Gazouillis dominicaux

un léger décalage...

Billet

En attendant la prochaine offensive patronale sur le front du travail dominical, l'actualité est d'une rare pauvreté.

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A noter toutefois les gazouillis tonitruants de la Gazette :

« Travail du dimanche : Cergy et Osny en veulent plus. Les commerces ouverts 12 dimanches par an dès 2016 contre 5 jusqu’ici. »

Le début de l'article est à l'avenant :

« Travailler plus pour gagner plus. Le slogan de Nicolas Sarkozy ressuscité en terre cergypontaine ? C’est possible ! Et dès 2016. Les conseils municipaux de Cergy (Ps), Osny (Lr) et Pontoise (Lr) viennent d’entériner une délibération en faveur du travail dominical, après avoir obtenu le feu vert de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. »

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Les raisons invoquées sur le ton de l'évidence sont les nouvelles habitudes des consommateurs, le volontariat des salariés et l'équilibre des territoires, mais elles ne sont pas développées.

Prenons les habitudes des consommateurs :

Peut-être résultent-elles des incitations publicitaires des enseignes pour attirer le chaland le dimanche ? Aussi, ces habitudes nouvelles sont assez superficielles. Ces incitations commerciales et publicitaires pourraient être interdites. Après tout, de telles interdictions pour un seul jour ne constitueraient une atteinte aux droits de l'Homme et aux libertés fondamentales, n'est-ce pas ?

Autre cause, le fait que les consommateurs sont en partie des salariés qui rentrent tard chez eux en semaine en raison de leurs horaires de travail, de l'éloignement géographique entre leurs lieux de travail et de résidence, ou de l'encombrement des routes ou du mauvais état du service public des transports en commun.

Soit autant de pistes de réflexion sur le travail et son partage, la priorité au tout routier, l'abandon du service public ferroviaire, ou la question de l'habitat qui ne sont jamais traitées par la caste médiatique.

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Le volontariat des salariés :

Ce prétexte est incontournable pour justifier la régression sociale du travail dominical :

« En matière de travail du dimanche, le volontariat est le principe et un accord signé du salarié reste requis. Le refus de travailler le dimanche ne peut être pris en compte lors de l’embauche, ni être source de discrimination dans l’entreprise, ni être considéré comme une faute ou un motif de licenciement. C’est en tout cas ce que dit la loi… »

Dans ce paragraphe, on sent que le journaliste est en service commandé. On décèle presque de l'ironie dans la formulation et les points de suspension, comme pour laisser le lecteur apprécier le cynisme d'une loi télécommandée par le patronat qui rêve de salariés kleenex.

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La concurrence entre les territoires :

Le journaliste cite l'édile "socialiste" (droite républicaine) qui évoque la concurrence entre les territoires et la volonté de maintenir l'équilibre pour justifier sa décision de banaliser le travail dominical.

En l'espèce, des villes moyennes, qui appartiennent à la même communauté urbaine, se livrent à une concurrence débridée pour attirer consommateurs et commerces au détriment des villes voisines...

Plutôt que de renforcer la logique de coopération et de mutualisation, et donc de concertation, au sein de la communauté urbaine, les élus s'en remettent à la concurrence : ubuesque !

Et, c'est ainsi que de nombreuses villes moyennes ont des centres dont les commerces sont définitivement fermés...

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Que dire de plus, sinon que LR et PS s'entendent très bien au plan local sur cette question ?

Commentaires

1. Le dimanche 10 janvier 2016, 09:49 par lediazec

Tu es têtu, DPP, mais c’est tout à ton honneur. C'est foutu ! T’as pas lu la chronique du Partageux chez le Yéti ?!

2. Le dimanche 10 janvier 2016, 10:07 par Robert Spire

Un jour viendra où les mêmes arguments seront utilisés pour re-mettre les enfants au travail comme au bon vieux temps du capitalisme conquérant.

3. Le dimanche 10 janvier 2016, 10:58 par Arthurin

Pour appuyer Partageux :

Et tout ceci est annoncé, depuis longtemps, je dirai depuis... hum, voyons... Bientôt 227 ans.

Mais au moins depuis 2007 : https://redvolted.wordpress.com/201...

4. Le dimanche 10 janvier 2016, 11:07 par des pas perdus

Lediazec, j'ai lu ça, mais je suis perspicace.

Robert : iront-ils jusqu'à une telle extrémité ?

5. Le dimanche 10 janvier 2016, 11:45 par Sybille

En même temps le travail qui reste est maintenu artificiellement --> bullshit job, travail le dimanche... Sans effets sur la croissance. Sous cet angle, la question est inédite : Pourquoi, le capitalisme fait-il tant pour maintenir tout ce travail inutile ?
Ce qui nous attend est bien plus radical que tout ce qui est dit dans les précédents commentaires.
le point commun et de conjonction de toutes les crises, c'est la faillite d'un capitalisme, dont les principaux bénéficiaires sont prêts à tout pour survivre.
A l'heure où la cgt accueille en son sein, au grès des contextes des membres du FN ou des fous de Dieu il est temps de changer une grille d'analyse devenue totalement inadaptée pour expliquer ce qui advient et plus encore pour le combattre

6. Le dimanche 10 janvier 2016, 12:39 par Arthurin

@ Sybille

"Sans effets sur la croissance."

La croissance globale. Les profits des grands actionnaires et des acteurs majeurs de "l'économie" eux sont en croissance, ce en dépit de la baisse structurelle du taux de profit inhérent au système capitaliste industrio-financier néo/ultra-libéral.
(sic)

"Pourquoi, le capitalisme fait-il tant pour maintenir tout ce travail inutile ?"

Son utilité sociale est biaisée par l'idéologie néo/ultra-libérale, ça maintient une consommation basique et ça achète une relative paix sociale.
(sic bis)

7. Le dimanche 10 janvier 2016, 12:44 par Arthurin

Ah, et si t'as adopté la croissance (telle qu'ils l'entendent, "économique") comme indice de la viabilité d'une gestion politique, tu peux changer ta propre grille de lecture.

8. Le dimanche 10 janvier 2016, 13:11 par Un partageux

à tous,

Ne vous trompez pas. C'est avec humour que j'ai traité le travail du dimanche. Dont on voit qu'il n'est que l'un des constats de "la faillite d'un capitalisme, dont les principaux bénéficiaires sont prêts à tout pour survivre" comme l'écrit si bien Sybille.

La gauche est morte. Qu'attendre des guignols qui se battent pour un strapontin, sur la place de la virgule ou sur des thèmes dont on se bat les couilles ? Nous avons presque tout à ré-inventer et je vous recommande trèèès vivement Merci patron ! le film de François Ruffin qui va sortir en salles en février.

9. Le dimanche 10 janvier 2016, 23:15 par des pas perdus

Bien d'accord avec toi Arthurin sur l'ensemble, merci pour le lien sur le discours de Kessler, un ancien Mao qui a continué la lutte des classes dans le camp adverse.
Effectivement, le capitalisme génère de plus en plus de profits pour les actionnaires et de gros revenus et bonus pour les dirigeants même si cela va à l'encontre de la pérennité de l'entreprise.

Hubert, elle est morte dans sa représentation parce que le rapport Travail - Capital est bien là..

Sybille, les fafs font de l'entrisme.

10. Le lundi 11 janvier 2016, 12:13 par Lou de Libellus

La Révolution, quelle horreur !
http://www.histoire-france.net/img/...
Et bientôt le socialisme !
Je m'exile en Laponie, je crois encore au père Noël.
http://www.libellus-libellus.fr/art...

11. Le mercredi 13 janvier 2016, 01:43 par Arthurin

Oui, Lou, notre drapeau est rouge, ce n'est pas un grand bonheur de le porter, ni même un grand honneur, et qu'il est difficile de le porter, c'est qu'il pèse de toute son histoire.

Bon voyage, camarade :)

12. Le mercredi 13 janvier 2016, 06:36 par Lou de Libellus

Notre drapeau est rouge comme le sang qu'ils versent sur leurs places boursières (Damien Saez), blanc comme la virginité que nous assumons (Léo Ferré), bleu comme le ciel - au printemps.
Heureusement, nous sommes là pour tenir la boutique. As-tu reçu ta carte postale de Des pas et des Seychelles ?
: - )))

13. Le mercredi 13 janvier 2016, 07:57 par des pas perdus

Mes amis, je réponds tardivement des Seychelles... Le décalage horaire... C'est quand même autre chose d'atterrir sur une plage de sable blanc qu'à Roissy ! Ici, on ne parle pas trop révolution, le petit personnel serviable !

Plaisanterie mise à part, votre dialogue (Arthurin - Lou) est d'une criante actualité après la décision de "justice" de condamner 10 ouvriers de Goodyear.