La guerre c'est la paix, la précarité c'est la sécurité...

un léger décalage...

Billet

"Les nouvelles censures, dans les coulisses de la manipulation de l'information" de Paul Moreira est un ouvrage passionnant. La censure moderne a adopté de nouvelles méthodes qui rappellent celles décrites dans le "1984" de Georges Orwell. Il ne s'agit pas d'interdire la diffusion comme autrefois mais d'utiliser des techniques pour marginaliser et détourner l'attention du public des informations qui dérangent les détenteurs du pouvoir.

Une véritable industrie participe à l'élaboration de cette censure pour définir les informations importantes et les informations à "bas bruit", produire des informations formatées et si possible avec image pour créer un vacarme médiatique, utiliser une novlangue qui détourne carrément le sens commun des mots : il ne s'agit pas d'informer pour approcher la vérité mais de communiquer...

L'auteur estime que notre omniprésident est le politique français qui maîtrise le mieux ces techniques de communication. Une semaine après la lettre du 1er ministre Fillon aux partenaires sociaux, nos pas perdus ne résistent pas au plaisir de vous proposer, ci-dessous, ce court extrait où Paul Moreira décrypte le sarkozysme en matière de lutte contre la précarité sociale :

"En mars 2005, Nicolas Sarkozy organise au Parlement une convention "sociale". Devant 80 parlementaires de son parti, il est venu expliquer comment il compte faire évoluer le droit du travail, c'est-à-dire le corps de lois héritées de la Résistance qui protègent les salariés français. Le patronat et une partie de la classe politique se sont donnés pour but de "réformer" le Code du travail, de le "moderniser". Dans ce cas précis, "moderniser" signifie : pouvoir mettre à la porte un salarié sans avoir à donner de raisons et sans que ça coûte trop d'argent. Problème majeur : l'immense majorité de la population est prête à se soulever pour préserver l'un des derniers acquis du contrat social. Il faut donc être adroit pour présenter les choses.

"Jamais le droit n'a été aussi protecteur, clame Nicolas Sarkozy à la tribune, jamais l'insécurité au travail n'a été plus grande" (Le Monde, 17 mars 2005). D'un mot, il reconnait l'angoisse majeure des Français. Peur de perdre leur job fixe, peur de se retrouver en intérim, leur temps de travail découpé en petites séquences incertaines, rares, mobiles et sous-payées.

Quelle mesure propose-t-il pour mettre fin à cette anxiété ? Supprimer les contrats de travail à durée déterminée, les tranches de CDD à répétition sont effectivement le socle de la précarité. Généreux... Mais la phrase n'est pas terminée : Sarkozy propose aussi d'abroger le contrat de travail à durée indéterminée. C'est-à-dire la seule protection des salariés français contre les licenciements intempestifs. Sa proposition : créer un contrat où le salarié ne sera vraiment protégé qu'après plusieurs années de présence (docile ?) dans l'entreprise. Suprême habileté sémantique : sous l'emballage d'un combat contre l'insécurité sociale, Nicolas Sarkozy vend une énorme injection de précarité dans le monde du travail."(Paul Moreira : les nouvelles censures, dans les coulisses de la manipulation de l'information; chez Robert Laffont).

Edifiant, non ?

Commentaires

1. Le vendredi 4 janvier 2008, 13:14 par patrick

ce blog est décidemment passionnant.

La discussion continue ailleurs

1. Le dimanche 6 janvier 2008, 21:23 par Injection

Injection

If he wants to start training 12wks out like most fighters...