Candidature commune : la défaite assurée de la gauche

un léger décalage...

Billet

Ces derniers temps, la gauche semble obsédée par la présidentielle et plus précisément par la recherche d'un sauveur ou d'une sauveuse dont le portrait robot est le suivant : quelqu'un ou quelqu'une de consensuel-le, plutôt expérimenté-e, et, surtout cajolé-e ou épargné-e par les médias.

Ainsi, Lucie Castets vient de remettre de l'eau au moulin des propagandistes d'une candidature unique à gauche.

Elle propose divers modes de désignation du candidat ou de la candidate : une primaire classique inter partis, une concertation des organisations politiques ou une convention qui serait un mix des deux précédents.

L'ex future première ministre du nouveau front populaire considère que la question du programme est actée. Grosso merdo, ce sera celui du NPF avec quelques aménagements.

Elle estime ainsi que la victoire de la gauche à la présidentielle dépend essentiellement du casting et du choix du candidat commun.

Ce faisant, Lucie Castets commet une erreur fondamentale. D'abord parce que le succès électoral du NPF aux dernières législatives, somme toute relatif, tient essentiellement au sursaut contre l'extrême droite. Le programme du NPF n'a pas permis d'enclencher une dynamique électorale majoritaire. Ensuite, parce que penser "casting" dépolitise l'élection présidentielle, suscite une certaine indifférence et incite à l'abstention.

Contrairement à ce qu'elle et d'autres prétendent, l'actuelle division de la gauche ne tient pas à des querelles de personnes, de simples malentendus ou de désaccords tactiques, mais à de véritables divergences idéologiques qui ont des conséquences très concrètes.

Quel projet de société ?

Politique de l'offre ou de la demande ?

Politique selon les besoins de la population ou les normes ubuesques de l'UE ?

Quel type d'agriculture ?

Quelle politique internationale ?

Quelle écologie : sociale et anticapitaliste ou greenwashing et jardinage ?

Retour à la réforme des retraites de Hollande ou retraite à 60 ans avec 37,5 annuités ?

Statut quo en droit du travail ou de nouveaux droits pour les travailleurs et la semaine de 4 jours (32 heures par semaine) ?

Nouveaux remboursements par la sécurité sociale ou sécurité sociale à 100 % pour l'ensemble des soins, gestion par les travailleurs et nationalisation des complémentaires santé ?

Bref, nous avons deux projets de société bien différents. Le premier est libéral, le second est de gauche radicale, l'un représente la continuité des politiques conduites depuis 30 ans, l'autre la rupture et le changement.

In fine, un candidat unique de la gauche ne pourrait défendre en même temps deux projets de société. D’ailleurs, un tel candidat n'a jamais remporté la présidentielle. Au second tour, il n'a jamais eu assez de réserve de voix pour passer la barre des 50 %.

En définitive, en raison des motifs susvisés et de l’état actuel des organisations, il devrait donc y avoir au moins deux candidats.

L'un soutenu par le PS, EELV et Place publique, voire le PCF de Roussel, qui récitera le bréviaire de l'orthodoxie néolibérale de l'UE, et, l'autre par la France Insoumise, voire le PCF dédroitisé qui proposera de rompre avec ce système pourri.

Que le meilleur l'emporte ! Le second appellera à voter pour le premier au 2d tour.

Par ailleurs, pensez-vous que la gauche puisse battre les forces de droite et d'extrême droite racistes, voire fascistes, avec un programme mou du genou, accommodant avec le capitalisme, n'attaquant jamais les privilèges de la bourgeoisie, proposant à la marge d'amoindrir les conséquences du néolibéralisme, et in fine, respectant strictement les règles néolibérales de l'UE ?

A mon avis, seul un programme ambitieux de rupture avec le système de la Vème République, du capitalisme néolibéral et du racisme ambiant est susceptible d'emporter l'adhésion des classes populaires et moyennes, de déplacer dans les bureaux de vote les plus défavorisées d'entre nous qui s'abstiennent généralement parce qu'aucun candidat ne propose des solutions concrètes et réalistes pour améliorer leurs conditions d'existence.

Le candidat présenté par LFI devra imposer ses thèmes, dérouler son programme radical et remporter la bataille idéologique : 6ème République, assemblée constituante, SMIC à 2 000 €, retraite à 60 ans à taux plein, 32 heures, sécurité sociale à 100 %, interdiction des dépassements d''honoraires, interdiction des licenciements boursiers, égalité salariale homme-femme, camps de rééducation pour les exilés fiscaux, interdiction de la concentration des médias (une entreprise, un groupe ou une personne physique ne pourra pas détenir plus d'un média radio, tv ou presse), fin des aides publiques aux journaux appartenant à une entité du secteur industriel ou tertiaire, politique internationale non alignée, non respect des dispositions néolibérales de l'UE, réquisition de tous les logements et bâtiments urbains inoccupés depuis 12 mois, fiscalité redistributive, titularisation de tous les contractuels de la fonction publique, augmentation du point d'indice, création du service public de la rénovation thermique de tous les bâtiments publics et privés, interdiction des propriétés agricoles d'une superficie supérieure à 100 hectares, citoyenneté pour les immigrés résidant et travaillant en France depuis 12 mois (certaines mesures exposées ici sont juste des propositions de ma part).

Soit un programme de rupture et d'avenir qu'aucun autre "grand" candidat de gauche ne pourra défendre en dehors de lui ou elle :