chocolat.jpg Mercredi soir justement, nous avons regardé le huitième finale opposant l'OL à Barcelone. Ce fut un match très beau bien que dénué de tout suspens. Sur le terrain, une seule équipe jouait au ballon. L'OL fut incapable d'aligner 4 passes consécutives, si bien que les 2 buts marqués contre le barça relèvent d'une chance inouïe ! 5-2 est un score carrément flatteur pour l'équipe lyonnaise !

Quelle ne fut donc pas notre surprise d'entendre le président de l'OL au lendemain de cette piquette :

"Quand on a un état d'esprit tourné non pas vers l'élite, mais vers un égalitarisme qui rabaisse le niveau de tout le monde, on a ce qui est arrivé mercredi soir."

Pour Aulas, la défaite de l'OL est imputable à la législation et à la réglementation qui régissent le foot hexagonal !

Aulas est un patron qui mène la lutte dans son secteur d'activité.

Les années de lobbyisme d'Aulas ont payé en 2007 : la droite avec Lamour, ministre des sports, a autorisé la cotation des clubs de foot en bourse. Aulas attendait monts et merveilles de la bourse...

Or, cotée au prix de 20 euros en 2007, l'action de l'OL est tombée depuis à 6 euros. A part Manchester United, déjà richissime, la bourse apporte aux clubs plus d'inconvénients, notamment de l'instabilité, que d'avantages. Le foot est une activité incertaine, aux aléas trop nombreux, aux investissements risqués, qui repose essentiellement sur le facteur humain.

A l'instar de Parisot, la patrone du medef, Aulas n'abandonne pas la lutte dès qu'il obtient satisfaction !

Aujourd'hui, il revendique une fiscalité encore plus favorable aux clubs de foot et aux joueurs, ainsi qu'une redistribution des droits TV favorisant les meilleures équipes de l'élite ! Il critique également les règles trop contraignantes à son goût qui empêchent la construction rapide de complexes sportifs !

Aulas est un franc-tireur néo-libéral. C'est le Sarkozy du football !

Il se moque des bénévoles qui se dévouent en gérant les clubs amateurs et en formant des jeunes, dont certains deviendront des pros... Sa vision du foot se réduit au court terme, car sans les bénévoles et les clubs amateurs, le foot professionnel ferait long feu. Le rapport Besson remis au 1er ministre montre qu'en France la répartition des droits TV est moins égalitaire et solidaire qu'en Allemagne ou en Angleterre (pages 33 à 35). Le foot amateur a besoin d'une partie des gains du foot pro.

Toute son argumentation repose sur le manque de moyens financiers :

"quand un joueur a envie de jouer à Barcelone, il paie 25% d'impôts. Chez nous, c'est 50%. Il va falloir se pencher sur tout cela..."

Rappelons que l'OL est le 12ème club le plus riche d'Europe (155,7 millions d'euros). Sur les 8 clubs qualifiés en quarts de finale de la coupe de la ligue des champions, 2 sont moins riches que le club d'Aulas !

Les joueurs évoluant dans l'élite sont rarement des smicards puisqu'ils gagnent en moyenne 47.700 euros par mois (ici). Karim Benzema gagnerait entre 300.000 et 400.000 euros par mois, soit nettement moins qu'un joueur en fin de carrière comme Thierry Henry (865 000 euros/mois). Franchement, 300 ou 400 patates mensuelles, ce n'est pas si mal pour un joueur de 22 ans incapable de réussir la moindre frappe cadrée, ratant un contrôle sur deux et systématiquement hors jeu mercredi soir...

Certes, l'OL ne peut pas s'offrir Henry mais il pouvait recruter Pirès ou un Cissokho (Porto) qui jouait encore l'année dernière à Gueugnon en Ligue 2... N'en déplaise à Monsieur Aulas, le football, même professionnel, se joue sur un pré vert ! Des clubs moins riches que Lyon ont déjà remporté la ligue des champions, comme Porto ou l'Ajax d'Amsterdam... Pas certain que le peuple tolère des privilèges fiscaux à des millionnaires en culottes courtes et chaussures à crampons ! Il n'y a pas que le foot dans la vie.

Aussi, Monsieur Aulas devrait reconnaitre ses propres responsabilités au lieu de balancer des banalités en forme de stéréotypes :

"un tel écart avec les clubs anglais, espagnols, italiens et allemands, c'est pour des raisons culturelles et structurelles."

Sauf, qu'il n'y a qu'un seul club germain qualifié et aucun italien en quarts de finales... Aulas récite son bréviaire et nous lasse ! La direction de l'OL est exclusivement responsable des mauvais résultats sportifs.

L'OL pratique un football indigent, ultra-défensif, sans aucune prise de risque, sans imagination et sans aucun fond de jeu, que ce soit contre un ténor du football mondial ou une équipe du ventre mou du classement de ligue 1 ! Le catenaccio ne paye plus ! Bétonner n'est pas jouer..

Aulas ferait mieux de s'intéresser au jeu pratiqué par son équipe qu'aux budgets des autres clubs...