une bouffonnerie nationale...

un léger décalage...

Billet

Depuis la défaite contre le Mexique, il est difficile d'échapper au feuilleton de l'équipe de France. Qu'un sac à pubs comme l'Equipe, spécialisé dans le sport, consacre l'essentiel de son contenu au foot et à tout ce qui se trame autour des bleus, est normal...

Mais que les autres médias zappent le reste de l'actualité est aberrant.

hopital.sarko.jpg

Hier soir, TF1 y a consacré plus de 20 minutes, France télévision probablement autant, quant aux quotidiens nationaux et régionaux, devinez à quoi ils réservent leurs unes ces derniers jours ?[1]

Les médias en laisse dominants, telle une meute, ont suivi le pouvoir. Pensez donc, ça faisait presque une semaine que la ministre de la santé et des sports squattait l'hôtel des bleus, assistait aux entrainements, prenait des photos, convoquait les joueurs, et se croyait autorisée à donner son avis !

On a rarement atteint un tel degré d'absurdité, un tel renversement des priorités... Les autorités publiques ont considéré que l'équipe de France était un dossier bien plus important et plus urgent à traiter que l'hôpital, le statut des infirmiers et des aides-soignants, la politique sanitaire et sociale ou la sécurité sociale !

Le président de la République, lui-même, serait intervenu comme si l'équipe de France de football était une affaire d'État : c'est du délire !

Le pouvoir exploite au mieux cette affaire en faisant monter la sauce médiatique jusqu'à l'hystérie collective : Rama Yade et ses petites phrases, Roselyne Bachelot en nounou, et Sarkozy qui tire les ficelles depuis l'Elysée !

Pendant ce temps-là, ce non événement occulte complètement les grands sujets du moment, en particulier les retraites, la réforme à la hache des services publics, les inégalités, le plan de rigueur, le karachigate, le scandale des époux Woerth, les privilèges de certains ministres, la manipulation des statistiques du chômage ou la prochaine réforme constitutionnelle...

Ce décalage entre la réalité du pays, occultée par les médias, et ce cirque médiatique assourdissant et omniprésent orchestré par le pouvoir a le mérite de mesurer la nullité des médias dominants... ou plus exactement la manière dont l'information est maltraitée pour manipuler l'opinion publique.

De tout temps, divertir la population pour la détourner de la vie de la cité est la priorité des pouvoirs qui mettent à mal la démocratie et l'intérêt général...

Notes

[1] acrimed : l'overdose

Commentaires

1. Le mercredi 23 juin 2010, 21:04 par Stef

Thibault en parle aujourd'hui de cette pression mise sur les médias par les avocats, et service de communication de l'Elysée.
A lire ici : http://uneautrevie-stef.blogspot.co...

2. Le jeudi 24 juin 2010, 06:07 par patrick

à tel point que c'est devenu une habitude ici de n'allumer plus sa télé.

un footballeur à l'élysée a certainement des doléances moins pertinentes qu'un chômeur en fin de droit, un retraité à quatre cent euros ou un sans-papier.

3. Le jeudi 24 juin 2010, 10:05 par des pas perdus

Son intervention est excellente. Bon rappel Stef.

Patrick : bien d'accord avec toi.

4. Le jeudi 24 juin 2010, 12:04 par gauchedecombat

@dpp : et oui... Quand on n'a pas de solution à la misère, au chômage, aux problèmes de logement... rien de mieux que du pain et des jeux.

C'est efficace, ça évite bien des conflits sociaux : tu crois par exemple que la grève d'aujourd'hui va faire reculer ce gouvernement, quelle que soit son ampleur (et j'emploie ce dernier mot avec suspicion, car il y a un bon paquet d'anesthésiés, en France...) ??

5. Le vendredi 25 juin 2010, 08:28 par des pas perdus

Il faut espérer que la pression ne se relâche pas. Je crois plus en une alternance politique pour les retraites notamment, si le PS n'est pas en position de dicter sa loi à gauche...