google remodèle-t-il nos cerveaux ?

Dans une article intitulé Is Google Making Us Stupid?, Nicholas Carr rend compte de ses observations et ses recherches relatives à internet, à la diffusion de l'information, en particulier au célèbre moteur de recherche.

On vous conseille la lecture de cet article, désormais en VF, dont voici quelques extraits :

"Auparavant, me plonger dans un livre ou dans un long article ne me posait aucun problème. (...) Ce n’est plus que rarement le cas. (...) La lecture profonde, qui était auparavant naturelle, est devenue une lutte."

"Pour moi, comme pour d’autres, le Net est devenu un média universel, le tuyau d’où provient la plupart des informations qui passent par mes yeux et mes oreilles. (..) Mais cette aubaine a un prix. (...) les média ne sont pas uniquement un canal passif d’information. Ils fournissent les bases de la réflexion, mais ils modèlent également le processus de la pensée. Et il semble que le Net érode ma capacité de concentration et de réflexion. Mon esprit attend désormais les informations de la façon dont le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Auparavant, j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais, je fends la surface comme un pilote de jet-ski."

L'auteur estime que le net modifie nos habitudes de lecture, réduit nos capacités de concentration et de réflexion, par conséquent influence notre façon même de penser. Et au final, notre être.

Dans cette révolution, Google collecte, trie, sélectionne, élimine, censure (?) et délivre rapidement des informations :

"Selon la vision de Google, l’information est un produit comme un autre, une ressource utilitaire qui peut être exploitée et traitée avec une efficacité industrielle. Plus le nombre de morceaux d’information auxquels nous pouvons “accéder” est important, plus rapidement nous pouvons en extraire l’essence, et plus nous sommes productifs en tant que penseurs."

Il s'agit donc pour Google de fournir immédiatement les infos, d'inciter l'utilisateur à cliquer de sites en sites, lesquels étudieront ses habitudes de consommation, de distraire l'internaute avec des informations brèves et bien-sûr de la pub... La rapidité du service et le sentiment d'accéder à "toutes" les informations induisent de nouveaux comportements qui marquent la fin de l'inaction et de la réflexion, de tous ces temps morts contraires au modèle productiviste.

Ainsi, le net transformerait presque chaque internaute en OS stakhanovistes, la souris remplaçant la clef du Chaplin des temps modernes...

Pour en savoir plus, on vous conseille le dernier numéro de l'excellente revue Books.