Comment Sarkozy va liquider la sécurité sociale...

un léger décalage...

Billet

Il y a à peine un an, comme le rappelait le Canard Enchaîné du 11 juillet 2007, les médias traditionnels reprenaient en choeur les déclarations tonitruantes du ministre de l'époque, le brillantissime Douste-Blazy. Sa réforme, forcément courageuse, allait sauver la sécurité sociale !

Aujourd'hui, les mêmes, la droite et lesdits médias, sans doute frappés d'amnésie, nous présentent une énième réforme car la sécurité sociale cumule un déficit

Se posent déjà un certain nombre de questions :

_Comment se fait-il que la sécurité sociale soit si mal en point malgré la généralisation des médicaments dits génériques ?

_Comment se fait-il aussi que la réforme de Douste-Blazy soit un tel échec alors que les commentateurs les plus médiatiques, nous faillîmes dire "les plus compétents", estimaient que l'euro payé par le patient, la fidélisation à un médecin et d'autres mesures allaient sauver la sécu ?

_Comment se fait-il enfin qu'en période de forte décrue du chômage, c'est bien ce que les acteurs susnommés annoncent chaque mois depuis plus de 24 mois, qui entraîne mécaniquement une hausse du nombre de cotisants et une baisse des allocations attribuées aux anciens chômeurs, la sécurité sociale ne se porte pas mieux ? Pour mémoire, lors des deux dernières années du gouvernement Jospin, la baisse du chômage avait permis à la sécurité sociale de rééquilibrer ses comptes... Alors, nous aurait-on menti sur les chiffres du chômage ?

Comme le démontre Julien Duval dans "Le mythe du "trou de la sécu", les gouvernements successifs n'ont pas voulu contribuer au besoin de financement de la sécurité sociale. Ce "trou" révèle un choix politique : celui du capital contre le travail. Et, Sarkozy continue sur cette voie puisqu'il va prévoit de nouvelles exonérations de charges sociales...

De plus, selon un rapport de la Cour des comptes de 2003, le fameux trou de la sécu provient de sommes non reversées :

_1,2 milliard de la taxe sur les industries polluantes ;
_1,6 milliard des assurances auto pour les accidentés de la route ;
_1,9 milliard de retard de paiement par les entreprises ;
_2 milliards de TVA ;
_2,1 milliards de retard de paiement pour les contrats aidés ;
_3,5 milliards non reversés à la sécu sur les taxes de l’alcool;
_7,8 milliards sur les taxes sur le tabac.

Si ces sommes (20 milliards d'euros en 2003) qui varient chaque année étaient reversées, personne ne parlerait du trou de la sécu. Les sommes brassées par la sécu sont importantes. Près du cinquième du PIB. La santé et la retraite ouvrent les appétits des capitalistes. N'oublions pas que pour les plus libéraux, qui font abstraction de l'histoire en omettant la Résistance et les luttes sociales, la sécurité sociale relève quasiment de l'URSS... Les lobbies et les institutions inféodées au discours ultra-libéral espèrent à moyen terme la privatisation de ces deux branches de la sécu.

Pour privatiser la sécu, il faut préparer le terrain en associant divers éléments :

1 assécher les sources de financement de la sécu;
2 ne pas payer ses dettes à la sécu (Etat et entreprises);
3 alourdir les dépenses de la sécu;
4 créer un déficit abyssal sur plusieurs années,
5 épicer le tout de quelques scandales (administrateurs pas toujours réglos, faux malades, parasites);
6 imposer discours libéral dominant et omniprésent qui vante la supériorité des entreprises privées dans le domaine de la gestion;
7 manipuler des médias serviles qui servent de caisses de résonance;
8 avoir un gouvernement qui est le meilleur représentant des intérêts des lobbies;
9 présenter chaque année une réforme pour améliorer les finances de la sécu;
10 faire porter le poids de toute réforme sur les assurés sociaux pour limiter les bienfaits de la sécu.

Ces dix points sont bien présents. Un jour, le président (peut-être Sarkozy), le gouvernement, les spécialistes économiques, les groupes d'assurances et les médias traditionnels, la droite aussi, nous diront avec gravité que tout a été essayé pour sauver la sécurité sociale mais qu'il faut maintenant confier sa gestion au secteur privé... Et pendant ce temps, le gouvernement Fillon et sa ministre Lagarde offrent un cadeau de plus 13, 5 milliards d'euros à une minorité de privilégiés !