Obama : un exemple pour le PS

un léger décalage...

Billet

En notre doulce France où il se tient des réunions dans une petite ville auvergnate, le monde politique salue la victoire d'Obama...

Même si la société et le clivage politique aux USA n'ont guère de ressemblances avec les nôtres, il n'est pas pour autant inutile de chercher les clés du succès d'un parti démocrate qui était en 2004 aussi moribond que le PS aujourd'hui.

On vous conseille l'article de Vincent Duclert, intitulé "du changement en Amérique... et en France, sur Médiapart dont l'analyse sur le parcours et la pensée politique du futur président des Etats-Unis met en exergue le chemin qu'il reste au PS pour espérer un jour l'emporter à une élection présidentielle.

Pour lui :

Obama a toujours ancré ses propositions concrètes dans un effort de pensée voire de philosophie politique.

Autrement dit :

Le concret est essentiel. Mais s’il est séparé d’une perspective intellectuelle, de la volonté de faire penser les électeurs et les citoyens, il devient une sorte de technocratie indigeste et inquiétante.

Depuis le tournant des années 80, le PS n'a plus de véritable projet politique qui traite de la démocratie, de la laïcité, de l'école, de l'égalité ou de la justice sociale.

Le PS en est réduit à dénoncer les projets menés par la droite mais quasiment par devoir. Et souvent avec un temps de retard. Parfois même, la sclérose est telle, qu'il lui arrive de se faire embobiner par la droite et de voter avec elle certains projets ou de s'abstenir !

Sans boussole idéologique et sans discours politique cohérent, il n'est donc pas étonnant que certains élus socialistes comme Valls tiennent des propos qui ravissent l'UMP.

Tant que le PS ne sera pas porteur d'une alternative politique pour construire une autre société, il ne suscitera aucune dynamique d'adhésion dans le corps social. La dernière victoire du PS par défaut et par rejet de la droite remonte à 1997...

Les programmes présidentiels de Jospin et de Royal se caractérisaient par des mesures concrètes mais surtout par l'absence d'une vision d'avenir de la société.

Duclert estime que le PS d'Hollande :

récuse toute réflexion sur la nature de la politique, les enjeux de la démocratie, l’histoire même du parti.

Duclert conclut que les socialistes devraient

retrouver l’ambition politique qui fut celle de Jaurès ou de Blum. Et de ne pas croire qu’un effort pour penser le changement ne se réduirait qu’à faire des « promesses à tout le monde ». S’il y a bien quelque chose qu’un parti comme le PS devrait faire, c’est d’amener militants et futurs électeurs, à retrouver le chemin de la critique politique et de la fierté intellectuelle. Pour remettre de l'espoir en France !

Commentaires

1. Le jeudi 6 novembre 2008, 14:39 par rachid

Comme disait l'aveugle....

D’un point de vue strictement symbolique, Barak Obama a raison. Le changement a déjà eu lieu puisque, pour la première fois, un Noir (en fait un métis) vient d’être élu dans une grande démocratie issue d’une ancienne société esclavagiste. Est-ce la revanche de Cimendef (le vrai, celui de l’Histoire) ? Oui. Et l’on voit bien que cette nouvelle prend un relief particulier (trop ?) en Afrique, notamment au Kenya pays du père d’Obama. Elle prend également du relief en France où l’on a suivi avec enthousiasme (trop ?) cette élection. Cette victoire symbolique aura à n’en pas douter des répercussions symboliques. Leçon numéro un : les partis politiques français doivent aujourd’hui s’ouvrir d’avantage sur la société. Ne serait-ce que pour dépasser définitivement la notion de race, de couleur, de communauté au bénéfice du seul débat sur les idées. La victoire d’Obama réjouira donc tous ceux qui militent en faveur d’une société post-raciale (et non pas communautariste). Elle ne doit pas nous transformer en apôtres du « rêve américain » pour autant. N’en déplaise, le « rêve américain » s’est fait sur le génocide d’un peuple : les Indiens d’Amérique, parqués dans des réserves. Qui en a parlé pendant la campagne ? Obama les a-t-il visités ? Qui a pensé à sabler le champagne avec eux, hier, ou à les inviter sur les plateaux de télévision ? Pour terminer, au risque d’être trouble-fête, je rappellerai cette évidence. Les civils qui meurent sous les bombes en Afghanistan ou en Irak, ceux qui meurent de faim en Afrique se moquent que les ordres soient donnés par un Noir ou un Blanc. Alors attendons pour voir, comme disait l’aveugle à sa femme qui était sourde.

2. Le jeudi 6 novembre 2008, 18:13 par pas perdus

qui vivra, verra...

3. Le samedi 8 novembre 2008, 07:13 par rachid

Qu’ils fassent l’économie ou la guerre (c’est souvent pour eux la même chose), les Américains le font avec leurs gros sabots. Sans économiser sur les dégâts collatéraux. On va dire, que je fais de l’antiaméricanisme primaire. Mais je n’y peux rien si l’économie américaine me fait de plus en plus penser à Jurassic Park de Steven Spielberg. Une sorte de dinosaure ou brontosaure, ressuscité en laboratoire, qui sème la terreur. Jusqu’à présent le monstre saccageait le terrain des autres. Tiers-monde, pays émergents, cela n’avait pas trop d’importance. Mais maintenant qu’il sévit aux Etats-Unis, ce n’est plus la même chose. On entend des pleurs et des cris, des appels au secours lancés à l’Etat, un comble dans un pays où le mot « Etat » est un gros mot. Tout juste si les curés, les pasteurs, les rabbins n’ont pas été sollicités pour exorciser le monstre. On entend John McCain, républicain pur et dur, s’en prendre à « la corruption et la mauvaise gestion de Wall Street » ; à « la quête sans fin de l’argent facile » ; aux « PDG qui ramassent des milliards de dollars en quittant leur entreprise en faillite » ! Un discours que ne renieraient ni Arlette Laguillier, ni Olivier Besancenot, ni Marie-George Buffet ! Le plus surprenant dans l’histoire, c’est que les socialistes français (disons la plupart) ont choisi précisément cette période pour se convertir au capitalisme. Rappelez-vous Bertrand Delanoë, confessant son attirance pour le libéralisme économique dans son livre prophétiquement intitulé « De l’audace ! ». Voilà qui s’appelle avoir du pif ! Alors que les dirigeants socialistes pourraient avoir aujourd’hui un boulevard, une confirmation éventuelle de leurs théories, les voilà en plein marasme. J’en déduis une chose. Il y a des gens qui penseront toujours à contretemps. Ce sont des boussoles faussées. L’avantage d’une telle boussole, c’est qu’à défaut de savoir où l’on va, on sait au moins où il ne faut pas aller.

4. Le samedi 8 novembre 2008, 10:34 par pas perdus

la crise en a perturbé plus d'un... en remettant leurs certitudes en question