Dans ce beau récit, Julien Gracq (1908-2007) nous conte son expérience de la drôle de guerre. Un épisode peu glorieux de l'histoire de France, qui hélas en annonça d'autres, durant lequel la France et le Royaume-Unis qui avaient déclaré, le 3 septembre 1939, la guerre à l'Allemagne nazie attendirent près de huit mois que cette dernière les attaque.
Grange est un jeune appelé, diplômé, qui se retrouve en pleine forêt, logé avec ses compagnons d'infortune dans un blockhaüs. De temps en temps, ils reçoivent la visite d'émissaires chargés d'inspecter l'état du matériel. Tous les dimanches, Grange vient aux nouvelles auprès de son supérieur, un homme plus âgé que le cours des événements rend pessimiste, désabusé et ironique.
Faute d'informations et d'ordres, Grange et ses amis s'habituent à cette situation totalement inédite de vie en autarcie, presque coupés du reste du monde. Pour tuer l'ennui, ils inspectent les environs espérant peut-être découvrir les mouvements de l'armée ennemie. Entre Grange et la forêt se crée une relation mystique, d'autant plus forte qu'il y rencontre une jeune femme mystérieuse et attirante.
En lisant ce récit troublant et poétique, on pense parfois à un roman de Dino Buzzati, "le désert des tartares", sauf qu'ici, l'armée ennemie ne demeurera pas une entité fantôme et fantasmée. Nos pas perdus recommandent, sans l'ombre d'une hésitation, ce passionnant ouvrage.
Commentaires
à ma grande honte, j'ai toujours mélangé Gracq et Green et puis Gracq c'était le bonheur d'avoir à côté de soi un écrivain, un vrai, le sentir presque quand nous allions à st florent le vieil au festival des musiques orientales.
François Bon raconte ce bonheur sur son blog.
j'ai lu François Bon, "un enterrement" je crois, j'ignorais ce que le texte avait pour moi de prometteur mais je l'ai oublié aujourd'hui.
Je te conseille "c'était toute une vie"... Un texte qui ne laisse pas indifférent, plein d'humanité.