Exploitation et aliénation chez Bricorama

un léger décalage...

Billet

Cette semaine, il est encore question de l'affaire Bricorama qui a déjà fait, ici, l'objet de 5 articles !

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Rappelons les faits : en première instance et en appel, les juges ont ordonné à Bricorama à ne plus ouvrir ses 31 magasins le dimanche sous peine de devoir payer une astreinte de 30.000 euros par infraction. Le montant total de l'amende pourrait s'élever à 38 millions d'euros.

Depuis le PDG de Bricorama mène une campagne de lobbying et de communication dans les médias et auprès des parlementaires avec envois de trousses à outils aux élus et menaces de licenciements ! Jeudi dernier, il a envoyé plus de 300 salariés manifester devant le siège de Force Ouvrière qui est à l'initiative de ces décisions de justice. Une manifestation pathétique avec des salariés sous-payés aux ordres, répétant les éléments de langage de leur direction : dans le genre exploitation sociale et aliénation, on fait difficilement mieux !

Comme de bien entendu, les médias dominants ont repris en boucle le discours patronal comme le relève justement Tout est politique :

« La bataille médiatique fait rage, unilatérale. Là dans un reportage du JT de France 2 auquel il ne manque que la musique de La liste de Schindler pour me tirer une larme, on suit le Bourrelier, victime, du tribunal aux rayons de son magasin où il supplie les managers de soutenir les "collaborateurs volontaires" (aka les mecs mal payés comme des merdes le reste de la semaine) dans cette douloureuse peine de repos qui les attend dimanche prochain. Et nos plus grandes plumes d'exprimer une soudaine solidarité avec les salariés (...).»

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Le contexte politique favorable au patronat favorise une telle débauche de soutiens médiatiques après le vote du TSCG, le plan "d'économies" de 30 milliards d'euros, le cadeau aux "pigeons" et la mise en oeuvre du choc de compétitivité, d'autant qu'un précédent existe avec la loi Maillié qui a légalisé les pratiques patronales délinquantes à Plan-de-Provence.

Au-delà du cas Bricorama, la banalisation du travail dominical interroge sur notre société où plus de 63 % des salariés de commerce et de service subissent des horaires atypiques (horaires décalés, travail dominical, jours fériés). Hormis certains services publics et commerces, est - il indispensable de sacrifier le repos dominical ? En d'autres termes, les loisirs, la vie de famille et associative, le bénévolat et l'environnement doivent-ils être sacrifiés sur l'autel du profil et de la croissance ?

Pour l'heure, le gouvernement Ayrault ne semble pas avoir l'intention de réaffirmer la règle du repos dominical en mettant la proposition de loi du Front de gauche à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.

Alors camarades socialistes, le repos dominical, c'est pour quand ?

Commentaires

1. Le dimanche 11 novembre 2012, 18:06 par leunamme

Cet évènement soulève quand même une question en ce qui concerne l'action syndicale. Plutot que de se battre directement contre l'ouverture des dimanches (qu'il faut combattre de manière générale de toutes façons), la première des priorités n'est-elle pas de se battre d'abord sur les salaires et les conditions de travail ? Le reste, à mon avis, en découle logiquement.

2. Le dimanche 11 novembre 2012, 18:07 par politeeks

donc la PPL du FDG n'interdit pas le travail du dimanche, je sais bien lire.
http://www.senat.fr/leg/ppl10-794.h...

3. Le dimanche 11 novembre 2012, 18:29 par des pas perdus

Leunamme : FO se bat aussi aux côtés des salariés mais tu sais que dans certaines boites, c'est plus difficile d'où le recours aux tribunaux.

Politeeks : je confirme. Je ne suis pas hostile au travail dominical. Mais ça dépend où, quand, comment, et combien...

4. Le dimanche 11 novembre 2012, 22:03 par joel

assez ok avec leunamme , c'est souvent à cause du salaire ! alors on vient le dimanche ! Bein oui, c'est comme çà ! moi aussi, quand j'étais jeune , bein, j'étais volontaire le dimanche , çà faisait du blé en plus !

Alors si les syndicats se battaient plutôt sur les salaires .. au lieu d'avoir une opposition systématique, sans chercher à comprendre .. j'ai vu à la télé ces salariés , y'en a pas un qui a été consulté par FO .. alors , c'est quoi ce bordel ? Idéologique ?

Eh à bricorama c'est pas une petite boite qui connait pas les syndicats ! un recours au tribunaux sans en référer aux salariés , n'est pas une bonne pratique syndicale ! faut pas me la faire à moi ! j'estime qu'avant d'attaquer aveuglément, FO aurait bien fait de voir le probléme avec les concernés ! c'est pas du syndicalisme çà ! c'est de l'idéologie aveugle !

en attendant , y'a des gens qui vont se retrouver avec du fric en moins , voire des licenciements ! .. et les traites à payer ? c'est FO qui va le faire à leur place ! ok c'est gagné , mais avac quelles conséquences désastreuses pour ces salariés , qui avaient l'habitude d'avoir salaire X , hein ?

chapeau FO !

Et c'est un ex délégué syndical central d'un grand groupe sidérurgiste qui parle !

Merde , avant toute initiative , la moindre des choses est d'évaluer le probléme sur le terrain, avec les salariés , et d'agir avec leur consentement ... çà semble pas être le cas d'après ce que j'en ai suivi de cette affaire ..

5. Le dimanche 11 novembre 2012, 22:49 par joel

" Jeudi dernier, il a envoyé plus de 300 salariés manifester devant le siège de Force Ouvrière qui est à l'initiative de ces décisions de justice. Une manifestation pathétique avec des salariés sous-payés aux ordres, répétant les éléments de langage de leur direction : dans le genre exploitation sociale et aliénation, on fait difficilement mieux ! "

tu crois pas que t'y vas un peu fort ? tu vois çà d'un oeil extérieur , qui est résolument contre le travail du dimanche .

ca ne t'arrive jamais d'essayer de chercher à comprendre ? c'est çà c'est 300 jaunes , des mauviettes complétement endoctrinés par le vilain patron exploiteur ! ils ont subi un lavage de cerveau digne des films de science fiction ! ..

moi, je te dis que FO n'a pas fait son boulot de syndicaliste , mais s'est comporté d'une maniére idéologique !

Un syndicat , çà écoute les travailleurs, il est à leur service , si ces derniers se trompent , on discute , on en débat, on essaie de convaincre , mais pas çà !

Un syndicat n'agit jamais derriére le dos des travailleurs !

c'est çà que j'aime pas ! le sectarisme, le dogmatisme ! mes regrets camarade .

eT évidemment que le patron en profite ! maintenant ! ... tu ferais quoi à sa place ?

moi qui ait une longue pratique syndicale , j'ai trouvé cette affaire invraissemblable ! y'a pas de quoi Bomber le torse de la part de FO ! une grande victoire anti -dimanche ! tu parles ! avec comme dindons de la farce ... euh les salariés ! bah c'est 300 lobotomisés , alors c'est pas grave ! hein ?

Je te trouve assez à coté de la plaque , sur ce coup là .. un peu moins d'idéologie, et un peu plus de réalisme de terrain , çà ferait l'affaire ! tu crois pas ?

6. Le lundi 12 novembre 2012, 20:09 par Lou

Je l'ai déjà dit, comme Des pas avec les nuances, l'ouverture le dimanche est traditionnelle dans certains commerces (boulangerie), services (sacristie), usines (fonderie), mais on peut tout de même acheter ses trois clous et le tournevis qui va avec dans la semaine, d'autant que les grandes surfaces ont aumoins un jour d'ouverture jusqu'à 20 h, 21 h, 22 h.
Ce sont bien les modalités et les nécessités qui sont en cause.



Maintenant, si on compte (je ne suis pas très fort en maths), on se dit que les amendes coûtent moins cher que des heures payées double ou triple.



Enfin (je sais, je l'ai dit aussi, je vais finir par être impopulaire au Vatican), les employés n'ont-ils pas le droit d'aller à la messe (même si celle du samedi soir vaut), pendant que le patron (sauf aux Rameaux, lol pas lol) va à la chasse ou aux courses. Tiens, je n'y pensais pas, fermeture des hippodromes le dimanche = jockeys et palefreniers au chômage - d'un autre côté, les chevaux ont droit au repos, non ?

7. Le mardi 13 novembre 2012, 15:18 par jacques G.

MOi ça fait 35 ans que je bosse le we et jours fériés,je suis dans la restauration, des conventions collectives du moyen age,des syndicats a la ramasse et des patrons pleins de travail au noir et d'apprentis exploités,pas de salaire double sauf pour les jours fériés,resultats de courses,plus personne veut faire ce job,1 apprenti sur deux arrete la premiere année, et les anciens se mettent en congés maladie car épuisé par un travail d'esclave...Nous, on nous a jamais demandé si on était d'accord,ça toujours été comme ça...et personne ne s'est inquiété de ce fait.

8. Le mardi 13 novembre 2012, 15:25 par jacques G.

MOi ça fait 35 ans que je bosse le we et jours fériés,je suis dans la restauration, des conventions collectives du moyen age,des syndicats a la ramasse et des patrons pleins de travail au noir et d'apprentis exploités,pas de salaire double sauf pour les jours fériés,resultats des courses,plus personne veut faire ce job,1 apprenti sur deux arrete la premiere année, et les anciens se mettent en congés maladie car épuisé par un travail d'esclave..j'ai eu la prime TVA, 500 euros mais pas d'embauche, ça coute trop cher?Tant est si bien que les restaurateurs achetent tous des produits semi finis et vous bouffez la merde de l'agro-alimentaire...Nous, on nous a jamais demandé si on était d'accord,ça toujours été comme ça...et personne ne s'est inquiété de ce fait.

9. Le mardi 13 novembre 2012, 18:55 par des pas perdus

Joel : Les salariés sont instrumentalisés. Peut-on parler de volontariat quand tu es sous-payé ? Je parle en connaissance de cause quand je devais faire des heures sup le dimanche aprem ou ou le dimanche soir pour éviter d'être dans le rouge à la fin du mois...

Lou, je n'ai jamais évoqué une interdiction totale...

Jacques G : merci pour ton témoignage. De plus, le temps de travail légal est plus important que dans les autres secteurs d'activité.

10. Le mercredi 14 novembre 2012, 17:47 par Lou

Tu n'as jamais évoqué une interdiction totale, sans nuances, c'est bien ce que j'ai écrit : - )

11. Le jeudi 15 novembre 2012, 19:18 par des pas perdus

en effet Lou