Le candidat FN a la tête de l'emploi... fictif

un léger décalage...

Billet

A l'occasion des élections municipales dans le 18ème arrondissement de Paris, le FN ressert un vieux plat à peine décongelé du RPR des années 80-90 en la personne de Charles Philippe Martel, l'ancien directeur de cabinet d'Alain Juppé à la mairie de Paris.

Philippe Martel est surtout le tout récent directeur de cabinet de Marine Le Pen, un poste important et stratégique dans l'appareil frontiste. Malgré quelques casseroles de l'époque du règne chiraquien, l'ex-protégé du n°2 du RPR est devenu celui de la n°1 du FN : chapeau l'artiste, belle progression de carrière.

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Philippe Martel est un de ces oligarques issus des plus grandes écoles de la République qui militent de fraiche date au FN [1], ce qui en dit davantage qu'un long discours sur la faiblesse de l'enseignement républicain qui est dispensé à ces "élites" qui se reproduisent grâce au système éducatif. [2]

Le traitement médiatique et le recrutement de Philippe Martel recèlent plusieurs enseignements.

1 - Une telle adhésion marque le traditionnel ralliement d'une partie des "élites" à l'extrême droite pour faire barrage à la gauche anticapitaliste et préserver les privilèges de la bourgeoisie en cas de grave crise sociale et politique, conformément à la fameuse antienne de la droite française des années 30 :

plutôt Hitler que le Front populaire !

2 - Dans une interview, l'intéressé confirme la dérive droitière de la droite classique [3], laquelle comme le dénonce le Front de gauche légitime le discours du Front National, banalise le vote pour l'extrême droite et, in fine, favorise des transferts de personnels entre la droite dite classique et l'extrême droite.

3- De tels transferts n'auraient guère été possibles sans la complaisance des médias dominants dans l'entreprise de dédiabolisation ou de relooking du FN de l'héritière Le Pen[4]. L'article de l'oligarque Michelle Cotta dans le Nouvel économiste, Philippe Martel: prise de guerre, est un modèle du genre, ainsi qu'une interview dans Le Point, introduite par ces quelques lignes [5] :

Il peut s'en passer, des choses, au cours d'un déjeuner. Un proche d'Alain Juppé peut par exemple se changer, par une recette inattendue, en proche de Marine Le Pen. Présenté à la présidente du Front national par son camarade de promotion à l'ENA, Paul-Marie Coûteaux, Philippe Martel, ex-militant du RPR qui n'avait jamais voté FN, a ainsi décidé de rejoindre le parti d'extrême droite. Lui qui avait dirigé le cabinet du maire de Bordeaux au Quai d'Orsay dirigera désormais celui de la candidate frontiste. Une belle "prise" pour le FN, qui cherche toujours à prouver son professionnalisme et à renforcer sa crédibilité. C'est d'ailleurs la première mission de Martel, chargé d'apporter son expérience "technique" sur "comment faire tourner un parti au quotidien" et d'aider au recrutement "de contributeurs pointus dans tous les domaines" grâce à ses nombreux réseaux.

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Belle "prise", casseroles incluses que Phalène de La Valette, la journaliste qui écrit aussi dans Valeurs Actuelles, n'évoque bizarrement à aucun moment...

4 - La présence dudit Martel révèle également que le FN est passé du relooking à l'étape de la professionnalisation de son encadrement dans sa conquête du pouvoir en recrutant des énarques et des hauts fonctionnaires qui profitent de la banalisation de l'idéologie de la préférence nationale, de la complaisance des médias dominants et du relativisme ambiant... où des lepénistes de la dernière heure sont présentés ou se présentent eux-mêmes comme des gaullistes dans un parti qui comptent pourtant parmi ses fondateurs des gens condamnés pour des faits de collaboration avec le régime de Vichy et l'occupant nazi... Des détails pour certains médias dominants !

5 - Toutefois, le FN éprouve encore des difficultés à recruter parmi "l'élite", quitte à être en flagrante contradiction avec son discours officiel, moralisateur et donneur de leçons, puisqu'il n'a pas hésité à recruter un des 7 emplois fictifs d'Alain Juppé au temps où Chirac était le maire de Paris. [6]

Ce vieux représentant emblématique du système Chirac, symbole d'une gestion municipale clientéliste et dépensière, affiche d'ailleurs son ambition :

Reconstruire le RPR des années 80... [7]

No comment.

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Notes

[1] Marianne - Les énarques du FN

[2] Une reproduction sociale qui permet de légitimer et de faire perdurer les inégalités sociales et les privilèges d'une oligarchie qui bénéficie des voies républicaines pour passer quelques années dans la haute fonction publique avant de pantoufler dans le privé pour faire fortune, ou faire carrière en politique.

[3] JDD - Martel : "Pourquoi je passe de Juppé à Le Pen"

[4] des pas perdus - Sous le vernis bleu marine, le brun...

[5] Le Point - Martel : "Marine Le Pen ne dérape jamais"

[6] Pour ces emplois fictifs, Juppé a été lourdement condamné par la justice à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité.

[7] L'Express - Philippe Martel, l'homme de Juppé passé chez Le Pen