Parce que, en même temps…

Tu croises un type entre 35 et 45 ans qui marche pieds nus sur un trottoir parisien, vêtu d’un drap et d’une sorte de tapis sur le dos, à la fin du mois d’octobre 2025.
Ailleurs, devant l’entrée d’un immeuble vide de salariés ou d’habitants, un amas de cartons parfois agrémenté d’un matelas hors d’âge.
Plus loin, un homme à l’âge indéfinissable squatte un banc depuis des années, mois d’hiver inclus, où sont réunies ses affaires recouvertes d’une bâche.
N’importe où dans l’espace public, il n’y a rien d’exceptionnel à croiser une femme et un enfant installés sur une paillasse en train de mendier.
Parfois, des vieillards restent debout des heures durant dans les courants d’air avec leur caddie pour vendre des bouquins d'occasion aux passants à l'entrée d'un supermarché.
A quelques mètres d’eux, sur les parois des kiosques, sont affichées les unes des magazines people qui illustrent des vies de plaisir, de confort, d’abondance et d’insouciance…
Le chaos d'une société sous emprise néo-libérale où toutes les sécurités ont quasiment été abolies pour les classes populaires et moyennes, le risque et la précarité étant même célébrés d'un côté, et de l'autre, un cocon fantasmé sur papier glacé d'une bourgeoisie qui jouit réellement du capitalisme sans limite, c'est-à-dire de l'exploitation sociale.
Pour les partis politiques d'accompagnement du capitalisme, grosso modo du RN au PS en passant par LR, Renaissance et Modem, la misère et la pauvreté sont des réalités, certes regrettables, qui résultent de la responsabilité individuelle de chaque personne. La société quant à elle n'y peut grand chose, voyons… Peut-être éviter le spectacle macabre de miséreux qui crèvent de faim et de froid ? Mais, guère plus, après tout, c'est l'égalité des chances... et tant pis pour celles et ceux qui ne "réussissent pas" ! Tout le monde a les mêmes chances au départ, n'est-ce pas ?
Certes, on pourrait imaginer une société sans inégalités sociales importantes, ni misère ni pauvreté, mais ne tomberait-on pas dans l'assistanat et le "soviétisme" comme diraient Pascal Praud, payé 100 000 euros mensuels, et ses congénères éditocrates et politiciens, de Wauquiez à Macron en passant par Bardella, Ruffin et Roussel qui sont très attachés à la "valeur travail"...
Pendant ce temps, le nombre de personnes sans domicile a plus que doublé en 10 ans, y compris celui des femmes et des enfants.
Il s’agit du bilan concret des politiques visant à instaurer une économie capitaliste à la sauce néolibérale avec la lente et inexorable destruction des mécanismes de solidarité et des services publics d'aide aux personnes, du ralentissement des constructions de nouveaux logements sociaux et de la baisse du pouvoir d'achat des classes populaires et même moyennes, des expulsions des locataires les plus précaires facilitées par la loi « Kasbarian-Bergé » et du phénomène de l'uberisation.
Que dire pour conclure ? La stabilité est un leurre qui masque le chaos social pour la majorité d'entre nous, mais également une réalité concrète qui permet la perpétuation de la domination d'une minorité de privilégiés.