les néo-libéraux et la crise du néo-libéralisme

un léger décalage...

Billet

Un conseil des ministres le lundi n'est pas innocent. Les décisions sont déjà prises. Mais, en ces temps de crise, la communication semble aussi essentielle que les mesures pour rassurer "les acteurs"...

Sarkozy joue bien sa partition. Il apparait comme celui qui prône l'unité de l'Europe dans l'action pour limiter les effets collatéraux de la crise.

Espérons qu'au plan intérieur, il renoncera aux dogmes néo-libéraux.

N'en déplaise à ces derniers, en particulier à Ivan Rioufol, on peut critiquer le libéralisme économique ou le néo-libéralisme sans être pour autant un anticapitaliste bolchévique, un militant du Hamas, du NPA de Besancenot, ou du FN...

En pratiquant l'amalgame, ledit Rioufol se discrédite en faisant preuve d'un aveuglement idéologique qui rappelle celui des staliniens quand ces derniers défendaient l'URSS malgré les évidences. Il a également la mémoire sélective :

de faux arbitres renvoient même dos à dos les échecs du communisme et du capitalisme, en oubliant les millions de morts de l'un, les millions de pauvres sortis de leur condition de l'autre.

L'argumentation est tellement grossière qu'on se demande si cela vaut vraiment la peine de lui répondre : Afghanistan, ghettos, Contras, trafic de drogue, Irak, Soudan, Chili de Pinochet, Argentine des colonels, paradis fiscaux, Ethiopie, Afrique du Sud, Russie de Poutine...

Comme le rappelle Le Monde, un journal gauchiste sans doute aux yeux du sieur Rioufol, cette crise économique marque la fin du néo-libéralisme.

Selon Le Monde, il reposait sur 4 croyances :

  • 1 Le risque n'existe plus :

les banques sont peu à peu convaincues qu'elles ne courent aucun risque. Les crédits qu'elles consentent sont en effet "titrisés", transformés en produits financiers, cédés à d'autres. Puisque le risque est dilué un peu partout, il n'est plus nulle part. Erreur : quand la conjoncture se retourne, ces produits financiers se transforment en "boîtes noires" dont tout le monde se méfie. Résultat : le risque est au contraire décuplé.

  • 2 Les marchés s'autorégulent :

Pour rassurer les marchés, les Etats, même les plus libéraux, sont contraints de nationaliser, au moins partiellement, les banques en difficulté.(...) Une chose est sûre : le mythe de l'autorégulation des marchés a vécu.

  • 3 La finance n'est que virtuelle :

les professionnels de la finance ont oublié que celle-ci (la finance) n'était qu'un outil au service du financement de l'économie.

  • 4 Tous propriétaires :

Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en France, bâtir une "nation de propriétaires" est un objectif politique majeur. Mais quand le marché immobilier se retourne, le rêve peut virer au cauchemar.

L'axiome du néo-libéralisme, selon lequel l'Etat doit intervenir le moins possible dans le système économique, a conduit à la catastrophe. Aujourd'hui, crise financière, et demain crise économique et crise sociale. Et plus grave, misère et famine dans les pays pauvres.

Espérons qu'en France, l'UMP et le pouvoir exécutif retiennent la leçon et renoncent à la politique de dérégulation et de privatisations.

Commentaires

1. Le lundi 13 octobre 2008, 11:56 par FrédéricLN

Merci de me faire découvrir ces analyses intéressantes. Je souscris aux conclusions 1-2-4, et j'ajouterai même sur la 1 : le risque est encore multiplié par a) la mondialisation financière (si le cours d'un type de titres concernant une partie du monde (les subprimes, ici) s'effondre, c'est toute la planète qui est affectée.) ; b) le caractère spéculaire de la valeur, désolé pour le jargon : les actifs étant valorisés "au prix du marché" dans les comptes des banques, la survie de chacune dépend de leur illusion commune.

Moins d'accord avec la conclusion 3 : aucun secteur n'est au service des autres dans l'économie, ou bien, tous le sont. Je ne crois pas qu'il y ait ici quelque chose de nouveau. La finance se légitimait déjà, hier, par son rôle dans l'économie - rôle de "lubrifiant" ou rôle d'aiguillon du management, en donnant une valeur précise, chiffrée, à chaque activité économique.

Qu'un secteur fournisse aux autres des services (ici, des services financiers), ne l'empêchera pas de fonctionner comme une branche à part avec ses acteurs, sa profitabilité, etc., souvent en concurrence avec les autres secteurs pour l'accès aux ressources (humaines, règlementaires, etc.).

2. Le lundi 13 octobre 2008, 18:53 par pas perdus

Je crois que par "virtuelle", l'auteur de l'article sous-entendait que la finance ne peut pas se comporter comme si "ses" agissements n'avaient pas de conséquence sur le reste de l'économie.

3. Le lundi 13 octobre 2008, 21:57 par FrédéricLN

Oui, je comprends bien. Mais je pense que c'est pourtant ce qu'elle va continuer à faire - chaque gestionnaire gère son entreprise pour qu'elle réussisse, on ne peut pas lui demander de chercher un "optimum global".

C'est surtout, je crois, au régulateur, à la puissance publique, de veiller à ce que les conditions dans lesquelles chaque secteur travaille, le conduisent à avoir une conséquence aussi positive que possible pour le reste de l'économie.

Et je crois que pour la finance, le régulateur était dans les choux, plus encore que les banques elles-mêmes !

4. Le lundi 13 octobre 2008, 22:41 par pas perdus

Je crois que la puissance publique avait complètement démissionné.