les JT en grève d'équité...

un léger décalage...

Billet

Les grèves des transports, à l'instar des évenements exceptionnels, sont du pain béni pour les médias dominants. Cela leur permet de diffuser de belles images terrifiantes, des statistiques sur le nombre de victimes, des micro-trottoirs, des interviews de militants d'ONG, de prendre un ton compatissant, et le tour est joué. Pendant 20 minutes, le télespectateur aura été télétransporté ailleurs et c'est toujours ça de gagné !

Avec les grèves actuelles, les médias dominants restent dans le registre émotionnel. Exclusivement à l'égard des usagers, puisque chacun sait que s'engager dans une grève relève du caprice et de la partie de plaisir(s). Ces derniers jours, ils ont décidé que la grève était impopulaire, d'abord en interviewant des pauvres gens qui attendent des heures sur les quais, puis en citant des sondages défavorables au mouvement (question type: soutenez-vous la grève de ces feignasses qui vous prennent en otage ?. Au début du mouvement, les JT donnaient parfois la parole aux grévistes ou aux représentants syndicaux, maintenant c'est terminé, la récréation comme l'a dit Sarkozy est terminée : "il faut savoir arrêter une grêve"... Et les médias de lui emboiter le pas... Emotion, compassion à l'égard des usagers, et ignorance ou mépris des grévistes et de leurs revendications. On ne peut pas mieux rendre impopulaire et illégitime une grève.

Ainsi, pendant plus d'un quart d'heure, le JT type ressemble à ça : introduction par un point de situation avec pourcentage du nombre de grévistes et de rames qui circulent, suivi d'un petit intermède sur la comparaison entre les régimes respectifs des salariés du privé, des fonctionnaires et des cheminots pour mettre en exergue les supposés privilèges de ces derniers et l'équité qui caractérise la réforme impulsée par le gouvernement (en option : interview de X. Bertrand). Enfin, 5 bonnes minutes de micro-trottoir pour porter l'estocade contre "ces salauds de privilégiés"...

Les médias dominants ne prennent même plus la peine de sauver les apparences d'une information objective. Il n'y a même plus un équilibre formel pour le temps consacré aux "anti" et aux "pro" grève. Le projet de réforme du gouvernement est présenté comme logique, équitable et inéluctable. Pour les médias dominants, une seule politique est possible : celle du gouvernement. Que le JT type se résume à 15 à 20 minutes de matracage anti-grève est logique.

Cet épisode pointe l'information présentée aujourd'hui de façon caricaturale par ces JT, et accessoirement celle qu'ils nous servent de manière plus insidieuse en temps ordinaires. Sachant qu'il s'agit de l'information la plus suivie, on peut seulement espérer que nos concitoyens font l'effort de chercher ailleurs (journaux, internet, livres) pour se forger leur propre opinion.

Commentaires

1. Le mercredi 21 novembre 2007, 12:41 par Lpv

Salut,
J'ai changé ton adresse dans mon blog. a+Lpv