invitation bureaucratique

un léger décalage...

Billet

Dans le cadre de la réorganisation des services qui sera effective en septembre, Madame Benot, l’adjointe du directeur avait organisé un pot de convivialité, entre les collègues de l’étage et les nouveaux arrivants. Une semaine auparavant, nous avions découvert un joli petit carton d’invitation. Comme par hasard, le sujet n’avait jamais été abordé avant le jour J et l’heure H. Quand à 11h30, nous nous apprêtâmes à rejoindre cette petite fête, Frétillou commença à s’agiter.

_Quel pot, quelle invitation ? _Tu n’as pas reçu d’invitation ? _Bin, non ! _Tu n'aurais pas posé le carton quelque part par inadvertance ?

Frétillou se mit alors à passer au peigne fin les dossiers entassés sur son bureau, et à regarder dans ses tiroirs. En vain. Avant de partir, nous la vîmes courir dans le couloir, demander aux uns et aux autres s’ils étaient conviés…

Cette petite fête fut bien sympathique. Jus de fruits, champagne, petits fours à gogo, discussions sur le boulot, derniers potins et divers sujets annexes. Les nouveaux semblent sympas. On aimerait que toutes les matinées ouvrées s’achèvent ainsi. Bien entendu, le déjeuner fut assez léger…

A notre retour, à 14 heures, l’amie Frétillou faisait la gueule. Elle commença à exprimer son mécontentement et son souhait de quitter l’étage, le plus rapidement possible. Avant septembre. Déjà qu’elle n’appréciait plus l’ambiance, trop lourde à son goût, mais là : trop c’est trop ! Une véritable l’humiliation !

Une demie heure plus tard, l’adjointe du directeur vint dans notre bureau et lui demanda pourquoi elle n’était pas venue au pot… Frétillou lui dit sans détours ce qu’elle avait sur le cœur. Madame Benot sembla tomber des nues et lui expliqua qu’il y avait eu certainement un petit dysfonctionnement, et qu’elle aurait du venir. Pour la consoler, elle lui apporta les quelques petits fours qui restaient…

Cette délicate attention ne lui fit pas digérer l'affront. Non seulement, elle n’avait pas retrouvé le sourire, mais elle nous bombarda d’invectives ! On lui avait sans doute volé son carton d’invitation. Seul cet acte méprisable expliquait notre silence. Elle était victime d’un complot ! Devant pareilles allégations, nous réfutâmes tout en bloc, et ne fûmes pas loin de lui avouer que sa présence nous manquait, tant nous aimons la voir frétiller dans ces moments mondains. Enfin, le travail reprit ses droits, et l’on en resta là.

Evidemment, nous pensâmes légitimement que le lendemain serait un autre jour et la polémique, close ! Que nenni. Elle profitait de mes absences, me confia monsieur Cotte, pour remettre sur le tapis ce sujet hautement important ! Avouons que ce petit épisode, et ce qui s’en suivit, nous amusa un peu.. Nous savions qu’elle aimait les pots, mais insister à ce point, une semaine durant, et faire un tel cinéma…? Décidément le ridicule ne l’effraie pas.