la tentation obscurantiste

un léger décalage...

Billet

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Depuis quelques semaines, le philosophe Redeker fait l'objet d'une fatwa pour avoir écrit un article guère flatteur sur l'Islam. L'objet du présent billet n'est pas de juger le contenu de l'article précité, mais de faire un point sur la liberté d'expression.

Cet auteur exerce pleinement sa liberté d'expression et peut penser ce qu'il veut du dernier match de foot de l'équipe des Îles Féroé, de Sarkozy, de Bush, de la politique culturelle, ou de telle ou telle religion. Ces sujets ne devraient pas susciter des réactions disproportionnées mais un débat contradictoire et démocratique.

Certains intégristes "softs" (d'apparence) comme Ramadan ont développé le concept d'Islamophobie qui renvoie à celui de judéophobie, d'homophobie et de tout ce qui se rapporte à "phobie". Au nom de ce néologisme, critiquer la religion Islamique devient un acte raciste. Le pire, c'est que certaines associations, situées traditionnellement à gauche, se sont fourvoyées avec lui au nom de l'anticolonialisme, en faisant abstraction des aspects les plus réactionnaires de sa pensée. Sur ce sujet, lire le livre de Caroline Fourest : "la tentation obscurantiste".

Or, assimiler la critique d'une religion à l'expression d'une pensée raciste est un abus de langage et de la malhonnêteté intellectuelle. Est raciste, celui qui juge ses semblables en fonction uniquement de leurs présupposées origines éthniques. Quand Redeker critique l'Islam, il ne désigne pas à la vindicte populaire un peuple ou une communauté éthnique particulière, puisque cette religion est autant pratiquée par les noirs, les beurs, les arabes, les blancs,les jaunes, les bleus, les verts, les rouges, ou les martiens, à l'instar des autres croyances religieuses.

Depuis les caricatures de Mahomet, on remarque un mouvement, encouragé d'ailleurs par certaines autorités religieuses, pour délimiter la liberté d'expression dans l'espace public. Certains parlementaires, comme E. Raoult, ont même failli déposer un projet de loi pour rétablir le blasphème, ce qui revient à interdire toute critique de la religion. Cette tendance est d'autant plus inquiétante que les plus hautes institutions républicaines, qui protègent Redeker des projets criminels des intégristes islamiques, lui ont vertement reproché de s'être exprimé librement sur l'Islam... Des pays voisins sont aussi concernés. Ainsi, la direction de l'opéra de Berlin a déprogrammé "Idomeno", une oeuvre de Mozart, face aux menaces des fanatiques religieux.

A quand le retour de l'Inquisition ? La liberté d'expression n'est pas de dire tout et n'importe quoi, et notamment de nier tel ou tel fait historique, comme le font les négationnistes ou le président actuel de l'Iran. Elle permet seulement aux uns et aux autres de vivre, de créer, de polémiquer, de caricaturer, de s'informer, d'apprendre, de lire, de se cultiver, de croire librement, de confronter et de débattre pacifiquement. Il va falloir que les religieux les plus éclairés fassent le ménage dans leurs écuries et inculquent à leurs chères ouailles que la liberté d'expression, pleine et entière, constitue la meilleure garantie pour pratiquer librement leurs cultes respectifs...