Sur sa lancée, elle affirma que: « nos démocraties ne doivent pas faire preuve de faiblesse ! Il faut appliquer la loi du talion… Tirer dans le tas comme Israël puisque les « « arabeuuuux » n’ont aucune reconnaissance alors qu’ils nous doivent tout ! Il ne faut pas être sentimentaux, femmelettes, couilles molles , et tant pis si dans le tas, il y en a qui n’ont rien à voir avec les poseurs de bombes : ça fera de la racaille en moins, cette sale race a le vice dans la peau, c’est moi qui vous le dis !».
Evidemment, nous fûmes plusieurs à intervenir pour réfuter ses propos. Lui dire que la loi du talion relevait d’une justice primaire, voire primitive et barbare. Qu’au fil du temps, cette conception de la justice avait été abandonnée par les régimes politiques, respectueux des droits de l’Homme. L’exemple du conflit israëlo-palestinien prouve, d'ailleurs, que le « œil pour œil et dent pour dent » n'offre aucune perspective de paix. Cette "justice"-là fabrique des martyrs et alimente la folie guerrière des extrémistes des deux camps.
Pour enfoncer le clou, d'autres dirent que, contrairement aux apparences, les démocraties bourgeoises ou capitalistes montrent, au contraire, leur force en respectant le cadre de l'Etat de droit, par leur refus de pratiquer une justice d’exception, et de se laisser influencer par les terroristes et leurs complices, ou par ceux qui pour les combattre vantent des méthodes aussi barbares.
D’autres collègues encore contrèrent sa thèse sur le soi-disant « vice inné des arabeuuuuuux » en comparant cette théorie à l’antisémitisme. Elle affirma qu’ils dénaturaient sa pensée, qu’elle avait vécu à Oran en bonne intelligence avec « eux ». Certains étaient même devenus ses amis avant qu’un vent passionnel ne les transforme. « Ils étaient heureux avant l’indépendance, et regardez dans quel état ils ont mis l’Algérie ». Les mêmes rétorquèrent qu'ils n'étaient pas les seuls responsables et que la France avait sa part…
Bref, ce fut un dialogue de sourds. Frétillou resta vaillamment sur ses positions, toute seule. A bout de nerfs, elle conclut par un : « bon, allez ouste, j’ai du travail moi ! ». L’atmosphère fut ensuite quelque peu électrique. Quand, en fin de journée, le chef osa lui demander, pendant qu'elle faisait une réussite, d'aller faire des photocopies, elle répondit : « j’ai du boulot, demandez à Codde il ne fout rien ». Tandis qu’il déposait les feuillets à reproduire, elle cliqua sur l’écran pour dissimuler son jeu, puis se leva. On l’entendit soupirer et maugréer dans le couloir contre le « terrorisme intellectuel » qui sévit à l'étage…