« La morale est toujours le drapeau des croyants. Sans Dieu, prétendent-ils, tous se vautrent dans une monstrueuse orgie de drogues, d'excès, de crime, et le monde court à sa perte. (...) A première vue, ce n'est pas vrai. Il y a eu quantité de sociétés à travers les âges -dont certaines perdurent- sans un Dieu monthéiste, voire sans la moindre trace de Dieu. Ces sociétés n'en sont pas moins morales et disciplinées que les Etats juifs, chrétiens ou musulmans. Et aucune corrélation n'existe entre le ferveur de la foi et la conduite morale dans une société données. De fait, si l'on porte un regard lucide sur la morale , on s'aperçoit que c'est le meilleur argument contre l'idée de Dieu.»
Cousue de fil blanc, sauf que l'auteur plante le décor au sein d'une ville universitaire où réside une importante communauté chrétienne dirigée d'une main de maitre par un (télé) évangéliste qui a de très grands projets immobiliers approuvés par la puissance divine !
« Agir par conviction est louche et tordu, voire subversif et démoniaque. C'est faire partie du complot contre l'Amérique et de la Guerre contre le Christianisme.»
De fil blanc, sauf que dans le contexte de l'Amérique post-11 septembre et de théorie bushienne de guerre de civilisation, en présence d'un coupable parfait emprisonné, enquêter revient quasiment à trahir la société et Dieu lui-même...
« Ces rapports de police pourraient rester enfermés à jamais. Même avec un juge honnête, ils vont essayer de nous la jouer comme ça. Notre procureur n'est pas Jack McCoy. En fac de droit, il pensait que l'UV d'éthique était facultative. En revanche, il était assidu au cours intitulé "Notoriété, médias et gueule d'ange".»
Blanc, sauf qu'au final, le lecteur a sous les yeux un récit très très noir et passionnant, qui trace avec subtilité l'influence de la religion dans la société américaine, et ses dérives manipulatrices et affairistes. L'évangile du billet vert est le parfait complément du précédent roman de Larry Beinhart, le bibliothécaire.