argent trop cher...

un léger décalage...

Billet

Il ne s’est pas passé des lustres entre la cérémonie, culte et coûteuse, de Sarkozy comme candidat aux plus hautes fonctions de la République et la polémique déclenchée par un député de l’UMP sur la SCI du couple Royal – Hollande, constituée, selon lui, aux seules fins d’échapper à l’impôt sur les grandes fortunes. Après la réponse du couple socialiste et la publication de son patrimoine, les propos de ce député s’avèrent purement mensongers. Malgré les démentis de l’entourage de Sarkozy, ce fait révèle une stratégie de campagne bien établie.

Imposer un non débat :

Cette polémique montre le niveau où la droite veut situer le débat de la campagne présidentielle. Alors que son leader venait d’exposer sa conception de la France, d’expliquer son programme et de défendre son bilan de cinq années dans les gouvernements Raffarin et De Villepin, auprès des militants de l’UMP, ledit député n’a rien trouvé de mieux que de lancer une fausse affirmation, sur un ton accusatoire, plutôt que de relayer auprès des Français(es) la « bonne » parole de Versailles… En agissant ainsi, la droite interdit tout débat public démocratique. Elle récidive en refaisant le coup de 2002 avec la maison de l’Ile de Ré de Jospin pour déstabiliser l’adversaire. Elle avait ensuite embrayé, avec l'aide de médias complaisants, sur le thème de l’insécurité en dénonçant le supposé laxisme de la gauche. Cinq ans plus tard, son bilan n’est guère flatteur, à tous les niveaux. Dès lors, on comprend mieux sa volonté de transformer le débat politique en un non débat.

Pour la droite, le pouvoir est une chose naturelle. Que la gauche puisse gouverner lui semble une véritable incongruité. Pour elle, la gauche au pouvoir est illégitime. Durant des années, le Front Populaire fut présenté comme le principal responsable de la défaite de 40 malgré les faits. La dénonciation des 35 heures qui affaibliraient la France participe à la même logique. La gauche est juste bonne pour l’opposition, et la droite pour le pouvoir. CQFD… Alors pour conserver ce pouvoir, la droite est prête à tout. Aux mensonges assénés sur le ton de l’évidence comme nous venons brièvement de le voir, en attaquant les personnes, si possible du côté du portefeuille… Il est vrai qu’en matière d'argent, l’UMP ne fait jamais dans la demi-mesure.

Un show culte et coûteux :

Le congrès d’investiture de dimanche dernier au parc des expositions de Versailles s'apparentait plus à une manifestation organisée en l'honneur du cher camarade leader d’un pays communiste ou du duce d'un mouvement fasciste, qu’au congrès d’un parti démocratique. D’ailleurs, il n’y avait qu’un seul candidat en lice à l'investiture à la candidature : l’opposante virtuelle, Alliot-Marie s’était ralliée quelques jours avant ce congrès, démontrant ainsi que les débats présentés par Raffarin n’étaient que des simulacres d’une vie démocratique interne, et l’autre, Dupont-Aignant, a préféré quitter l'UMP qui lui interdisait de s'exprimer à armes égales...

Le spectacle au parc des expositions fut grandiose. En cette période de soldes, l’UMP n'a pas lésiné en dépensant trois millions cinq euros. Oui, 3,5 millions d’euros. 3 500 000 euros soit 24 millions de francs. Cela ne vous parle pas ? Vous n’êtes pas habitué(e) à manier de telles sommes ? Pour les imaginer concrètement, comparez-les à des sommes plus modestes. Par exemple, au salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) ou au revenu minimum d’insertion (RMI). Sachant qu’un SMIC s’élève 1254,28 euros bruts mensuels pour un salarié qui travaille à temps complet, ces 3,5 millions d’euros représentent le salaire annuel brut de plus de 323 smicards. Si vous prenez comme référence un titulaire du RMI, avec ou sans enfant à charge, ces 3,5 millions d’euros équivalent aux revenus annuels de 650 à 10 000 rmistes… Pas mal, non ?

Démagogie ? Non. La démocratie a un coût. C’est regrettable penseront certains, mais c’est le système politique le moins pire puisqu’il permet des alternances, et économiquement le moins dispendieux puisque les situations de corruption peuvent être dénoncées et condamnées. Alors, il faut l’accepter comme un mal nécessaire qui évite des maux bien plus redoutables. Mais, ces 3,5 millions pour l’organisation d’un congrès sont tellement exorbitants et disproportionnés, voire indécents, qu'ils paraissent plus servir à l’édification du culte de la personnalité d’un candidat mégalomane qu'à la démocratie.