de l'art de dire des conneries (Harry G. Frankfurt)

un léger décalage...

Billet

«L'un des traits les plus caractéristiques de notre culture est l'omniprésence du baratin (...) La plupart des gens ont confiance dans leur aptitude à repérer le baratin et à éviter d'en être dupes. Aussi ce phénomène soulève-t-il fort peu d'inquié­tudes et n'a-t-il guère suscité d'études approfondies.»

artdediredesconneries.jpg

Voilà un ouvrage écrit sans prétention et qui, à n'en pas douter, vous fera découvrir les subtiles différences entre raconter des conneries, baratiner, mentir... Tout ça semble évident, n'est-ce pas ? Et pourtant, nous avons entre les mains un véritable traité scientifique !

«Le domaine de la publicité, celui des relations publiques, et celui de la politique, aujourd'hui étroitement lié aux deux précédents, abondent en conneries si totales et absolues qu'elles constituent de véritables modèles classiques de concept.

L'auteur ne tombe jamais dans l'excès de langage ou la caricature, le ton est toujours égal et docte pour traiter un sujet guère sérieux, si bien que le décalage produit un effet comique...

«Personne ne peut mentir sans être persuadé de connaitre la vérité. Cette condition n'est en rien requise pour raconter des conneries. (...) A l'inverse; le baratineur n'est pas tributaire de telles contraintes :il n'est ni du côté du vrai ni du côté du faux.»

Un petit bouquin qui ne déparerait pas dans l'Anthologie de l'humour noir d'André Breton entre la Modeste proposition de Jonathan Swift et la Grande nouvelle de Jean-Pierre Brisset.

«Le baratin devient inévitable chaque fois que les circonstances amènent un individu à aborder un sujet qu'il ignore. La production de conneries est donc stimulée quand les occasions de s'exprimer sur une question l'emportent sur la connaissance de cette question.»

Une lecture réjouissante.

Commentaires

1. Le lundi 7 juin 2010, 22:33 par Pensez BiBi

Swift avait une idée imparable et géniale pour stopper la misère grandissante chez les enfants de la Classe ouvrière anglaise de son siècle : tous les manger.... :-)

2. Le mardi 8 juin 2010, 08:00 par des pas perdus

Oui, un homme ingénieux !

3. Le mardi 8 juin 2010, 13:48 par albin

J'ai toujours pensé qu'on n'est jamais dupe, jamais manipulé, on veut bien y croire, on veut bien faire semblant, on joue le jeu parce qu'on espère y trouver son comptant et qui sait arroser le dupeur, ce n'est qu'après, quand on n'accepte pas d'avoir perdu que mauvais joueur on dit je me suis fait avoir, il m'a eu...

4. Le mardi 8 juin 2010, 19:31 par des pas perdus

Sans doute albin, on rêve parfois...

5. Le mercredi 9 juin 2010, 07:43 par patrick

baratin si bien qu'on en vient à ne plus allumer son téléviseur ni, plus triste, lire la presse ainsi moi j'ai partout chercher à saumur samedi l'Humanité, pas facile, parce que je savais que le supplément littéraire était consacré à Casanova, bien m'en a pris, deux ou trois articles verbeux, sans intérêt, franchement pas un penny à mettre là dessus.

6. Le mercredi 9 juin 2010, 08:08 par des pas perdus

Oui, j'espère qu'il y avait de belles illustrations pour sauver l'ensemble...

7. Le vendredi 11 juin 2010, 12:05 par alf

à propos de baratin, BP a acheté les mots-clé "marée noire" sur google...
merci pr la présentation de ce livre, voilà une bonne idée lecture...

8. Le vendredi 11 juin 2010, 23:05 par des pas perdus

Merci pour l'info, c'est dingue. Si ça se trouve, ils vont breveter l'expression !