Mythes et réalité de la libéralisation du marché postal

un léger décalage...

Billet

annefrank.jpg Le Monde nous informe que

"La Poste, la première entreprise française avec 300000 salariés, pourrait bientôt changer de statut."

Dans un contexte de finances publiques exsangues et d'une libéralisation postale européenne à marche forcée, le changement du statut de La Poste s'avère inéluctable pour lui permettre de lutter à armes égales contre ses concurrents.

D'ailleurs, les Echos abondent en ce sens :

"Ce n'est pas parce que le courrier sera libéralisé en 2011 et que le Livret A sera banalisé en 2009 que La Poste cherche à évoluer, mais parce que le progrès général l'y pousse et qu'elle doute que l'Etat lui donne à l'avenir les moyens de ses ambitions. Refuser de s'inscrire dans cette dynamique serait toujours possible, mais dangereux."

Selon les Echos, postiers et usagers ont tous à y gagner :

"Pour les usagers qui risquent de voir le service se dégrader faute d'investissements suffisants dans la modernisation des outils. Mais aussi pour le personnel (...)".

Pour étayer de telles affirmations, très favorables au changement de statut et à la libéralisation du marché postal, les Echos auraient du comparer la situation des postiers et des usagers en France à un pays qui n'a plus de monopole postal.

Or, une telle étude infirme la ligne éditoriale des Echos.

Prenons l'exemple de la Suède qui a été jusqu'au bout de la logique libérale.

Après la libéralisation du marché, le nombre de nouvelles entreprises postales est monté jusqu'au nombre de 80 avant de se stabiliser depuis quelques années à une trentaine. En fait, parmi elles, une seule, qui représente 8,6 % des parts du marché des lettres, a une envergure nationale qui demeure marginale par rapport à l'opérateur historique.

Résultat : la concurrence annoncée et son cortège d'avantages pour les usagers et les postiers suédois ont fait long feu.

D'ailleurs depuis 1993, on constate quelques évolutions significatives :

  • La précarisation et la diminution de l'emploi postal (baisse de 40 % des effectifs);
  • les fermetures massives de bureaux (80 %);
  • les fortes augmentations des prix pour des services moins efficients (+70 % pour le prix du timbre);
  • la distribution du courrier 5 jours sur 7 pour les particuliers (6 jours sur 7 auparavant);
  • les entreprises favorisées au détriment des particuliers.

Comme on peut le voir plus haut , la libéralisation postale a apporté un tel "progrès général" (expression des Echos) que les usagers souhaitent à 89% revenir à l'ancien système de monopole.

Bientôt en France...?

Commentaires

1. Le lundi 7 juillet 2008, 20:20 par Rébus

Et oui, la libéralisation progressive jusqu'ici a déjà permis de voir que ça ne marchait...Les conclusions de nos Bouvard et Pécuchet modernes ? Libéralisons totalement.
Devrait faire un parallèle avec GDF, le néo privé qui n'augmente ses tarifs "que" de 9.95 %

2. Le lundi 7 juillet 2008, 22:15 par pas perdus

Quand les usagers deviennent des vaches à lait...

3. Le mardi 8 juillet 2008, 06:02 par patrick

après ce sera la sncf et après la présidence de la république, conseil d'administration et tout, au moins on est sûr qu'il vireront sarko quoique...

4. Le mardi 8 juillet 2008, 08:15 par pas perdus

pas si sûr...

5. Le mardi 8 juillet 2008, 13:33 par naradamuni

"et après la présidence de la république"
ce n'est pas déjà le cas ??

6. Le mardi 8 juillet 2008, 15:24 par pas perdus

bonne question