Sujets du capitalisme absolu ?

un léger décalage...

Billet

Ces derniers jours, deux informations, apparemment sans importance pour les médias dominants, ont retenu mon intention.

vn.jpg

La première est la décision du 3 octobre 2013 de la Cour européenne de justice qui, au nom du respect de la sainte concurrence, remet en cause l'obligation de cotisation à une caisse publique d'assurance-maladie, ce qui in fine est susceptible de détruire la sécurité sociale française. [1]

La deuxième est relative à la destitution du maire de Bogota, sur décision de justice, parce qu'il aurait nuit aux principes constitutionnels de libre entreprise et de concurrence en retirant la concession de la collecte d'ordures à des entreprises privées au profit d'une entreprise publique. [2]

Elles sont caractéristiques de notre époque, marquée du sceau du néolibéralisme dominant, où les intérêts particuliers des firmes priment sur l'intérêt général des peuples avec la complicité active des gouvernements.

Celle de Bogota est annonciatrice du futur d'une Europe totalement dominée par les firmes privées. Depuis le 14 juin 2013, la commission européenne négocie avec les États-Unis les termes du futur Grand marché transatlantique. [3]

ciels.jpg

Sauf erreur de ma part, les peuples européens ne seront pas plus consultés directement pour ratifier l'accord le traité sur le grand marché transatlantique (TGMT) qu'ils ne l'ont été pour mandater Barroso et sa clique de technocrates à négocier.

Presque partout, en particulier en Europe, la démocratie est une pratique très circonscrite par l'oligarchie car susceptible de contrevenir aux intérêts du Capital... Il ressort de ce constat que le TGMT sera imposé aux peuples.

D'après les informations qui fuitent, le TGMT sera constitué par un arsenal de règles juridiques qui créera une zone de libre échange entre l'UE et les USA. Les rares fois où les politiciens et les éditocrates néolibéraux de tous poils s'expriment sur le sujet, c'est pour vendre un grand marché qui boosterait la croissance économique et les créations d'emplois.

Ce rêve suranné n'en pas sans rappeler celui de l'euro avec la transformation de la CEE en Union européenne. Chacun peut constater que ce rêve est exclusivement devenu réalité pour le patronat et l'oligarchie, mais un cauchemar pour le peuple.

Les promoteurs du rêve néolibéral se gardent bien de mentionner une information capitale : les dogmes de l'idéologie néolibérale seront érigées en loi supérieure comme en Colombie.

capitalisme.JPG

En d'autres termes, les règles de la concurrence libre et non faussée seront supérieures aux autres. Concrètement, les entreprises privées pourront faire condamner - via des tribunaux spéciaux - des états, des collectivités locales, des personnes publiques aux motifs que la législation et la réglementation empêchent la libre concurrence.

Aucun secteur d'activité ne sera préservé des lois du marché. Les services publics non régaliens disparaitront, ainsi que le secteur coopératif et mutualiste. De surcroit, toutes les règles relatives au travail, à l'hygiène, à la traçabilité, à l'écologie ou à la santé, c'est-à-dire toutes les règles susceptibles d'entraver la liberté d'action des firmes seront considérées comme des barrières douanières ou des éléments qui faussent la libre et entière concurrence.

Par conséquent, dans bien des domaines, le peuple n'aura plus son mot à dire. La démocratie sera réduite à une peau de chagrin, aux questions sociétales. Pour le reste, l'économie, le social, la santé, l'éducation ou l'écologie entreront dans le domaine réservé des firmes. Les États seront réduits à défendre les intérêts particuliers des firmes contre l'intérêt général du peuple.

Bref, l'actuelle régression sociale apparaitra comme une douce médecine après l'entrée vigueur du grand marché transatlantique, dans lequel les peuples européens deviendront les sujets du capitalisme absolu.

Notes

[1] M'PEP - Nouvelle offensive de l'Union Européenne contre la Sécurité Sociale

[2] Bab : viré par un procureur, pour avoir rendu au public un service public (Colombie)

[3] Fondation Copernic - Le grand marché transatlantique contre les peuples