vous avez dit pandémie grippale ou épidémie des sondages?

un léger décalage...

Billet

Une certaine fièvre se répand dans les milieux médiatiques. Certains se croient au 2d tour et échafaudent déjà des hypothèses plus farfelues les unes que les autres avec des duels, Sarkozy - Bayrou ou Royal-Bayrou ou encore... Cela permet aux uns et aux autres de ne pas aborder les véritables enjeux de l'élection présidentielle.

L

Ces derniers temps, Bayrou semble avoir le vent en poupe. Au plan des idées, son positionnement plus à gauche semble opportuniste. C'est bien lui qui fut ministre de Chirac et de Balladur et qui soutint la réforme de la loi Falloux et le Smic jeune au rabais (CIP) qui étaient d'inspiration très droitière.

Bayrou est censé représenter le centre. Un centre indépendant. Par quelques coups au niveau national, il souhaite cacher, tel l'arbre qui cache la forêt, que les élus centristes gouvernent des villes et des départements ainsi qu'une région en compagnie de l'UMP. Son indépendance est toute relative. Le centre a toujours gouverné avec la droite sous la Cinquième République. S'il l'emporte, ce sera sans doute avec des voix de gauche comme Mitterrand face à Chirac en 88 grâce à l'apport des voix centristes, mais son gouvernement sera essentiellement composé de politiques de droite, avec quelques personnalités de la société civile et d'opportunistes de gauche sur le retour, mais il n'enclenchera pas une dynamique politique.

Au pouvoir avec l'UMP, aura-t'il les coudées franches? Non. On revivra un scénario "je t'aime moi non plus" à la VGE - Barre des années 76-81... avec Sarkozy dans le rôle du Chirac vengeur le couteau entre les dents qui attendra son heure. Un genre de cohabitation où le président Bayrou inaugurera les chrysanthèmes. Dans ce schéma, la France risque d'être paralysée avec un président Bayrou, un gouvernement hétéroclite et une assemblée nationale qui se neutralisent.

Bayrou ressemble au Delors des années 90, populaire mais ne disposant d'aucun moyen pour gouverner... C'est pourquoi Delors avait eu la sagesse de renoncer à se présenter. C'est sans doute cette raison (parmi d'autres) qui a incité deux centristes, Blanc et Santini à rejoindre Sarkozy bien avant le 1er tour.

Alors, ne retombons pas dans les erreurs du passé en faisant confiance aux sondages et en se laissant influencer. Les sondages polluent l'espace politique. On parle du 2ème tour avant que le 1er tour ne soit passé. C'est vraiment de l'intox voire de la manipulation! Pour Royal, l'important est le rassemblement des voix de la gauche pour ne pas être éliminée au soir du 1er tour. Les sondages qui donnent aujourd'hui untel ou untel gagnant au 2d tour n'ont aucune valeur. Ils donnent la fièvre aux médias qui ne traîtent pas les enjeux de cette élection, les différences entre les candidats et le bilan des 5 années du couple Chirac-Sarkozy. En 2002, Jospin se voyait déjà au 2d tour, les sondages prédisaient sa victoire... En 1995, Balladur également! On connait la suite.