On tourne la page ou on reprend 5 à 10 ans de Sarkozysme ?

un léger décalage...

Billet

Dimanche 22 avril 2007, à 20 heures, la gauche a poussé un "ouf" de soulagement. Le hold-up de 2002 ne se reproduira pas. La participation été exceptionnelle et explique en partie la chute de la maison Le Pen. Dans les médias, la droite s'efforçait d'avoir le triomphe modeste. Retentissaient déjà à l'UMP, les cris de victoire. Son chef, que disons-nous, son berlusconiesque duce, appelait au rassemblement et à un deuxième tour loyal. Quant à nous, nous espérons que ce 2d tour sera Royal !

rafles.JPG Sarkozy a délibérément brouillé les cartes du 1er tour pour éviter tout débat quant au modèle de société qu'il propose : sa statégie d'illusionniste a fonctionné. Il a commencé sa campagne à gauche avec de multiples références à Blum et Jaurès pour l'achever sur les terres de l'extrème droite avec son ministère de l'immigration et de l'identité nationale, sans parler de son petit couplet qui sentait bon l'eugénisme. Dès dimanche, Sarkozy s'est recentré.

Si on se contente d'écouter ses discours depuis le congrès à la Porte de Versailles, on pourrait comparer Sarkozy a une girouette... L'homme essaie de mettre ses voiles dans le sens du vent ou des sondages en tous genres, dont parait-il, il est très friand. Que pense-t'il vraiment ? On ne le sait pas vraiment. Est-il si influençable au point de changer de discours du jour au lendemain ? Mystère. Finalement, c'est assez inquiétant. Pour être honnète, il y a une seule chose qui ne varie pas dans ses promesses : le changement. Il le crie depuis 5 ans comme s'il n'avait jamais été ministre. Sarkozy parle beaucoup...

Il est donc préférable de s'attacher aux faits. L'homme de Neuilly-sur-Seine, qui n'a jamais respecté le quota de logements sociaux dans sa ville, est porteur du bilan des 5 dernières années du chiraquisme puisqu'il fut ministre de l'intérieur, puis de l'économie avant de revenir place Beauvau. Un ordre si injuste qu'il crée le désordre. Un ordre aux ordres des puissances de l'argent. Des cadeaux pour ses copains du patronat lorsqu'il fut ministre à Bercy, ou des allègements d'impôts pour les classses privilégiées... Un ordre qu'il essaie d'imposer dans les médias grâce aux Dassault, Lagardère and co. Les cas de censure et de pressions sur les éditeurs sont éloquents. Un ordre qui a augmenté les inégalités sociales et creusé le déficit de l'Etat et des caisses de sécurité sociale. Un ordre qui fleure bon le libéralisme et l'atlantisme. En définitive, Sarkozy est l'homme de la continuité. En ayant les mains totalement libres et en concentrant le maximum de pouvoirs (politique-économique-médiatique et peut-être judiciaire), on peut légitimement craindre de Sarkozy une politique encore plus libérale et plus injuste socialement. Ajoutons à ce tableau, un personnage qui semble impulsif, autoritaire, voire intolérant.

Face à l'homme de la droite dure soutenu par des médias globalement complaisants, rien n'a a été épargné à la candidate de la gauche quand elle semblait faire une bourde. Malgré certains coups de poignards dans le dos et le retournement de veste de Luc Besson, Ségolène Royal a réalisé un excellent score. Contrairement à son adversaire, son discours initial n'a pas changé. Elle s'est astreinte depuis la fin des débats participatifs à décliner la logique et les propositions de son Pacte présidentiel. Un projet cohérent et progressiste qui ne tombe jamais dans la démagogie.

Ce qui la différencie de Sarkozy, c'est la volonté de mener croissance économique et progrès social, sans laisser tomber les plus faibles ni aller dans l'assistanat. C'est également une certaine droiture morale ou éthique face à un Sarkozy qui ressemble à l'archétype du politicien omnubilé et prêt à tout pour avoir le pouvoir.

Alors, malgré la faiblesse de la gauche de la gauche et des médias pro-sarkozistes, la droite n'a pas encore gagné. Sarkozy promet un changement dans la continuité, ce qui signifie le chiraquisme en pire, avec au bout la destruction complète des dernières lois sociales. Un seul exemple : sa proposition du forfait à quelques centaines d'euros. Tout assuré social devra payer une lourde somme, quels que soient ses revenus, avant de se voir rembourser son 1er centime d'euro par la sécu. C'est ce qu'on appelle casser la sécurité sociale sans le dire, en excluant ainsi l'immense majorité des assurés... En profiterons, les plus fortunés... A ce sujet, la lecture des deux liens à la fin de ce billet est fort instructive... On aurait pu évoquer aussi la constitution européenne qu'il compte faire adopter par le Parlement comme si les citoyen(ne)s ne s'étaient pas exprimés par référendum !

Face à ce programme libéral qui perpétue le chiraquisme, Ségolène Royal doit poursuivre son long travail d'explication, prouver ainsi la cohérence de son projet et remporter l'adhésion des citoyen(ne)s. Un projet qui n'exclut personne. Un projet laïque, social, économique, cohérent et humaniste qui devrait séduire les électorats de gauche et du centre. Certes, ce n'est pas la révolution mais c'est le seul changement possible pour la République.