Mosanto : au nom du fric et du néo-libéralisme

un léger décalage...

Billet

Le documentaire de Marie-Monique Robin, diffusé mardi soir sur Arte, est édifiant à plus d'un titre.

Au-delà des fameux OGM, ce reportage dévoile le pouvoir tentaculaire de cette multinationale. L'influence de Mosanto sur "les mondes" politique, scientifique, économique, et sur celui du citoyen lambda, est véritablement incroyable. Un pouvoir qui s'étend aussi sur le "vivant" végétal et animal.

A côté, nos bisbilles franchouillardes, municipales, européennes relèvent de l'anecdote.

Le reportage débute dans une petite ville américaine où Mosanto possède une usine depuis des décennies. C'est l'histoire, hélàs banale, d'une pollution environnementale dont les conséquences humaines sont désastreuses, le tout sur fond de cynisme politico-économique et de ségrégation sociale et raciale... On apprend que Mosanto qui connaissait, depuis le début de la production, les dangers du pyralène, n'a pas hésité à contaminer toute une population avec la bénédiction de l'administration...

Tout au long de son histoire, Mosanto a menti. Elle fut parfois lourdement condamnée. Mais comme le démontre certains intervenants, les sommes demandées par la justice, aussi lourdes pouvaient-elles paraître, demeuraient ridicules. Elles n'ont pas contraint la firme à modifier ses pratiques.

Marie-Monique Robin démontre que la montée en puissance de Mosanto correspond à l'application d'une politique néo-libérale avec Reagan au pouvoir. Le mot d'ordre était de simplifier, de débureaucratiser, d'alléger, de dérèglementer...

Par conséquent, les scientifiques de l'administration en charge de la sécurité alimentaire furent déconsidérés : des bureaucrates qui handicapaient l'économie américaine! L'administration préféra faire directement confiance aux études scientifiques fournies par la firme pour autoriser ensuite l'introduction des OGM sur le marché : plus rapide, plus simple, moins coûteux !

Enfin, Mosanto imposa sa propre définition à l'administration : l'OGM devient un organisme aussi naturel que les semences et les plantes qui n'ont jamais été modifiées génétiquement, donc les OGM sont sans danger !

Comme nous le prouve ce documentaire, Mosanto est une firme qui n'a toujours eu qu'un seul objectif : gagner le maximum d'argent sans considérer les risques sur l'environnement et la population.

Mosanto n'a jamais hésité pas à employer des moyens très limites :

  • cacher les expertises scientifiques gênantes réalisées en interne, comme pour le pyralène, le fameux PCB;
  • bidonner des études scientifiques (irrespect des procédures) ou n'en dévoiler qu'une partie;
  • déconsidérer les scientifiques dont les conclusions lui paraissent défavorables par des campagnes de presse ou par le web;
  • faire pression pour virer lesdits scientifiques qui ont preuve d'indépendance;
  • introduire illégalement des OGM (cas du Paraguay mis devant le fait accompli);
  • avoir une position quasi monopolistique sur le marché;
  • contaminer les semences et les plantes existantes pour imposer ses OGM;
  • poursuivre en justice des agriculteurs en les accusant d'utiliser ses semences sans payer la licence;
  • pratiquer la technique "portes tournantes" en employant des dirigeants et des scientifiques venues de l'administration et vice versa (sorte d'entrisme à la sauce capitaliste.

Et comme Mosanto est parvenue à s'imposer à l'administration américaine, elle arrive peu-à-peu à imposer ses produits dans le monde. Un documentaire passionnant et inquiétant qui prouve que le vivant est en danger de mort. Au nom du fric !