débat Bayrou - Royal : la victime se nomme Sarkozy

un léger décalage...

Billet

logementsocial.JPG

Depuis quelques heures, Sarkozy s'estime victime de méthodes staliniennes... Pas moins ! Voilà un homme politique qui prend la mesure des choses et sait garder son sang-froid ! En refusant de débattre en toute transparence avec Bayrou et en jouant de ses relations pour que son adversaire ne débatte pas devant les caméras de tv avec le leader de l'UDF, Sarkozy prouve son pouvoir de nuisance. Face aux accusations, il adopte toujours la posture de la victime... Il y a quelques mois, Sarkozy avait adopté la même stratégie durant la fameuse et nauséabonde affaire Clearstream.

On a mesuré que Sarkozy avait recours à des méthodes anciennes où télévisions et radios, voire éditeurs, étaient aux ordres du pouvoir avant que la gauche, en 1981, coupe le cordon ombilical. Aujourd'hui, la censure sarkoziste s'exerce différemment, par le biais de ses amis patrons de presse ou de tv et par la menace à peine voilée à tel ou tel responsable s'il se retrouve au soir du 6 mai à l'Elysée... Le livre sur Cécilia n'a jamais vu le jour après un entretien à Beauvau et Génestar a été viré de Paris Match pour cause de Une malencontreuse sur son couple...

L'agitation médiatique autour des préparatifs du débat Bayrou-Royal résulte beaucoup des manoeuvres de l'UMP. Sarkozy crie au stalinisme ou à l'illégitimité d'un tel débat. Or, au 2d tour, l'enjeu est de convaincre les électeurs qui ont voté en faveur des candidats éliminés à l'issue du 1er tour, ainsi que les abstentionnistes. Il n'y a donc rien d'anormal à ce que Royal et Bayrou discutent au grand jour devant la France entière (et non secrêtement en vue des législatives comme l'UMP semble le faire). Pourquoi ces deux-là ne pourraient-ils pas confronter sereinement leurs analyses, constater quels sont les points qu'ils partagent ou non ?

Assurément, quelle que soit l'issue de ce débat, qui devrait malgré tout se tenir, Sarkozy en sera la victime. D'une part, en cinq ans de pouvoir, il a droitisé l'UMP et fait tomber les digues qui la protégeaient du Front National : beaucoup d'électeurs centristes ne se reconnaissent plus en cette droite extrème. D'autre part, en ce moment, il démontre son incapacité à discuter avec autrui, même avec un potentiel et ancien allié. Enfin, le PS a recentré son discours avec les années Mitterrand et Jospin et ne dispose plus à gauche d'alliés de poids.

Ces prochains mois, une coalition de centre gauche peut émerger. Bayrou ne changera pas d'avis et ne donnera pas de consigne de vote. Mais, la tenue de ce débat montre le chemin aux électeurs de Bayrou. Ségolène Royal peut bénéficier d'un substantiel report de voix centristes qui fera peut-être la différence...