Tandis qu'une moitié du pays profite des congés payés (spéciale dédicace au mouvement ouvrier!), le gouvernement Fillon entend instaurer un service minimum dans les transports. Bien entendu, comme le démontre l'excellent "partageons mon avis" , cette réforme est démagogique et clientéliste. De plus, les périodes où tous les transports en commun sont en grève à 100 % se révèlent rarissimes.
Cette réforme est également dangereuse. Le gouvernement Fillon entend imposer aux fonctionnaires de déclarer 48 heures à l'avance leur intention de faire grève. On imagine, surtout dans les petites structures, les pressions qui s'exerceront sur les gens. Bref, ici, il s'agit, ni plus ni moins, de la remise en cause de l'exercice d'un droit constitutionnel.
Voyez déjà comment le service minimum, qui ne devait frapper que le secteur des transports publics, commence a être débattu au sujet de l'Education nationale...Après tout, on ne voit pas pourquoi une telle disposition concernerait exclusivement le secteur public? Au nom d'on ne sait quoi (la liberté d'exploiter ou d'entreprendre, allez savoir?), cette déclaration préalabre de l'exercice du droit de grève risque de faire tâche d'huile... Ainsi, avec un droit de grève impossible à exercer, toutes les réformes devraient passer.
En écoutant la droite et les médias traditionnels (pléonasme ?), on croirait que l'exercice du droit de grève n'obéit pas à certaines règles, par exemple le dépôt d'un préavis de grève 5 jours avant. Ledit préavis devant permettre aux partenaires sociaux de discuter. Et puis si la grève devient effective, les mêmes oublient d'évoquer la réquisition : l'Etat, par l'intermédiaire des préfets, peut toujours réquisitionner un certain nombre de fonctionnaires pour les contraindre à travailler.
Mais de ces moyens-là, la droite et les médias traditionnels, si friants de déclarations tonitruantes et d'interviews trottoirs, les omettent. Ils préfèrent parler de "prise d'otages"... "Les usagers, les clients sont pris en otages"... Bin voyons, c'est le genre d'introduction qui permet d'examiner avec neutralité un conflit entre une direction et des travailleurs... C'est aussi un moyen d'envenimer les choses, et de rendre impopulaire l'exercice du droit de grève. De dresser les usagers et les clients contre le voisin qui ose se mettre en grève...
L'usage de l'expression "prise d'otages" prouve que de nombreux médias traditionnels quittent le rôle d'observateur qui leur est dévolu... Sous des dehors d'objectivité, ils prennent position. Cet usage immodéré de "prise d'otage" représente également un double abus de langage qui :
- jette le discrédit sur les grévistes en les désignant comme des criminels; - et surtout, banalise la souffrance des vrais otages (Betancourt, Kieffert) et de leurs proches.
Mais pour imposer toutes ses réformes antisociales, la droite n'a aucun préjugé, ni remord. Tous les moyens sont bons. Elle dispose de nombreux alliés dans les médias traditionnels pour inoculer sa pensée unique..