la discipline de parti, c'est bon pour les autres...

un léger décalage...

Billet

jaures.jpgLe congrès du PS approchant à grands pas d'éléphants, la blogosphère socialo ou apparentée fourmille d'idées. Nicolas nous parle de la discipline de parti, indispensable pour éviter que les médias déforment les idées du PS.

Qui dit discipline de parti, suppose le respect de toute décision prise démocratiquement après un large débat .

Par conséquent, tout manquement devrait entraîner une sanction...

Or, les "choses" sont un chouia moins simples :

  • Le PS ne dispose pas d'une base militante suffisamment importante pour être représentative de l'électorat socialiste... Cela signifie qu'il est en partie coupé de la société. En période de congrès, il n'y a qu'à suivre certaines polémiques totalement grotesques entre militants de motions adverses pour s'en apercevoir. En temps normal, étudiez le niveau d'études, la profession et le milieu social d'origine des dirigeants socialistes. Il n'est pas donc pas étonnant que certaines décisions prises au sein d'un parti qui ne rassemble quasiment que des notables (actuels et prétendants) ne soient pas respectées, tant certaines vont à l'encontre des aspirations des sympathisants...
  • Les débats sont parfois faussés. L'exemple le plus flagrant s'est produit lors de la décision en faveur de la constitution européenne. Un militant du "non" devait-il respecter cette décision qui avait été carrément court-circuitée par d'autres enjeux, en particulier par la future élection présidentielle ? Devait-il rendre sa carte ou continuer de lutter à l'intérieur ?
  • Un certain clientélisme règne dans certaines fédérations ou sections. A chaque congrès, les observateurs remarquent qu'une fédé ou une section bascule "par miracle" à plus de 50 % pour une motion... Pas mal de militants sont des notables ou espèrent bien le devenir. Bien choisir est primordial pour qui veut figurer en bonne position aux prochaines élections. Il existe également des pressions sur des militants dont les conditions de vie dépendent plus ou moins directement du bon vouloir du parti...
  • les élus disposent d'un pouvoir de nuisance très important. Leur notoriété nationale et leurs pouvoirs locaux les protègent efficacement. Rares sont ceux qui ont été sanctionnés. Sanctionner un esprit qui se dit libre n'est guère populaire dans notre société médiatique. Le PS en a bien conscience.
  • Les élus ne respectent pas toujours les décisions prises en congrès. L'adoption du traité de Lisbonne n'a été possible que grâce au soutien et à l'abstention de la majorité des parlementaires socialistes. Pourtant, le congrès du Mans leur imposait de voter contre. Comment appliquer cette fameuse discipline quand elle concerne autant d'élus ?

A notre époque, la discipline de parti est inapplicable... à moins de se donner volontairement l'image d'un parti intolérant et sectaire. Et puis, le parti ne détient pas par essence la vérité... Il en a coûté au PCF et à l'extrème gauche.

Toutefois, ce congrès peut changer la donne, tant au niveau des idées qu'au niveau des pratiques, qu'à une seule condition : l'émergence d'une véritable majorité, cohérente, dynamique et soudée (qui tourne le dos au passé social-libéral).

On peut alors espérer une certaine auto-discipline de la part de certains militants élus face à une direction forte en termes de militants et d'idées...

Commentaires

1. Le mercredi 5 novembre 2008, 09:26 par Nicolas J

Dans mon billet, je parlais plus des cas isolés, comme les 17 députés qui avaient appelé à voter je ne sais plus quel texte. Quand une large majorité se fait (90% ?), les autres doivent la respecter.

Mais effectivement, le PS est parfois complètement coupé de son électorat.

2. Le mercredi 5 novembre 2008, 17:48 par pas perdus

ça m'a donné l'idée d'un billet par rapport à ce que j'ai pu connaitre à l'époque