ruptures en République...

un léger décalage...

Billet

D'après les sondages de ces dernières semaines, il semblerait que les électeurs de Sarkozy s'attendaient à un autre type de politique. Ces naïfs derniers commencent à manifester leur déception. Il n'est jamais trop tard...*

Omniprésent, omniscient, et possédant quasiment le don d'ubiquité, Sarkozy incarne la rupture.

Le paquet fiscal et les franchises médicales symbolisent la rupture sarkozyste, une polique de régression sociale sans précédent .

Chez Sarkozy, la rupture n'est pas synonyme de modernité ni de progrès.

La rupture avec l'Etat de droit.

Le président de la République veille traditionnellement au maintien de l'Etat de droit. Mais, aujourd'hui, on subit une droite idéologiquement plus proche de Pinochet que de De Gaulle. C'est la loi Dati sur la rétention de sûreté qui consiste à embastiller une personne non pas pour ses actes mais pour ce qu'elle risque de faire. Une sorte de peine de prison préventive indéterminée pour des actes non commis, dont la décision ne relève pas des juges mais de la seule administration. Sarkozy aurait pu se satisfaire de la décision du Conseil constitutionnel qui validait entièrement cette loi, hormis la rétroactivité. Or, Sarkozy a crée la surprise.

la rupture avec le respect des institutions

En demandant au président de la cour de cassation d'étudier un moyen pour contourner la décision du Conseil constitutionnel, Sarkozy commet une vraie forfaiture. Il ne respecte ni les institutions ni le droit ni le principe de séparation des pouvoirs : pas mal pour le garant des institutions ! Cette histoire est loin d'être anecdotique. Ici, les faits sont de notoriété publique. Mais qu'en sera-t-il pour des affaires plus obscures ? Restera-t-il au-dessus de la mêlée des intérêts particuliers pour défendre les institutions et pour garantir nos libertés, ou agira-t-il comme dans ce récent exemple ? Avec les précédents présidents de la République, la question ne se posait pas.

la rupture avec la pratique de la fonction présidentielle

On attend d'un président de la République, une certaine sagesse dans ses rapports aux autres qui lui interdit de se comporter comme n'importe quel quidam... Or, qu'avons-nous vu au salon de l'agriculture ? Un type impulsif, incapable de se contrôler, qui se comporte comme n'importe quel beauf ! En l'espèce, cela confirme son comportement lors de la visite aux marins pêcheurs du Guilvinec. Finalement, ce n'est pas un président, mais une réincarnation de Georges Marchais... à l'Elysée !

On pourrait également évoquer sa réaction après l'article du Nouvel Obs sur le fameux SMS. Il aurait pu se contenter de porter plainte pour diffamation... Mais en portant plainte au pénal, cet irresponsable (comme tout président de la République) envoie un message en forme d'intimidation à tous les journalistes...

la rupture avec laïcité

Comme nous le disions dernièrement, ses discours à Latran et au diner du CRIF sont très très inquiétants : ce type est un croisé des religions... Si, on les relie à ceux de sa conseillère quant à l'église de scientologie, il y a là matière à être très très inquiet...

la rupture avec l'idéal républicain

C'est la création d'un ministère de l'identité nationale, plus proche du triptyque de l'Etat de Vichy et du programme du Front National que du préambule de la constitution de 1946 dont les premières lignes sont :

Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et les libertés de l'homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.

Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après : La loi garantit à la femme, dans tous les domaines des droits égaux à ceux de l'homme. Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les territoires de la République. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.

Des principes bien éloignés du clientéliste d'inspiration néo-libérale de Sarkozy.

la rupture avec le débat public

Sarkozy pratique la communication du zapping pour court-circuiter le débat public.

En annonçant des mesures dans un temps rapproché et de façon régulière, lui et son équipe de communicants essaient d'occuper l'espace médiatique et de monopoliser le débat. Si une annonce ne reçoit pas l'accueil attendu, elle sera chassée par une autre. L'important étant également de ne pas laisser les médias, l'opposition et le peuple se pencher trop longuement sur une question...

Au mieux, il improvise, à l'instar de la conférence où fut annoncée la suppression de la pub dans les médias publics.

A défaut, il instrumentalise sa vie privée : en plein conflit sur les régimes spéciaux, annonce de son divorce. Idem pour le thème du pouvoir d'achat où sa politique s'avère impuissante : médiatisation de son idylle avec Carla Bruni.

Enfin, il peut même demander à ses ministres d'ouverture de jouer les opposants pour rendre inaudible l'opposition de gauche, comme lors de la visite de Kadhafi.

Chez Sarkozy, la fin justifie les moyens. : très inquiétant pour un président de la République. Une rupture dont on se passerait !

* En aparté, voyez-vous, pendant la campagne présidentielle, nos pas perdus préféraient les bourdes d'une candidate, considérant que cette dernière était potentiellement moins dangereuse que le candidat qui incarnait la rupture.

Commentaires

1. Le mardi 26 février 2008, 12:01 par Obstinée

Hello,

Très intéressant ton article !

En gros il est en rupture avec tout sauf avec lui-même !
A bientôt

2. Le mardi 26 février 2008, 18:04 par pas perdus

oui et encore...