préambule bureaucratique

un léger décalage...

Billet

Je travaille dans le neuf deux, Paris La Défense. Quant on remonte du RER A au parvis, les quelques sculptures semblent terriblement dérisoires, une insulte à l’art dans cet environnement froid et bétonné, dédié exclusivement aux « affaires », quant à mes semblables… l’impression de côtoyer des clones. Je bosse au siège social d’une grosse boite nationale. Pour des raisons évidentes de confidentialité et de préservation, je tairais son nom et sa raison sociale. Boulot guère passionnant ni chiant, mais combien sommes-nous ainsi à devoir survivre ? Habitué à un certain confort matériel, j’assume, l’amour et l’eau fraîche ne me sont pas hélas suffisants. Sans job sous les ponts, l’amour serait une cruelle utopie et comme la plupart des clodos, pour alimenter mes rêves et réchauffer mes vieux os, je tomberais certainement dans l’alcool.

Je travaille dans le neuf deux, Paris La Défense. Quant on remonte du RER A au parvis, les quelques sculptures semblent terriblement dérisoires, une insulte à l’art dans cet environnement froid et bétonné, dédié exclusivement aux « affaires », quant à mes semblables… l’impression de côtoyer des clones. Je bosse au siège social d’une grosse boite nationale. Pour des raisons évidentes de confidentialité et de préservation, je tairais son nom et sa raison sociale. Boulot guère passionnant ni chiant, mais combien sommes-nous ainsi à devoir survivre ? Habitué à un certain confort matériel, j’assume, l’amour et l’eau fraîche ne me sont pas hélas suffisants. Sans job sous les ponts, l’amour serait une cruelle utopie et comme la plupart des clodos, pour alimenter mes rêves et réchauffer mes vieux os, je tomberais certainement dans l’alcool.

Ce mercredi, aux dires de certaines langues, mauvaises forcément, ma collègue Frétillou commençait sa semaine de travail ! La cinquantaine pimpante bien sonnée, taille moyenne, rousse, elle est l’archétype caricatural de la secrétaire : talons hauts, mini de rigueur, ongles acérés et peints, maquillée et parfumée généreusement, petits hauts moulants qui dévoilent un avantageux petit ventre et quelques formes… D’une sensibilité à fleur de peau, d’une vanité sans fond, et d’un langage qui s'égare souvent, elle est dotée d'un caractère, carrément caractériel… Elle appartient aussi à l'espèce des collègues qui se sentent indispensables, sans qui bien-sûr, rien n’avancerait, et qui n’hésitent pas à inventer et à propager des ragots… pour se valoriser. Il va de soi qu'elle quitte fort tard son bureau, non pas pour boucler un dossier urgent mais pour améliorer son score au tétritis… Et le matin, vous la voyez débouler en sortant : « oula ! je suis encore sortie hier à 18h30… ». Total Respect! Après, ce doit être dîner, télé et dodo. Elle n’est pas chouette la vie ? Heureusement, la dame est bête… et ses artifices font long feu.

Dans la Boite, il faut bien l’avouer, ils sont friands de formation. Vis-à-vis de l’extérieur, ça donne à peu de frais une bonne image… et en interne, c’est un argument contre les éventuelles velléités du personnel. Donc, ma chère collègue revenait d’un stage intitulé « prise de parole en public – savoir s’exprimer », qui ne lui servira strictement à rien professionnellement, puisqu’elle n’est censée que rester à son bureau et nullement représenter la boite à une quelconque manifestation, et, avouons-le sans vouloir forcer le trait, guère plus dans sa vie privée, dans la mesure où elle ne s’investit pas dans quelque activité associative.

La veille, surprise, elle fit un passage éclair au bureau, histoire de prendre la température, et de nous narrer au passage les bienfaits de son stage. Diantre, elle avait appris à respirer ! Nous ne fûmes pas loin de lui rétorquer, mes deux autres collègues et moi, que cela nous avait permis aussi de humer à notre aise l’oxygène à pleins poumons, et accessoirement de bosser dans le calme, que son absence faisait partie de ces plaisirs, certes petits, mais ö combien inestimables dont nous regrettions amèrement la rareté. Mais le mercredi matin , elle resta évasive sur la fin de son stage et ne donna pas comme d'habitude des avis nets et définitifs sur tous les sujets abordés, ce qui ne manqua pas d'éveiller notre curiosité…

Nous apprîmes de plusieurs sources, que nous croisâmes pour ne pas véhiculer de fausses informations, qu’elle avait été mouchée après une mise en situation. Elle devait entrer dans la salle, saluer les autres « stagiaires » qui représentaient les participants à la réunion, remercier l’assistance et exposer les thème et ordre du jour. Cette scène d’anthologie terminée, chacun s’est exprimé sur ce qu’il avait ressenti. Les commentaires furent unanimes et cruels.. On reprochait son attitude de séductrice, de dragueuse… Une intervenante ne put s’empêcher d’échapper : « vous vous croyiez au bal pour draguer? ». Il paraît que Frétillou demeura muette comme une carpe jusqu’à la fin du stage, qui rappelons-le, avait pour objet l’expression orale… D'ailleurs, tout ce mercredi, on ne l'entendit pas ! Comme quoi, les stages de formation ne sont pas inutiles...