l'impossibilité de la croissance

un léger décalage...

Billet

Les dirigeants des grandes puissances, à commencer par ceux de l'Union européenne ont découvert la solution miracle à tous les problèmes : la croissance.

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Indubitablement, le mérite en revient à François Hollande, notre grand président socialiste de la République qui a déjà réussi son mandat!

L'axiome est le suivant (et répétez-le 50 fois après moi) : la croissance permet à la fois de résorber les dettes publiques et le chômage dans un contexte d'austérité.

Au-delà de cet enfumage, gardons à l'esprit que depuis une vingtaine d'années, l'application stricte des dogmes de l'idéologie néolibérale permet à l'oligarchie de s'approprier l'essentiel des richesses produites au détriment des populations, qui elles voient leur niveau de vie baisser.

Depuis la crise des subprimes, la régression sociale et la marchandisation de tous les secteurs d'activité se sont accélérées en Europe. La sacrosainte main invisible - qui devait être infaillible, selon les libéraux - produit des catastrophes sociale, économique et écologique.

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Appliquant la stratégie du choc, les dirigeants de l'UE arrivent au bout de la logique néolibérale, notamment en Grèce dont Alexis Tsipras, le leader de Syriza, estime qu'elle sert de laboratoire néolibéral. La régression sociale sans précédent et la vente à la découpe du pays ont détruit l'économie grecque. En Espagne, l'économie serait déjà en récession... Au Portugal aussi !

L'avancée électorale de Syriza est une réelle menace pour l'oligarchie. Pour la première fois sur le continent européen, une force politique majeure, à gauche de la social-démocratie, résolument opposée à l'idéologie néolibérale, est en mesure de prendre le pouvoir. Cela pourrait donner des idées aux autres peuples européens malgré le matraquage des médias dominants.

Aussi, il n'est pas fortuit que les déclarations finales du G8 et du "diner" européen aient évoqué longuement le maintien de la Grèce dans la zone euro [1] et la croissance. L'évocation d'une hypothétique croissance permet aux dirigeants de l'UE de faire diversion pour masquer leur impuissance, leur foi aveugle dans le capitalisme et leur orthodoxie néolibérale.

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Dans l'hypothèse où l'UE lancerait un plan Marshall - en injectant quelques millions ou milliards d'euros dans l'économie pour sauver la zone euro, enrayer la récession et, redonner de faux espoirs pour détourner les citoyen-ne-s des partis de la gauche européenne, - quelle serait la nature de cette croissance ?

Dans le cadre de l'économie néolibérale, il ne pourrait s'agir que d'une croissance non contrôlée économiquement, mal répartie socialement et aberrante écologiquement qui produirait davantage de biens et n'importe quels types de biens. L'hyperproduction créera probablement de l'emploi, mais où, au profit de qui, et pour quelle utilité sociale ?

A supposer que dans un 1er temps, la croissance de l'économie néolibérale atteigne ses objectifs, elle ne sera pas viable à long terme : "le produire toujours plus" dans un monde aux ressources naturelles limitées relève, ni plus ni moins, de la fuite en avant pour sauver TINA et les privilèges de quelques uns au détriment de tous ! C'est un suicide collectif !

dessin_decroissance.JPG (source La Décroissance)

En évoquant (invoquant ?) la croissance, comme les anciens imploraient les dieux, les dirigeants de l'UE s'interdisent de libérer les peuples européens de la dictature des banques et des marchés financiers. La mutualisation et l'audit des dettes publiques européennes, la réforme du secteur financier, la fin des paradis fiscaux dans la zone euro, le financement des investissements publics des états membres directement auprès de la banque centrale européenne, l'interdiction des CDS et de la spéculation sur les dettes publiques sont autant de réformes a minima qui ne sont pas inscrites à l'ordre du jour... Et tant qu'elles ne seront pas appliquées, l'austérité et son cortège d'injustices perdureront.

Notes

[1] aucune disposition légale ou réglementaire ne prévoit le renvoi d'un pays de la zone euro sur décision des autres États membres

Commentaires

1. Le vendredi 25 mai 2012, 19:43 par Jérémy

Les médias, peu importe le président en place, sont toujours dans cette logique de la circulation circulaire de l'information. Ca parle de croissance, de rigueur budgétaire, d'effort, de réalisme (face aux irréalistes), et ça comble les vides avec des non-faits et des reportages censés répondre aux "préoccupations majeures des Français".

Ce qui m'agace, c'est que personne ne rappelle que l'OTAN est une organisation belliciste et impérialiste qui n'a aucune légitimité, et que niveau économie, personne ne parlera du Grand Marché Transatlantique qui entrera en vigueur normalement en 2015 (donc dans 3 ans!) et que peut-être même qu'Hollande ne s'y opposera pas... Quant à la réunion officielle des 8 gesticulateurs (ce fameux G8), des phrases creuses qui n'apporteront rien.
Pour l'instant, on en reste à ce que tu craignais avant le 22 avril dernier: en gros, "L'hollandisme, du sarkozisme sans Sarkozy et sans racisme/xénophobie".

Et puis bon, ce qui me laisse perplexe, c'est le code de "déontologie" que comptent appliquer les ministres. Bien beau, mais s'ils appliquent l'austérité, perso, je m'en taperai de leur code d'éthique pour considérer leur politique économique (tout en sachant que l'économie ne se moralise pas; c'est la réalité matérielle qui compte).

Je dis tout ça, m'enfin. Les législatives ont lieu le 10 juin, et là où j'habite, c'est-à-dire dans la 1ère circonscription de l'Indre (circo3601), c'est le duo Chanteguet/Sapin qui sera surement élu. Chanteguet est député-maire depuis une vingtaine d'années, et le PS est plus implanté que le FdG ici; dans la région du Blanc, certes il y a un fort réseau militant PCF, mais le PG n'est pas implanté (Ils ne comptent pas créer une section locale au Blanc...) Sur la circo3602, Jacques Pallas (FdG) a des chances de passer face à Forrissier (UMP).

Au final, je pense m'abstenir aux législatives, et plutôt contribuer à implanter le FdG là où j'habite. Et dans l'ensemble, je suis lassé. C'est pénible d'entendre ces sempiternelles comparaisons FN/FdG, l'UMP qui est dans l'opposition stérile, ces appels aux réalismes, ce caractére réformiste du PS qui ne fera que des avancées à la marge.
Le faux retour à la retraite à 60 ans, c'est de l'entourloupe. Quelqu'un comme moi qui compte étudier jusqu'au doctorat et qui finira ses études vers 26-27 ans (j'en ai 20 actuellement) pourra partir en retraite qu'à partir de 67-68 ans. Donc bon, c'est clairement du foutage de gueule. Mais les médias présenteront ça comme une avancée et les sosses que je connais me diront que je fais le jeu de la droite et je les emmerde.

Avec les sosses, le changement, c'est pas maintenant.

2. Le vendredi 25 mai 2012, 23:33 par babelouest

Ceux qui devraient changer, ce sont les accros au parti sérieux. Comment peuvent-ils accorder leur confiance à ce machin-là, pas même démocratique dans ses structures ? (mais qui fait semblant de l'être, en organisant des votes dont les pontes ont les résultats avant même de lancer le scrutin).

3. Le samedi 26 mai 2012, 07:28 par des pas perdus

Les médias ne vont jamais dans le fond des choses, cela pourrait les contraindre d'évoquer des pistes non orthodoxes... Quant à ce que tu crains, je crois qu'on est en plein dedans : au fond, rien ne change fondamentalement comme par exemple sur le dossier des retraites. Si le pays a besoin de diplômés, ne devrait-on pas considérer les années d'études comme un travail?
Quant aux législatives... espérons que le FDG aura un groupe charnière.

4. Le samedi 26 mai 2012, 12:17 par des pas perdus

Babelouest : espérons qu'ils ouvrent les yeux...