disparition bureaucratique

un léger décalage...

Billet

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Après le départ de Frétillou, fêté comme il se doit en compagnie de sa remplaçante, votre serviteur, s’est délocalisé dans un bureau annexe, tout en restant dans le service, pour effectuer de nouvelles tâches encore plus exaltantes. Depuis, nous attendions avec impatience l’arrivée de ma remplaçante.

A la veille de mon départ en congés, elle se présenta, sourire et dents en avant, cheveux bruns longs et emmélés, vêtue d’une petite jupe gitane mauve à volants, d’un petit haut moulant et pigeonnant jaune citron, vert pomme et orange fluo avec des fleurs imprimées et des lettres de l’alphabet chinois, et chaussée d’escarpins imitation gazelle, aux talons épais comme des bouteilles de coca de 33 centilitres. Puisque je devais transmettre le témoin sans tarder à l’instar des bons relayeurs, je passais exclusivement la journée en sa charmante compagnie.

Quinze jours plus tard, dans le calme du petit matin, reposé, l’esprit zen, et de bonne humeur, j’ouvrais la porte de mon bureau. Ce fut le choc. Les cadres, plantes vertes et divers objets de ma collègue Line n’étaient plus à leur place… Que s’était-il produit comme événement en mon absence ? Il va de soi que sans la moindre information, j’échafaudais des hypothèses. Soit elle avait modifié son environnement, soit elle ne travaillait plus dans le service pour diverses raisons. Bref, je restais dans l’expectative !

Monsieur Cotte arriva ensuite, me donna un exemplaire d’un « journal » gratuit et m’éclaircit sur bien des points. La nouvelle refusait de prendre place dans mon ancien bureau au secrétariat, et prenait l’habitude de squatter mon bureau. La délicieuse enfant affirmait que le bruit l’empêchait de se concentrer… Obstinée, faisant parfois allusion à ses relations, dont elle ne révélait ni la teneur ni la nature, assiégeant le bureau des chefs, elle réussit à les convaincre de trouver un endroit conforme à son statut… Comme il n’y en avait point de vacant, ils éjectèrent Line du sien, le vendredi soir…

Les collègues s’y opposèrent en vain, estimant que vider une collègue compétente et sérieuse relevait de la goujaterie… et conseillant de reporter de trois mois le déménagement de la nouvelle, le temps que Line parte à la retraite. Evidemment, la nouvelle, que nous surnommons Démerdou, a tenté de me délivrer sa version… Mais les faits sont têtus paraît-il, et elle ne put prononcer que trois mots « et puis s’en vont » ! Quand on ne connaît ni le travail ni la personne, difficile de dénigrer une collègue en place depuis plus de 9 années, et mon ancien poste, où ma foi, les dossiers avançaient malgré l’activité propre au secrétariat.

Le lendemain, à l’heure du café, tandis que la conversation portait sur la pandémie grippale, Démerdou posa brusquement sa tasse, sortit en trombe et alpaga dans le couloir le Directeur de Cabinet… Fichtre ! Quel culot… Voilà un exploit qui nous fit tous frissonner, et nous laissa bouche-bée. En fin de matinée, le chef arriva de mission et nous salua. Elle l’informa que le Dircab était venue spécialement s’entretenir avec elle… Quand je relatais aux collègues cette invention démerdesque, nous conclûmes qu’elle s’exposait dangereusement en passant au-dessus de la proche hiérarchie.

En effet, s’il est une personne dont l’égo ne supporte ni la contradiction ni de jouer un second rôle, c’est bien le chef… Il y a deux ans, quelques semaines après son arrivée, il ne toléra pas que Line soit convoquée chez le P.D.G. , à la demande du Dircab, avant une réunion où elle devait le représenter. Il commença à pratiquer la rétention d’informations, à reprendre systématiquement ses courriers et à lui coller en vain l’image d’une incompétente. L’arrivée de Démerdou a servi ses projets, mais depuis Line est en maladie… En attendant, le service peine avec une personne en moins, et les dossiers s’accumulent. Voilà, une gestion du personnel que l’on peut qualifier de brillante, certainement due à des formations de managing de haut niveau…