client ou usager de l'électricité ?

un léger décalage...

Billet

Le Big Bang Blog nous informe qu'un journaliste de France Inter s'extasiait devant la hausse de l'action EDF, au lieu de commenter une décision importante du Conseil constitutionnel..

M

Cette décision des "sages" n'a guère été relayée par les médias... Faut-il vraiment s'en étonner ? EDF est un gros annonceur qui dépense sans compter dans la publicité. En ces temps difficiles, certains médias n'ont pas les moyens ou le courage d'offenser un si généreux partenaire. Sans parler des médias contrôlés par des groupes industriels ou financiers qui n'ont pas intérêt à éventer une information qui nie les bienfaits supposés de l'idéologie dominante néo-libérale.

Par contre, cette info aurait du être largement diffusée par les médias du service public qui ne vivent pas exclusivement de la manne publicitaire. Au-delà de ces points, quelle est l'incidence des dépenses publicitaires de l'électricien sur les budgets liés à la recherche, à l'investissement, à la maintenance et à la sécurité ?

Hein ?? Soulever de telles questions et défendre le service public sont d'une ringardise achevée ! Le marché, le marché, achetez des actions, soyez un gagneur, et tant pis si l'on construit un modèle à la Enron !

Le gouvernement a tenté de vendre une privatisation indolore et incolore, c'est-à-dire sans aucune conséquence néfaste sur le pouvoir d'achat du consommateur. Mais, le Conseil constitutionnel a logiquement conclu que le service de l'électricité, n'étant plus un monopole public, deviendrait une prestation privée dont le montant serait librement fixée par le "marché"... Vous savez, cette fameuse et fumante "main invisible" qui équilibre naturellement l'offre et la demande...

A l'avenir, des entreprises vont s'installer sur ce nouveau marché, se livrer à une guéguerre commerciale, puis s'allier ou se racheter, et dans quelques années, à l'instar de la téléphonie ou d'internet, elles proposeront au consommateur un prix unique ou presque... Nous serons donc dans un système de quasi monopole privé, caractérisé par des prestations chères, inégalitaires (pas de péréquation territoriale), et sans doute de piètre qualité.

Dans ce futur monopole privé, le "consommateur-client" sera plus mal loti que le "citoyen-usager" de l'ex-monopole public. Autrement dit, satisfait ou mécontent, il ne pourra que consommer, alors qu'auparavant, sa qualité de citoyen, lui permettait de choisir la politique de l'opérateur public, détenteur du monopole du service public d'électricité...