Réforme, social-démocratie et Front de gauche

un léger décalage...

Billet

Ceci est un petit billet en réaction de "L'aveu de réformisme au FDG" de Politeeks que nous vous invitons à lire.

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Aujourd'hui, des mots tels que "réforme", social-démocratie" ont vu leur signification détournée, travestie et pervertie par la novlangue néolibérale, laquelle a également remplacé certains mots, trop marqués idéologiquement par d'autres, plus vagues et consensuels pour faire disparaître les antagonismes de classes (cf. LQR. La propagande du quotidien, Eric Hazan).

Depuis la fin de l'URSS et de ses satellites, voire avant, les réformes sont devenues historiquement des contre-réformes au sens où elles ne constituent plus des avancées sociales, mais des reculs sociaux. Bien entendu, les réformistes de Sarkozy à Hollande prétendent le contraire. Ils sont d'ailleurs suffisamment intelligents pour mettre en exergue un petit ilot de progrès social dans un océan de régression sociale. Et, avec l'aide des médias officiels, ils enfument les citoyen-ne-s.

Difficile dans ces conditions pour un mouvement qui veut renverser l'ordre établi du capitalisme et de la Cinquième République de se prétendre réformiste, à moins de vouloir enfumer encore plus le débat politique ce qui n'est pas dans l'intérêt du Front de gauche. Il ne s'agit pas de cacher des choses inavouables mais d'éviter d'être rangé dans le même sac que les organisations qui défendent les intérêts de l'oligarchie.

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De même, le Front de gauche ne peut pas se revendiquer de la social-démocratie. La social-démocratie signifie tout et son contraire. De quelle social-démocratie parle-t-on ? Celle de l'après-guerre qui a édifié l’État providence ? Ou celle qui de Blair à Clinton, de Bérégovoy à Schröder, de Papandreou à Zapatero, de DSK à Lamy, de Sócrates à Hollande participe avec fanatisme à la destruction de l’État providence au nom du libre-échange heureux et de la mondialisation qui font - pour les paraphraser - le bonheur des travailleurs du monde entier et qui protège la biosphère ?

Le Front de gauche s'inscrit dans la révolution citoyenne. Ce n'est ni le grand soir d'une avant-garde marxiste-léniniste et la dictature du prolétariat, ni la réforme de la social-démocratie d'une Internationale socialiste présidée par Papandreou. Mais, c'est plutôt Correa, Chavez, Morales... ou ce qui s'est produit en Islande durant la crise des subprimes quand le peuple a pris le pouvoir sans verser une goutte de sang, en désignant une assemblée constituante et en refusant les diktats néolibéraux du FMI, dirigé alors par le social-démocrate DSK.

La révolution citoyenne est un processus politique où le peuple décide lui-même sur les questions essentielles, à la différence des systèmes dirigés par une avant-garde révolutionnaire éclairée ou par une élite réformiste qui décident à la place du peuple et qui privilégient les intérêts d'une caste, la nomenklatura et l'oligarchie.

Aussi, plutôt que d'employer un vocabulaire galvaudé dont la signification varie du tout au tout selon l'obédience politique des uns et des autres, le Front de gauche forge son propre langage, ses propres armes en s'inspirant des mouvements qui combattent avec succès l'oligarchie et de la pensée de Gramsci.

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