Extorsion (J. Ellroy)

un léger décalage...

Billet

« Moi sur terre, j'étais Fred Otash, 1922-1992 : flic véreux, détective privé, maître-chanteur. Mercenaire et démoniaque, deux ex machina. Le monstre qui manipule et muselle Hollywood. L'homme qui détient tous les secrets salaces que vous brûlez tous de connaître, bande de mortels mortellement morbides ! »

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Attention, roman ô combien licencieux ! Petit aparté ; je vous conseille la série estivale de M. Lou de Libellus qui nous livre quelques récits anciens, particulièrement épicés...

« La salle de garde bourdonne. Les téléphone sonnent sans cesse. Je pense aux cartes de visite que je trimballe sur moi et que je distribue aux femmes. Elles titillent la litote et distillent une classe sans pareille. Mon nom et mon numéro de téléphone sont imprimés en plein milieu. Juste au-dessous, on peut lire : " M. Vingt-trois Centimètres". »

Bref, le dénommé Otash traîne son ennui et collectionne les ennuis au purgatoire. En d'autres termes, il paie les nombreux forfaits de sa vie terrestre. Mais, Fred a le sens pratique. Il signe un pacte avec les autorités du Ciel pour sortir de ces lieux malfamés en livrant ses confidences à un certain Ellroy. L'action se déroule à Los Angeles dans les années 50 en plein Maccarthysme. La faune est exclusivement constituée de truands, de dealers, de proxénètes, de producteurs d'Hollywood, d'avocats véreux, de stars et de starlettes, et de flics corrompus.

« Mon credo se met en place peu à peu : "je suis prêt à tout ce qu'il faudra, sauf à commettre un meurtre. je suis prêt à travailler pour n'importe qui à l'exception des communistes." »

Le narrateur bien introduit à Hollywood, après sa vie de flic et de détective, collabore avec Confidentiel, une revue qui fait son beurre sur les potins des stars et les révélations scabreuses. Chantage, pots de vin, voyeurisme, chambres d'hôtels et de bungalows truffées de micros et de caméras, équipe d'espions et de gigolos; tous les moyens, ou presque, sont bons pour alimenter sa revue et son compte en banque. Le récit est un tel défilé de stars et d'inconnus dans l'intimité, de coïts ininterrompus en tous genres et de meurtres gratuits que l'encre qui remplit les pages d'Extersion est un sulfureux mélange de foutre et de sang, d'urine et de merde, de chairs en plaisir et en putréfaction...

« Je m'empare de l'album et je le feuillette. C'est une putain de pinacothèque de pineurs sachant piner. Je compte vingt-six cow-boys du calbute, avec chacun une ardoise autour du cou : nom, date, numéros des articles du code pénal correspondant aux charges retenues contre eux. Une répugnante parade de mâles malfaisants. »

Dans le genre baroque et jubilatoire, j'ai rarement lu un roman aussi salace, indécent et amoral qui détonne un peu dans la production d'Ellroy, sauf sur un point : on ne s'ennuie jamais !

A lire...

Commentaires

1. Le dimanche 24 août 2014, 08:10 par Lou de Libellus

Je sens que ça va me plaire ! (je le commande - tu me coûtes cher, toi)
Merci pour la promo.
Le récit le plus sulfureux est celui de Geoffrey Chaucer :
http://www.libellus-libellus.fr/201...
Il annonce un ouvrage d'épistémologie (qu'on pourrait décomposer et écrire autrement quand on écrit à domicile) des latrines privées et publiques de Moïse à nos jours.

2. Le dimanche 24 août 2014, 08:50 par des pas perdus

Tu devrais fréquenter la bibliothèque municipale... Je note !