le Moyen-Age ? Non merci !

un léger décalage...

Billet

carlie.jpg Ces derniers jours, dans des pays où la religion musulmane est majoritaire, voire religion d’Etat, des milliers de personnes ont protesté, parfois violemment, contre des caricatures publiées au Danemark. Il s’agit souvent de populations miséreuses et profondément croyantes qui sont instrumentalisées par des gouvernements corrompus ou des intégristes. Ils manipulent le sentiment religieux des gens à des fins, non pas spirituelles mais bassement politiciennes, pour conserver ou prendre le pouvoir en désignant un bouc émissaire.

Même si ces Etats ne sont pas tous des théocraties, l’Islam constitue le ciment de la vie sociale, et représente le dénominateur commun de ces peuples, à l’instar du catholicisme en France avant la Révolution. Le peuple miséreux écoute régulièrement « la bonne parole » prêchée dans les lieux de culte ou diffusée dans les médias officiels, et ne se révolte pas contre le pouvoir qui les maintient dans la pauvreté.

Une parole qui vient d’en haut, du religieux ou du tyran, et qui ne se discute pas puisqu’elle est censée être la parole de Dieu. Ces deux pouvoirs ne font pas du partage du savoir et de la lutte contre la pauvreté une priorité, puisque débarrassé de ses contingences matérielles basiques et disposant d’un minimum de connaissances pour élaborer sa propre pensée, le peuple risquerait de contester cette parole !

Tant que les peuples ne se délivrent pas de cette parole tutélaire et ne prennent pas la liberté d’interpréter et d’appliquer (ou pas) individuellement les préceptes religieux, l’obscurantisme, l’intolérance et la misère gouvernent leurs vies. Il a fallu des siècles au peuple français pour s’affranchir de l’emprise de la religion catholique et imposer qu'elle demeure confinée dans la sphère privée. En France depuis 1905, la religion est une affaire privée. L’Etat laïque garantit à chacun cette liberté individuelle en s’interdisant d’une part d’imposer une religion (ou une non religion) à la population, d’autre part de régir un culte, et enfin d’intervenir dans une polémique entre religions ou entre athées et religions… C'est dans ce cadre que chacun peut librement agir, penser, s'exprimer, critiquer, croire ou ne pas croire...

Dimanche dernier, quel malaise de voir des Français de confession musulmane manifester contre ces caricatures, comme le firent les catholiques lors de la diffusion du film de Scorsese « la dernière tentation du Christ ». Ces manifestations intégristes sont une insulte à l’histoire et à ceux qui combattirent l’intolérance religieuse, souvent au prix de leur vie, pour que nous puissions vivre aujourd’hui dans un Etat laïque. Dans Libé du 8 février, aux pages Rebonds, M. Ramadan, utilise comme d'habitude un discours politiquement correct et explique doctement que la société a aujourd’hui en son sein des Français de confession musulmane, et qu’en conséquence les règles de l’Etat français devraient tenir compte de cette évolution…

Il semblerait que les intégristes de tous poils souhaitent que l’Etat laïque évolue et intervienne dans les affaires relatives à la religion, non pas pour imposer leur religion (…?) mais pour établir une sorte de sanctuaire qui interdirait à la libre expression, et donc à la critique, de s’exprimer sur des sujets relatifs à elle. Or, délimiter ainsi la liberté de penser reviendrait à porter un coup fatal aux libertés. Cela ouvrirait une brèche dans laquelle s’engouffreraient ensuite d’autres exceptions, et l’on verrait peu à peu nos libertés se réduire.

Plutôt que d’imposer à l’ensemble de la population un retour progressif au Moyen Age, nos pas perdus conseillent à ces intégristes occidentaux, qui pouvaient s'indigner contre les attentats commis au nom de Dieu, de s’expatrier au Vatican ou à La Mecque.. Paraît que là-bas, ça arrache, un truc de ouf y paraît pour accéder au paradis dans une autre vie !