Grèce, la révolution qui vient malgré les médias

un léger décalage...

Billet

Depuis dimanche, il est un résultat électoral qui reçoit peu d'écho dans les médias dominants, bien trop occupés à pipoliser la personne et l'entourage du nouvel élu. Les élections législatives grecques ont été mal et peu traitées par nos médias dominants alors que leur importance est aussi grande que la présidentielle française.

syriza.jpg

Pour comprendre les résultats grecs, il faut revenir sur la politique d'austérité infligée au peuple grec par la troïka néolibérale (l'Union européenne, la Banque centrale européenne, et le Fonds monétaire international):

  • après une écrasante victoire sur un programme de gauche, les socialistes grecs se soumettent aux diktats de la troïka en appliquant une politique austéritaire qui se durcit au fil des mois. L'objectif est de mettre un terme à la gabégie financière et de réduire la dette publique pour entrer dans les critères du traité de Lisbonne. La situation politique devenant très instable (une quinzaine de grèves générales réprimées durement, voire mortellement), le président du PASOK et de l'Internationale socialiste forme un gouvernement d'union nationale avec la droite et l'extrême droite : sous les applaudissement de la démocratique UE, de la droite et du parti socialiste européen !!!
  • depuis les 2009, les 9 plans d'austérité ne réduisent pas l'endettement public mais l'aggravent. Ils provoquent la récession économique (-14 % du PIB depuis 2008). Les marchés profitent de la situation en imposant des vagues de privatisations qui privent le peuple grec de ses richesses ! La Grèce subit une sorte de mise sous tutelle, voire d'occupation qui ne dit pas son nom, pour l'exclusif profit des marchés.
  • la régression sociale : 20 % de la population active dont 50 % chez les moins de 26 ans au chômage, salaires et pensions de retraite divisés par deux, suppression du droit du travail au niveau national, médicaments et soins quasiment plus remboursés, augmentation du coût de la vie (hausse du prix des hydrocarbures), réapparition de certaines maladies...

Le système social est dans un état de délabrement avancé et la misère sociale si répandue que ce sont les ONG qui permettent à la population de s'alimenter à peu près normalement et de recevoir des soins !

Pour plus de détails, il faut écouter Grèce : le mal de dette, un reportage passionnant et édifiant d'Interception, une émission de France Inter..

Aussi, il n'est pas étonnant que les élections législatives marquent le ras-le-bol de la société grecque. Mais de ces élections, les médias dominants français n'en ont d'abord retenu que deux éléments :

  • la défaite des partis dits traditionnels (Nouvelle démocratie et PASOK) qui ont recueilli à eux deux à peine plus de 30 % des voix contre 80% auparavant;
  • l'élection d'une poignée de députés néo-nazis .

Circulez, il n'y a rien à voir !

A l'instar de leurs analyses du 1er tour de la présidentielle française, les médias dominants ont préféré mettre en exergue l'extrême droite pour minimiser ou censurer la progression spectaculaire des forces de gauche hostiles à la politique austéritaire de la troïka (FMI-UE-BCE) et à l'idéologie dominante.

Ils ont ainsi réussi à faire apparaitre un succès en un échec, alors qu'avec plus de 11 % des voix et plus de 4 millions d'électeurs, le Front de gauche devient la 2ème force de gauche et contribue pour les 3/4 à la progression de la gauche.

De même, il a fallu que le leader de Syriza soit officiellement investi par le président Grec pour qu'ils s'intéressent enfin à ce Front de gauche grec !

C'est tout de même consternant, et politiquement instructif que les médias dominants éprouvent autant de difficultés à informer les citoyen-ne-s que la coalition de la gauche de la gauche, Syriza - hostile à l'idéologie dominante - est devenue la 2ème force politique grecque, en triplant son score, ratant de peu le bonus de 50 députés supplémentaires accordé au vainqueur.

Pourquoi cette information tronquée, maltraitée, voire censurée ?

Pourquoi la nationalisation d'une compagnie pétrolière en Argentine est passée sous silence ? Pourquoi l'Islande n'est pas l'objet de plus d'articles et de reportages? Pourquoi ce silence sur tous les pays qui ont rompu avec l'orthodie néolibérale ?

Mais revenons à la Grèce...

legislativesgrece.jpg

D'après le tableau de Paul Jorion, ci-dessus, il est peu probable que Syriza, à moins d'alliances inattendues ou de scissions au PASOK ou au KKE, forme un gouvernement stable qui s'appuie sur une majorité au parlement. Le peuple grec devrait retourner aux urnes...

Au vu des réactions suscitées par la perspective d'un gouvernement de Syriza, Il est fort probable que les prochaines élections législatives seront troublées par une campagne médiatique de manipulation et de chantage orchestrée par l'oligarchie locale et la troïka, pour dissuader le peuple de voter majoritairement pour les candidats du Front de gauche grec...

Commentaires

1. Le jeudi 10 mai 2012, 15:45 par Un partageux

... dissuader le peuple de voter majoritairement pour les candidats du Front de gauche grec..."

Quand Sarkö-le-petit-zizi te commande voter pour lui, en causant du désordre et tutti quanti, tu es encore plus déterminé à voter comme bon te semble ! M'étonnerait pas que les Grecs soyent un peu comme toi... ;o) Et qu'un nouvelle élection ne fasse que conforter la montée de Syriza. Avec deux points de plus Syriza devient le premier parti et peut prendre la tête d'une coalition de gauche.

Steph, je t'aime bien mais ta machine est agaçante. Pourquoi veut-elle toujours tester mes connaissances en mathématiques quand je commente tes textes ? ;o) Et toi, tu sais combien font deux plus deux ? Sans chercher avec Google ? ;o)

Partageux additionneux

2. Le jeudi 10 mai 2012, 16:03 par pamphile

Ils sont au bout de leurs contradictions les oligarques !
Et si la Grèce constituait le détonateur ?

3. Le jeudi 10 mai 2012, 16:26 par des pas perdus

En effet Hubert. L'addition permet de dissuader les spams de polluer cet espace...

Pamphile : à voir....

4. Le vendredi 11 mai 2012, 19:40 par Jérémy

Syriza refuse de participer à une coalition PASOK/ND, et DimAr également. Bref, on se dirige vers de nouvelles élections en Grèce, qui auraient lieu le mois prochain. Et si Syriza se présente en tant que parti (et non en tant que coalition) et qu'ils terminent 1er, ils pourraient obtenir le bonus de 50 sièges. <a href="https://twitter.com/#!/search/realtime/%23FrGrNews">À suivre...</a>

5. Le vendredi 11 mai 2012, 19:40 par Jérémy

Le lien:
https://twitter.com/#!/search/realtime/%23FrGrNews

6. Le vendredi 11 mai 2012, 22:12 par Cardamone

Oui, la situation sociale en Grèce a vraiment l'air terrible! Le contraste entre la façon dont on a sauvé la finance sans y mettre aucune condition et ce qu'on fait subir aux Grecs, c'est vraiment un truc que je n'arrive pas à avaler

7. Le samedi 12 mai 2012, 06:52 par babelouest

L'oligarchie du pèze a voulu prendre la Grèce pour laboratoire, afin d'y expérimenter un accroissement de sa dictature. Comme le savant Cosinus, elle pourrait bien tout perdre dans l'affaire, et se retrouver avec un raz-de-marée inverse : boum !

C'est tout ce qu'on peut souhaiter.

8. Le samedi 12 mai 2012, 15:45 par des pas perdus

Bien d'accord avec vous, espérons que ça se débloque.

9. Le dimanche 13 mai 2012, 12:52 par flo

Question médias, je m'interroge: pourquoi le Guardian, qu'on dit pourtant de "centre-gauche" publie-t-il beaucoup d'analyses "hors des clous" que les journaux français? Même le New York Times s'y met...

10. Le dimanche 13 mai 2012, 21:46 par des pas perdus

ils sont peut-être plus lucides que les journaux français...