Nous sommes entrés dans un de ces moments où même les médias dominants à la solde de l'oligarchie et les néolibéraux de tous poils reconnaissent l'échec cinglant des politiques austéritaires.
Même l'inénarrable Sapin, ministre "socialiste" des finances et des comptes publics s'est fendu de sa petite tribune (extrait) :
« La vérité donc, c'est que, contrairement à toutes les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou de la Commission européenne, la croissance est en panne, en France comme en Europe. Avec une croissance zéro au deuxième trimestre, prolongeant ainsi la stagnation du premier trimestre, notre pays est au ralenti et n'atteindra donc pas le 1 % de croissance du produit intérieur brut (PIB) que les observateurs nous annonçaient il y a encore trois mois. »
Voici qu'en août 2014, ce ministre "socialiste" découvre que les prévisions et les recommandations du FMI, de l'OCDE et de la commission européenne étaient fausses...
Il débarque de la lune ou quoi ? Il ne s'est jamais intéressé au sort des pays africains ou de l'Amérique du Sud et de la Grèce ou du Portugal ?
Le plus risible, c'est qu'ainsi Sapin tente d'exonérer la responsabilité du gouvernement Valls dans ce naufrage économique, budgétaire et social.
Or, c'était tellement prévisible.
Il fallait vraiment être fada - soyons polis - pour croire que Hollande et sa clique réussiraient là où les autres responsables politiques ont échoué sur tous les continents !
La réforme des retraites, la casse des services publics et de la sécurité sociale, la suppression de milliers de postes de fonctionnaires, les milliards d'euros de cadeaux au grand patronat [1], le détricotage du code du travail et les coupes budgétaires n'ont pas atteint leurs objectifs officiels de réduction des déficits publics et de relance de l'économie. [2]
Toutes ces mesures de régression sociale ont dégradé les conditions de vie des classes populaires et moyennes, et causé encore de précarité sociale. Elles ont aggravé les inégalités sociales sans restaurer les finances publiques.
Tous ces sacrifices ont été inutiles. Ils ont juste permis à l'oligarchie de s'enrichir plus...
Pour autant, en fanatique néolibéral, Sapin n'entend pas entreprendre une quelconque réorientation politique. J'en déduis de sa tribune ceci :
« Les réformes néolibérales ont échoué ? Qu'à cela ne tienne, il faut plus de réformes néolibérales ! »
Depuis mai 2012, les "socialistes", à l'instar de l'UMP, font preuve d'incompétence, d'amateurisme, et d'absence de clairvoyance et de pragmatisme à servir l'intérêt général en restant dans les clous de l'idéologie dominante et des recommandations des instances internationales. Avec bientôt Juncker à la tête de la Commission européenne, l'avocat de l'évasion fiscale et des paradis fiscaux, autant l'avouer, c'est foutu : l'évasion fiscale et la corruption, le Capital et le dumping social séviront.
Le conformisme idéologique de la concurrence libre et non faussée du capitalisme mondialisé, qui caractérise aussi bien le PS que l'UMP, est une impasse qui risque de conduire au Front National.
Ces formations politiques dites de gouvernement qui instrumentalisent le FN pour occuper alternativement le pouvoir font un mauvais calcul, tant l'exaspération est importante. Les citoyen-ne-s seront les dindons de la farce ! En votant pour l'extrême droite, ils se rendront vite compte que le capitalisme, qu'il soit mondialisé ou national, sert toujours les intérêts de la même classe, l'oligarchie.
Aussi, rétrospectivement, je me dis que le plafonnement des salaires, la planification écologique, la réduction drastique du temps de travail salarié pour aller vers l'instauration d'un revenu universel, la constituante pour une Sixième République, la démocratie sociale dans les entreprises, la gratuité ou le coût très faible des ressources naturelles pour en garantir l'accès à toutes et tous, la coopération entre pays en lieu et place d'un vaste ensemble économique de concurrence sauvage et de dumping social, le protectionnisme social et écologique sont autant d'alternatives crédibles et réalistes aux politiques austéritaires.
Notes
[1] petit messages à la droite et la "gauche" "socialiste" j'ai beau être de la gauche radicale, je fais la distinction entre entreprises du CAC 40, PME, artisans et commerçants...
[2] Petit aparté : J'écris objectifs officiels parce que je me demande si le véritable but de l'austérité, celui dont il n'est jamais question dans les discours des ministres, n'est pas en fait de supprimer les droits arrachés à l'oligarchie par le mouvement ouvrier...
Commentaires
"La réforme des retraites, la casse des services publics et de la sécurité sociale, la suppression de milliers de postes de fonctionnaires ..."
J'y ajouterais "la suppression de dizaines de milliers de postes de salariés du privé." Nous devons prendre garde à ne pas les oublier quand nous faisons cette récapitulation. Je donnerai un seul exemple mais il y en a tout un paquet. L'ensemble des associations qui œuvrent dans le travail social voient la disparition programmée de 40 000 postes cette année. Quarante mille ! Ce n'est pas dérisoire ! Juste pour le travail social ! Au nom bien sûr de la réduction des déficits publics et de la relance de l'économie.
Tu as raison, les associations sont asphyxiées, et le secteur privé est concurrencé par de quasi esclavagistes. Mais, la liste est si longue...
« Les réformes néolibérales ont échoué ? Qu'à cela ne tienne, il faut plus de réformes néolibérales ! »
C'est exactement ce qu'a dit le bienheureux François dans son discours du 14 juillet.
Je ne parle pas du pape, qui dit le contraire.
Le pape est un populiste, c'est bien connu... Certaines craignent qu'il demande l'asile politique au guide suprême et bienveillant de la Corée du Nord...
Un communiste. L'Eglise n'est plus ce qu'elle était au temps du bienheureux (béatifié) Pie XII.
Exactement, un humaniste...