histoire du PCF.

Si en interne le PCF a été stalinien, excluant nombre de militants sincères, il n'en demeure pas moins que ce dernier a plus que participé à la Résistance et à la Libération de la France, participant même à un gouvernement d'union nationale avec De Gaulle notamment... C'est ce qui le distingue de l’extrême droite. Les deux ont défendu des régimes totalitaires, mais le PCF a défendu nos libertés en France, ce qui n'est pas le cas de l’extrême droite. Donc, méfiez-vous des raccourcis qui fleurent bon la droite extrême.

Oui, en certaines circonstances, l'idéal démocratique peut abolir certaines frontières...

Lesdites frontières peuvent évoluer, bien évidemment. Renvoyer dos à dos droite et gauche en niant ce clivage qui est à la base du débat démocratique comme le fait le MoDem et Bayrou me semble très hypocrite...

Le MoDem s'est exclu de la droite, ne participant pas à un gouvernement depuis 2007, il n'empêche que son programme économique est d'essence néo-libérale. Ce ne sont pas les idées et le programme qui sont à la base du positionnement du MoDem, mais tout simplement la mégalomanie d'un homme politique de droite, François Bayrou, qui fut d'ailleurs de nombreuses fois ministre d'un gouvernement de droite...

Le discours sur la faillite du pays me fait bien rire : la France n'a jamais été aussi riche, ce sont vos amis politiques qui l'appauvrissent.

Ne vous attachez pas systématiquement aux étiquettes ou aux positionnements de circonstance, mais étudiez les programmes. Seul le Front de gauche, parmi les forces républicaines, en propose un en rupture avec le capitalisme, la mondialisation ou le productivisme... ce qui n'est pas le cas de vos amis du MoDem dont les députés européens votent systématiquement avec la droite européenne.

Comme le PS, vous avez en France un discours d'opposant, mais dans les instances européennes vous cogouvernez...

7. Le lundi 15 août 2011, 22:57 par FrédéricLN

Merci pour votre réponse détaillée ! Je me doutais bien que je ne trouverais pas ici des Orangistes fanatisés ;-)

Que vous préfériez l'histoire de la gauche à celle de la droite (et d'autres l'inverse), je le comprends parfaitement, d'autant mieux que j'ai ma propre préférence - l'histoire du centre démocrate et de l'écologie. Mon point était simplement de remarquer que dans tous les camps, les plus opposés à l'ouverture se comptent parmi les plus grands criminels (ou l'inverse). La recherche de la "pureté" en politique, la logique de l'exclusion, sont dangereuses.

D'accord avec vous sur "la faillite du pays" : les Français n'ont jamais été aussi riches (en comptabilité nationale), et l'Etat n'a jamais été aussi pauvre. C'est un pur scandale, fruit de 30 ans d'irresponsabilité, à mon humble avis (car avant, ce n'a pas été constamment le cas : pendant le bref passage au pouvoir d'un Premier Ministre de notre courant, la situation était inverse, la France faisait face avec succès à deux crises pétrolières,… ; de même les gouvernements de 1958 ont-ils remarquablement redressé la situation du pays pour le plus grand profit de tous les Français. Sans parler des remarquables gouvernements des années suivant la Libération).

Il ne s'agit pas, de notre part, de prétendre que gauche et droite seraient identiques ! La gauche a surtout coulé les finances en multipliant les dépenses sans recettes (premières années Mitterrand, 35 heures financées par de la dette…), même si la droite y a contribué (récente modernisation de la force atomique…) ; la droite a surtout coulé les finances en multipliant les réductions de recettes, même si la gauche y a contribué (Laurent Fabius à la fin du gouvernement Jospin…). Ce sont deux orientations bien différentes.

Le MoDem, ou avant lui l'UDF (ou Cap21, cofondateur du MoDem avant de le quitter), ne participe plus à des gouvernements depuis 1997. J'y ai adhéré en 2002.

Sur les votes des députés MoDem à Strasbourg, je ne peux que vous inviter à vous renseigner. Nous nous opposons à l'alliance de facto PSE-PPE, gauche-droite, qui se partage la Présidence et cogère le Parlement européen.

Enfin, je suis tout à fait d'accord pour dire que notre programme diffère de celui du Front de Gauche, même si je trouve celui-ci intéressant. Par exemple nous proposions la taxe Tobin en 2001, bien avant la création du Front de Gauche ou du Parti de Gauche. Et nous persévérons, au Parlement européen (où notre proposition avait été bloquée en 2005 par le vote contraire de la droite, du Labour britannique, de la LCR française et de LO) comme en France !

8. Le mardi 16 août 2011, 08:39 par des pas perdus

Il me semble qu'en 2002, de Robien était membre de votre formation, non ? Le vote pour le grand marché transatlantique ?

La gauche dépensière et mauvaise gestionnaire est un mythe comme d'ailleurs celui du Front populaire responsable de la défaite de 40. Un simple examen des données statistiques démontre le contraire.

Je vous encourage à lire la fameuse résolution dont vous parlez. Il y en a eu d'autres depuis d'ailleurs proposant cette taxe. Les résolutions du parlement européen sont une vraie honte pour la démocratie. Elles n'ont aucune cohérence politique. Elles ressemblent à des inventaires où on trouve tout et son contraire. Vous voteriez une résolution qui légalise la prostitution infantile au motif qu'elle instaure la taxe tobin ? Je présume que non.

9. Le mardi 16 août 2011, 13:48 par etoile

le cadre des résolutions est et revient à l' ONU, la transgression dans la rhétorique héritière du capitalisme moderne de la présidence actuelle, met en scène un évoupantail, alors que l'infrastructure des institutions inernationales sont pérennes Il conviendrait de s'interroger sur les flux de transport internationaux qui captent le réel-échangé. La spéculation, non sans le jeu (achat/vente d'actions), s'auto régule dans les volumes à échanger, mais il n'y a pas de compétitivité, sur les marchés mondiaux (dramatique)... tout semble cadenacé, sauf quelques miettes boursières, non???- La famine doit disparaitre en 2015, c'est un challenge, aussi fort, que the climat changing, La Chine et l'Inde doivent entrer en scène ainsi que la Russie, sur le marché des cours pour faire repartir la dynamique macro éco

10. Le mardi 16 août 2011, 16:03 par FrédéricLN

Bonjour, merci pour cette réponse et pour votre appel à examiner les données statistiques : j'en ai pris le temps ici http://demsf.free.fr/index.php?post...

Pour le reste : le débat sur Robien est un peu usé. Il était au gouvernement à titre personnel (le parti UDF n'était nullement associé au gouvernement), il a créé son propre parti, il a demandé un vote des militants UDF dans lequel il n'a même pas osé proposer de motion (la ligne Bayrou a été approuvée à 92% si mon souvenir est bon), et François Bayrou a voté la censure du gouvernement Villepin dans lequel siégeait M. de Robien. Après, on peut écrire et dire ce qu'on veut ; des ralliements individuels, il y en a eu dans tous les gouvernements.

Et, au passage, j'approuve totalement ce qu'a fait Gilles de Robien comme ministre de l'Equipement. Des dizaines de milliers de vies sauvées sur les routes, la priorité donnée aux transports en commun, la privatisation des autoroutes empêchée (hélas pas durablement), des dizaines de milliards économisés pour les finances publiques grâce à la sécurité routière. De même que j'approuve ce qu'a fait Martin Hirsch dans le gouvernement Fillon. Mais participer à un gouvernement vous fait toujours attribuer une co-responsabilité dans l'ensemble de la politique gouvernementale (le dilemme rencontré plusieurs fois par J.-P. Chevènement).

Sur la taxe Tobin au Parlement européen, je me suis peut-être mélangé dans les dates : Alain Lipietz raconte cet épisode en 2000 : http://lipietz.net/spip.php?article... ; la résolution est ici http://lipietz.net/spip.php?article... et vous verrez que la prostitution infantile n'y figure pas du tout. Vous verrez aussi que les groupes ELDR (prédécesseur celui où siègent aujourd'hui les députés MoDem) et GUE (qui correspond, je présume, au Front de gauche actuel) ont co-présenté le texte avec les groupes PSE et Verts. Parfois il faut travailler ensemble pour avancer, mais parfois ça échoue sur des coalitions de cyniques, d'inconscients ou d'irresponsables (en l'occurrence, un peu des trois).

11. Le mercredi 17 août 2011, 08:17 par des pas perdus

FrédéricLN : Je ne suis pas manichéen, Robien a sans fait du bon boulot quant à la prévention routière. Néanmoins, la loi Robien pour le logement était un vrai scandale qui a contribué à dilapider l'argent public au lieu de construire du logement social de qualité.

Je ne pensais pas à cette résolution, d'ailleurs soutenue par la gauche européenne du groupe GUE, mais à celle-ci (http://www.despasperdus.com/index.p...)

Sinon, je n'ai jamais été partisan de la réduction des impôts directs ou des privatisations. Je ne reproche pas à Mitterrand les grands travaux qui furent de vrais investissements, mais au fait qu'il n'avait pas les réponses, peut-être le recul, pour affronter l'idéologie néo-libérale.

Peu importe la paternité de la taxe Tobin, popularisée en France par Attac... Même Sarkozy semble la soutenir... Il y a aussi d'autres mesures à prendre comme le revenu maximal.

Etoile : vous croyez donc aux marchés...

12. Le mercredi 17 août 2011, 11:49 par FrédéricLN

OK sur tout ça ;-)

Sans enfoncer complètement la loi Robien, dont l'intention n'était pas mauvaise — l'investissement privé dans le logement est une bonne chose aussi. Mais le gouvernement, et l'administration Robien en particulier, auraient dû se rendre compte beaucoup plus vite que "le Robien" suscitait une bulle de construction là où on n'en avait pas besoin, en faisant s'envoler au passage les coûts de la construction, aux dépens des autres chantiers, et du logement social en particulier.

Et pour la résolution en 225 points, je n'en avais jamais entendu parler ; il est certain qu'à un volume pareil, c'est sans doute un programme politique complet, qui pourra difficilement faire l'unanimité !

Sur le revenu maximal, le principe est sensé, la mise en oeuvre plus difficile (car la limite entre revenu et capital est difficile à tracer, à ces niveaux stratosphériques). C'est pourquoi je serais plutôt favorable à une hausse de l'impôt sur les hauts revenus et les grands patrimoines, ce qui suppose une lutte surmultipliée, à l'échelle nationale et européenne, contre la fraude et l'évasion fiscale.

Enfin, je suis prêt à laisser à M. Tobin la paternité de son idée ;-)))

13. Le mercredi 17 août 2011, 13:58 par des pas perdus

Le dispositif d'aide à la construction de logements locatifs est beaucoup plus couteux parait-il..

Je suis pour l'impôt direct sur le revenu et le revenu maximal, le dernier liant le premier salaire au dernier dans chaque entreprise... évitant ainsi des disproportions qui n'ont aucune raison d'être.