La fausse mauvaise surprise Trump

un léger décalage...

Billet

Donald Trump, 45ème président des Etats-Unis. Voilà un événement qui n'était pas prévu par les spécialistes éclairés et les experts de toutes sortes qui vivent en vase clos.

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Leur modèle américain a une drôle de gueule aujourd'hui. Le pays de l'école de Chicago où ont été appliqués les dogmes du néolibéralisme a élu un oligarque fantasque et raciste. Beau résultat !

Jusques-là, les mêmes experts s’accommodaient de l'insécurité sociale, des jobs mal payés, des inégalités sociales, des ghettos sociaux, de la législation anti-syndicale, des taux d'emprisonnement jamais égalés ailleurs, de l'espionnage, de la torture, et des guerres menées sans interruption par l'empire étasunien depuis 45.

Selon eux, tout allait pour le mieux aux Etats-Unis, modèle économique et bien entendu modèle de la démocratie ! A imiter bien-sûr ! Appliquer nous-mêmes le néolibéralisme et favoriser la mondialisation. Et, instituer des primaires !

La victoire de Trump se comprend dans le contexte politique et économique, plus que dans les explications oiseuses et méprisantes relatives à son électorat, réduit à des ploucs blancs, pauvres, abrutis et sans éducation.

Le pays qui s'est mis le premier au néolibéralisme et aux accords de libre-échange a élu un affairiste que l'on peut classer à l'extrême droite. Il ne vient pas de nulle part. Le Tea party qui a émergé sous Bush Jr. n'était pas un phénomène marginal. Trump a repris en partie les idées du tea party pour séduire en usant de démagogie et de racisme.

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Il appliquera probablement son programme raciste pour tenter de limiter l'immigration, à l'instar de ce que l'on connait en France depuis près de 30 ans, mais d'un point de vue économique, je doute qu'il remette en cause le néolibéralisme et la mondialisation. Par conséquent, la vie des classes populaires et moyennes ne s'améliorera pas. Il permettra aux privilégiés de rester privilégiés en détournant la colère populaire vers les plus faibles, les plus précarisés, essentiellement immigrés : c'est la mission traditionnelle de l'extrême droite

Cette victoire confirme un vieux théorème politique. En l'occurrence, quand l'offre politique est incomplète et la désespérance sociale importante, le corps social choisit le candidat qui représente à ses yeux l'anti-système, même si ce dernier est un oligarque, raciste, antiféministe... plutôt qu'un représentant de la classe politique classique. Soit un vote de ras-le-bol pour renverser la table et en finir avec ce système économique qui réduit à la misère les masses, plutôt que d'adhésion en des idées nauséabondes. On peut analyser le Brexit de la sorte.

Cette victoire exprime le rejet de la classe politique traditionnelle, oligarchique et corrompue qui a imposé les réformes néolibérales, et dont Hilary Clinton est une figure emblématique. Le parti démocrate a choisi cette dernière en entravant Bernie Sanders par tous les moyens. Le parti démocrate a éliminé le candidat qui avait le plus de chances de battre Trump et qui incarnait une sortie du système néolibéral par le haut : la solidarité, la redistribution des richesses, l'égalité sociale, les études et la santé gratuites.

Par ailleurs, il faudrait tirer les leçons de la victoire de Trump. Sans transposer cette élection à l'Europe, et en particulier à la France, on est bien contraint de remarquer que plus le néolibéralisme produit des ravages économiquement et socialement, plus l'extrême droite progresse.

Dans ce contexte, l'élection présidentielle de 2017 risque de propulser la candidate de l'extrême droite à la première place au premier tour de l'élection présidentielle. Peut-on espérer que le candidat de la droite (LR ou PS), s'il est qualifié, l'emportera au second tour ? Pas certain, tant lui aussi, incarnera aux yeux du corps électoral le système politique fossilisé et 30 ans de néolibéralisme, synonyme de chômage, de pauvreté, d'insécurité sociale...

Le seul candidat déclaré qui porte un autre projet de société, susceptible de déjouer les pronostics, s'appelle Jean-Luc Mélenchon. On verra si les médias dominants dits de gauche et la classe politique persistent à le qualifier de populiste, le rangeant ainsi dans le même sac que Le Pen. Parce qu'effectivement, en classant un progressiste et une réactionnaire sous la même bannière du populisme ou des "extrêmes", les tenants du système favorisent cette dernière pour garantir leurs privilèges et bloquer tout changement social majeur. Alors, quoi qu'on puisse penser du personnage et de sa campagne lancée sans l'aval du PCF, Mélenchon constitue probablement la seule chance de sortir du néolibéralisme et d'éviter l'extrême droite au pouvoir.

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Commentaires

1. Le jeudi 10 novembre 2016, 19:45 par lediazec

Cette affaire, bien que brouillonne et volontairement brouillée, est avant tout une grosse claque dans la gueule de tous ceux qui ont pris la sale habitude de prendre les peuples pour un conglomérat de débiles. Seconde claque : les medias savants et au pied qui ont pris fait et cause pour l'hystéro de la Clinton en méprisant la voix du peuple américain.
Enfin, c'est une raison pour croire à Méluche et à la France Insoumise. Pourquoi l'analyse des résultats américains doit nous conduire à un vote FN et non le contraire ?
Hauts les coeurs !

2. Le jeudi 10 novembre 2016, 21:24 par Robert Spire

Voilà la Marine canonisée (Sch)Trump(fette)....:-)

3. Le vendredi 11 novembre 2016, 00:19 par SimplyLeft

Globalement tout à fait d'accord avec toi sauf quelques légers bémols. Je ne pense pas par exemple que Sanders "incarnait une sortie du système néolibéral par le haut" et je ne pense pas qu'il serait aller bien loin dans son programme. Mais peu importe puisque nous ne saurons jamais. La principale leçon à mon avis est que cette élection étasunienne nous (re)démontre qu'il est encore possible de gagner contre l'armée internationale des faiseurs d'opinion. Ce qui, comme tu le dis dans ta conclusion, doit entretenir notre espoir de changer les choses en 2017 avec FI.

4. Le vendredi 11 novembre 2016, 04:41 par babelouest

Puisque de toute façon MLP est un des éléments du Système, voter pour elle serait bien entendu une erreur.

En attendant, militons pour ce que nous analysons et sentons comme juste et réellement utile.

Bonne journée les copains !

5. Le vendredi 11 novembre 2016, 11:16 par Gédécé

tu sais l'ami DPP, que je relaie systématiquement, comme tu as toi-même la gentillesse de le faire aussi depuis des années, tes billets. Mais cette fois, je ne le ferai pas et je vais t'expliquer pourquoi. Tout d'abord, parce que je ne me ferai plus jamais le prosélyte de Mélenchon, qui multiplie dangereusement des erreurs graves et des ambiguïtés qui heurtent ma conscience politique. Ensuite, parce que tu commets l'erreur actuellement si commune, mais néanmoins grossière de transposer l'élection de Trump et ses caractéristiques propres dans notre si petit hexagone. Je viens justement de me moquer d'un autre qui fait de même (ils sont si nombreux... Ainsi, Mélenchon, tout aussi ivre que bien d autres... Me lire), et qui se voit déjà renverser la table, tout comme Trump. je suis stupéfait de tant de bêtise. Faut-il que les gens soient sidérés...

6. Le vendredi 11 novembre 2016, 12:25 par Robert Spire

Notre ami GDC a raison de penser qu'il ne faut pas "transposer l'élection de Trump et ses caractéristiques propres dans notre si petit hexagone", par contre il y a un caractère commun: l'autoritarisme identitaire et sécuritaire. Ce dernier gonfle les intentions de vote pour Sarko et MLP, on ne peut pas rester indifférent à ce mouvement. Pour l'instant Mélenchon est un des rares à ne pas suivre cette tendance à laquelle même Valls succombe. Certes Mélenchon a des défauts et trés peu de chance d'être élu, mais il y a un moment où il faut "s'engager", aprés le temps des regrets sera vain:
https://blancan.net/2016/11/09/seng...

7. Le vendredi 11 novembre 2016, 21:59 par des pas perdus

Bien d'accord avec Lediazec et Bab.

SimplyLeft, on ne saura jamais pour Bernie Sanders. Ceci dit, tu as raison sur le fait qu'un candidat qui n'a pas les faveurs médiatiques peut l'emporter, c'est d'ailleurs un des points de ton billet.

Gédécé, je ne retwitte et ne partage sur Facebook que les billets avec lesquels je suis d'accord. Que nous ayons un désaccord ne me dérange pas. Je crois au dialogue. Pour revenir au billet, j'ai bien pris la peine de préciser que je ne transposais pas. Quant à Mélenchon, je crois qu'il a ses chances. Ce n'est pas le candidat parfait, je n'en connais pas d'ailleurs et je pense qu'il n'en existera jamais. Mais malgré mes réserves, maintes fois exprimées ici, je voterai pour lui parce qu'il défend l'essentiel de mes idées. Je ne fais pas la fine bouche. Nous sommes dans un système électoral qui conduit à choisir un candidat. Et, Mélenchon veut changer les institutions, via la constituante,et c'est le seul de notre camp qui popularise le mieux cette idée de 6ème République.
Je crois vraiment qu'hormis Le Pen qui devrait se détacher au premier tour, les autres seront tous dans un mouchoir de poche... Alors autant en 2011, je n'y croyais pas et pourtant j'ai fait toute la campagne en simple militant, autant aujourd'hui, je pense qu'il y a une ouverture parce que le candidat du PS sera laminé tant ce quinquennat est un échec sur toute la ligne. Et, même si Mélenchon ne se qualifie pas au second tour, il a vraiment des chances d'être devant le candidat du PS, et ça l'ami, ce serait un fait vraiment historique, un basculement du rapport de forces au sein de la gauche (la majorité pense que le PS est de gauche) porteur d'avenir. Je ne veux pas rater cette chance de faire perdre son hégémonie au PS.

Robert,merci pour le lien, et je partage ce que tu dis. S'engager pour que le candidat du PS soit au moins derrière Mélenchon...

8. Le samedi 12 novembre 2016, 07:31 par marianne68

JLMélenchon sans problèmes et depuis longtemps. Ses interventions à Stalingrad et sur la place de la Bastille il y a quelques années furent des petits bijoux de prise de parole .C'est peut être pas suffisant pour plébisciter toutes les idées du Monsieur mais quel plaisir de l'entendre.

9. Le samedi 12 novembre 2016, 10:39 par des pas perdus

Je partage totalement ton opinion Marianne68.