Apex ou Le cache-blessure (Colson Whitehead)

un léger décalage...

Billet

Il n'avait pas d'objectif, il n'avait pas de vocation. Il avait un boulot, qu'il perdit, et c'est ainsi qu'il répondit à l'annonce dans le journal. L'annonce n'employait pas les mots consultant en nomenclature, car la hiérarchie savait combien l'ésotérique peut être effrayant. L'annonce promettait donc la possibilité de faire ses preuves dans un domaine nouveau et exaltant, sans autre précision.

apex.jpgMalgré son absence d'ambition, le personnage et narrateur principal, un afro-américain, est engagé par une agence de publicité et devient le meilleur inventeur de noms. Des noms vendeurs et clinquants pour des produits en instance de lancement sur le marché. Il dispose rapidement d'un superbe bureau, d'un appartement spacieux et splendide, de contacts privilégiés avec son patron, il collectionne les plus belles femmes... il est l'archétype de la réussite sociale !

Mais, Apex ou Le cache-blessure n'est pas un conte de fées. Au sommet de la gloire, notre héros contracte une blessure qu'il soigne en la recouvrant d'un simple pansement dont le nom, apex, lui a valu les meilleures récompenses. Les réactions chimiques du pansement et ses propres négligences l'obligent plus tard à se faire hospitaliser.

A la suite de ce séjour, point d'orgue de son mal-être, il décide de quitter un travail qu'il assimile quasiment à une sinistre escroquerie. D'une part, parce qu'il a l'impression d'être un imposteur, tant il invente avec une facilité qui le déconcerte lui-même, les noms les plus géniaux pour les clients. D'autre part parce qu'il réalise que dans la publicité comme dans la société, le nom et l'apparence comptent plus que le produit.

Mais après des mois de solitude, l'inactivité lui pèse. Il accepte une mission de son ex firme.

Notre consultant arrive dans la petite ville provinciale de Winthrop pour régler un conflit, relatif au nom de la ville, entre Lucky, un riche industriel qui a relancé la croissance économique du coin et les autres membres du conseil municipal. Une partie des édiles estime que Winthrop fait trop vieillot et souhaite rebaptiser la bourgade New Prospera.

A quoi ressemblerait le plan de la ville selon Lucky ? Prenez Innovation jusqu'à Synergie, puis bifurquez vers Rentabilité et c'est tout droit jusqu'à Interface.

Au cours de son enquête, il découvre que la ville, fondée par des esclaves affranchis, se nommait Liberty, jusqu'au jour où un puissant fabriquant de fil de fer barbelé la fait rebaptiser de son nom. Comment les anciens esclaves ont-ils pu accepter que disparaisse ce si beau nom qui symbolisait l'accomplissement de leur rêve? Est-ce qu'à l'origine le nom Liberty avait été choisi à l'unanimité par les fondateurs ?

Dans ce roman bien écrit, l'auteur mène une réflexion. Sur la société américaine par le biais de cette ville, entre histoires officielle et officieuse. Et sur un homme, qui tel l'étranger de Camus, tente de trouver un sens à sa vie présente et passée.

Winthrop redeviendra-t'elle Liberty ? Portera-t-elle le doux nom de New Prospera ? Ou... mais cela seul le lecteur le sait. A lire...

Commentaires

1. Le lundi 21 avril 2008, 21:56 par Rébus

je cherchais un truc à lire justement

2. Le mercredi 23 avril 2008, 17:10 par pas perdus

ça se lit bien