- le désenchantement et le repli sur soi pour Stef d'Une autre vie,
- l'absence de véritables hommes politiques d'envergure pour Iconoclaste de Je n'ai rien à dire ! Et alors ??,
- les retours brutaux post-élections et l'absence de réalisme des politiques pour Sarkofrance.
- l'indifférence au discours dominant ou "les Français sont des veaux" selon Christie d'Alluvions,
- le sentiment diffus que les décisions ne sont plus prises à "Paris" par la majorité qui a été portée au pouvoir par le peuple pour Gabale,
- le mépris du peuple (référendum de 2005) et la pratique du pouvoir par la bande à Sarko d'après Falconhill de la Maison du Faucon,
- la machine à gaz institutionnelle et l'Etat qui se défausse de ses responsabilités si on en croit Nicolas de Partageons mon avis.
Puisque nous partageons ces analyses, grosso merdo, nous pourrions nous arrêter ici... ou choisir un autre angle de réponse : à qui profite la bouderie des Français pour la politique ?
(dessin publié dans le numéro de juin 2010 de l'excellent mensuel La Décroissance)
Elle se traduit par une forte abstention qui tourne régulièrement autour de 50 %. On peut y ajouter 10 % de compatriotes qui de facto ne votent jamais puisque non inscrits sur les listes électorales... Ces chiffres relativisent les résultats électoraux.. non ? Ils montrent que la République est malade.
A qui profite cette bouderie, cette abstention ?
Aux puissants.
Aux privilégiés.
A ceux qui sont encore dans le système.
Il y a quelques années encore, à cette classe "moyenne" de l'Etat providence...
Pas aux exclus.
Pas aux chômeurs.
Pas aux précaires.
Pas aux classes populaires.
Le lien est fort entre abstention électorale et exclusion sociale.
Exclu, rejeté, omnubilé à survivre et à s'en sortir individuellement, il peut être difficile pour un citoyen exclu de porter un regard attentif sur la vie de la cité, de s'investir dans un collectif ou de croire encore en l'alternance politique.
Difficile d'autant plus, quand les uns et les autres, à gauche, à droite, au centre et chez les écolos pratiquent, plus ou moins, la même politique, que les uns vont parfois à la soupe chez les autres, et enfin, ils défendent tous aveuglément une Union européenne néo-libérale.
La politique néo-libérale a ceci de pervers qu'elle exclut économiquement, socialement ET politiquement les gens. Elle provoque le dégout, le désintérêt, l'indifférence des masses. Plus les inégalités se creusent, plus la précarité se généralise, plus l'abstention se renforce... Et, plus, les partis politiques dominants se désintéressent de la situation des chômeurs, des précaires, et des pauvres, tout simplement parce qu'ils ne votent quasiment plus !
Autrement dit, l'abstentionniste qui est souvent un exclu social est un très mauvais client pour les deux grands partis politiques... ! Crise d'une représentation politique qui se reproduit et se professionnalise et clientélisme électoral... [1]
Aussi, la social-démocratie qui domine la gauche française est largement responsable de ce phénomène de bouderie -le mot est faible- des classes populaires. Le PCF et les Verts également en jouant un double jeu d'alliés et d'opposants, ainsi que l'extrême gauche trop divisée pour peser...
En croyant à la concurrence heureuse, au marché qui rend libre et à la mondialisation qui réduit les inégalités, la social-démocratie a occulté les rapports de forces et la lutte des classes, réalités que la droite et le patronat, eux, n'ont pas oubliés ! Une social-démocratie récitant le bréviaire du parfait néo-libéral en déréglementant le secteur bancaire et financier, [2], en créant le bouclier fiscal, ou en approuvant les directives de déréglementation et de privatisation de l'UE...
Cette bouderie risque de durer encore longtemps, à moins qu'à force de provocations et de mesures injustes, les classes populaires ne se réveillent bruyamment...
Pour conclure, nous passons le témoin à gauche de combat, Joel et Rébus.
Notes
[1] Le Monde Diplomatique - L'UNIVERS SOCIAL ET POLITIQUE DE M. DOMINIQUE STRAUSS-KAHN : Flamme bourgeoise, cendre prolétarienne
[2] A lire le dernier numéro de Fakir avec un portrait de de Naouri et une interview de F. Lordon
Commentaires
à mon avis fort humble ici n'étant pas non plus un fervent combattant, la route est toute tracée vers le modèle US ou comme disait Jacques Duclos, "blanc bonnet ou bonnet blanc".
l'exclusion sociale est une gangrène pour la démocratie, un prélude à des systèmes plus forts, policiers, intolérants ( burqua...), on va pas faire de dessin!
Bien d'accord avec toi Patrick, c'est que j'ai essayé de dire ici. Pas d'accord sur ta conclusion ! Je veux un dessin !
ok , je m'y mets ..
Merci d'avoir pensé à moi, l'ami :-)
Comme toujours Joel !
@dpp : promis, je réponds dès que j'ai le temps de faire un sondage autour de moi, parmi les gens qui ne votent pas...
Salut, ça sera intéressant de savoir ce qui les démotive...
Il me semble que le vote de délégation démotive de par son principe. Et ses résultats... courrus.
Une sorte de chèque en blanc...