Bientôt les congés payés ! A la rentrée, une nouvelle équipe devrait diriger le service. En attendant, tout le monde interprète les rumeurs… C’est untel qui va venir, mais non c’est unetelle, attention on va déguster… Bref, c’est n’importe quoi, à croire que certains collègues adorent se faire peur! Et puis, ça occupe !
Justement, lundi dernier, la précédente équipe fêtait son départ. Bien entendu, le président de La Boite France illuminait l’assemblée de sa présence charismatique. Le brave homme ne manqua pas de se fendre d’un laïus fort émouvant sur les quelques années qui lui avait permis de côtoyer notre chef. Sans doute pressé d’engloutir quelques petits fours et sa coupe de champagne réglementaire, ou de quitter rapidement tous ces gueux, il fit l’impasse sur l’adjointe.
Après, ce fut au tour de notre chef vénérée. Franchement, ce fut long, monocorde, banal et débité à la manière du De Caunes de Rapido, le talent en moins. Malgré tout, on sentait de l’émotion dans sa voix. Ses regrets de quitter ce service "à la pointe" (de quoi, on ne sait pas) et cette matière qui la passionne tant. Aussi, tout le monde a compris qu’elle avait été un peu poussée dehors, après plus dix ans de bons et loyaux services. Nul n'est indispensable...
Evidemment, elle évoqua longuement sa collaboration exceptionnelle avec le Président, la confiance qu’il lui avait été accordée, et sa disponibilité malgré d’écrasantes responsabilités…Travailler plus avec lui se résumait un en seul mot : bonheur ! Elle y alla aussi de son petit couplet sur l’amitié qui était née entre l’adjointe et elle et qu’elle qualifiait de filiale! En guise de conclusion, elle avoua avoir aimé travailler plus avec des collègues travailleurs, compétents, très humains et qui se lèvent tôt. Ah, quel moment d’extase populaire ! Franchement, ce n’est pas tous les jours que le mérite des classes laborieuses est reconnu et publiquement salué !
Ce n’est pas pour fayoter mais nous préférions, dans l’ensemble, le discours du Président. Hé oui, ça ne s’improvise pas un discours ou plutôt si, mais il faut des compétences pour enjoliver le passé et les relations professionnelles. Savoir débiter des généralités en instillant à petites doses de savoureuses anecdotes bien croustillantes qui captivent l’auditoire. Il faut maîtriser un certain art oratoire pour que le fond et la forme s’accordent et paraissent empreints de sincérité sans tomber dans l’obséquiosité…
Après cela, nous allâmes au buffet. Comme d’habitude, les pots officiels organisés par et pour l’élite de La Boite sont bien fades, même s’ils permettent à la piétaille de ne pas regagner le bureau à l’heure réglementaire... D’une part, les langues s’y délient bien moins facilement, sans doute parce que certains craignent de se faire remarquer, et ne dit-on pas que les murs ont des oreilles ? D’autre part, l’association champagne - petits fours est trop classique, banal... Elle n’égale pas les pots à la bonne franquette où chacun apporte un quelque chose de son crû.
Malgré tout, personne n’a boudé. Cela faisait plus d’un an que nous ne nous étions pas sustentés aux frais de la princesse. Et puis, s’absenter ce jour-là aurait été diversement interprété et apprécié. L’équipe dirigeante n’avait même pas organisé de pot pour la nouvelle année, ni de galette des rois. Nous nous étions donc contentés d’un simple mail de vœux. Restrictions budgétaires, flemme ou mépris affiché pour le petit personnel ?
En tout cas, en buvant notre champ', bouchonné le bougre, on ne donne pas de la confiture aux cochons (…) dit le proverbe, les collègues avouaient à voix basses ne pas être attristés par le départ des deux déesses. En termes de communication et de convivialité, la nouvelle équipe dirigeante serait sans doute moins mauvaise. Ce à quoi, certains affirmaient qu’on savait ce qu’on perdait, c’est-à-dire pas grand chose... Mais surtout, qui allait-on accueillir et à quelle sauce serions-nous mangés ? Réponse au mois de septembre, place aux congés payés, bien mérités...